Hellfest 2025 : Out Of Bounds – Jour 3 // Clisson, 21/06/2025
- Par Romain D.A.
- Le 08/08/2025
- Dans Live-reports

Nous voilà reparti pour une nouvelle journée au Hellfest 2025 avec une programmation chargée. Aujourd’hui c’est la journée Prog sous l’Altar et on y retrouve plusieurs noms bien connu de cette scène tel qu’URNE, VOLA ou encore LEPROUS.
Journée 100% Black Metal sous la Temple avec notamment notre révélation du jour avec AGRICULTURE, le nouveau phénomène Russe GRIMA ou encore le patron, ABBATH et son set « Doom Occulta ». On va rester très Hard Rock/Heavy en Mainstage, avec des groupes comme SAVATAGE, le duo de guitaristes Joe Satriani et Steve Vai dans leur band commun, le SATCHVAI BAND. Sans oublier les patrons du Heavy JUDAS PRIEST et ceux du Hard Rock avec les légendaires SCORPIONS. Sans oublier la bagarre qui fait rage à la Warzone avec le phénomène TURNSTILE en tête d’affiche, et l’ambiance planante en Valley, notamment avec notre autre découverte du jour : HAVE A NICE LIFE.
Une journée qui commence tranquillement avec du Heavy/Speed à la Française avec ADX. Bien dommage de les voir ouvrir à 10h30 alors qu’ils méritent, de part leur ancienneté, d’être plus haut sur l’affiche, car ne l’oublions pas, ils font parti des premiers groupes de metal français. Mais le groupe à tout donner durant les 30 minutes qui leur ont été attribués. Il est de même pour VESTIGE et même s’ils sont bien plus jeunes, ils méritent tout autant quand on voit le succès de ce groupe qui a enchanté l’Altar. Slot suivant sous la Temple, on retrouve LUNAR TOMBFIELDS, groupe local qui évoluent chez les Acteurs de l’Ombre. Leur performance matinale sur la scène Temple était une plongée dans une atmosphère à la fois éthérée et intime, malgré la foule. Ce contraste entre la profondeur mélancolique de LUNAR TOMBFIELDS et l’ambiance survoltée du Hellfest crée une expérience musicale unique.
En mainstage on retrouve MAJESTICA, groupe de Tommy Johansson, ex-guitariste de SABATON, qui s’inscrit dans la tradition d’un power metal flamboyant, truffé de refrains fédérateurs et de passages instrumentaux vertigineux. L’énergie pure, les riffs rapides et les musiciens avaient le sourire aux lèvres. Tommy, charismatique et très à l’aise, a rapidement brisé la barrière entre la scène et le public, incitant la foule à chanter les refrains fédérateurs. Une prestation courte mais marquante, idéale pour lancer la journée sur la Mainstage. L’autre groupe attendu pour les ouvertures de la journée c’était bien AUDREY HORNE. Avec eux, pas de réveil en douceur car dès les premières secondes, le groupe a propulsé une énergie massive avec un son à la croisée entre du IRON MAIDEN et du VAN HALEN. La prestation était généreuse et sincère, et finit de réveiller les plus endormis. Un set parfaitement calibré, à la fois festif et puissant, où chaque solo de guitare et chaque chant de chœurs résonnaient avec passion dans les éclats du matin. Leur rock accessible et racé a su fédérer un public encore en train de se réveiller, mais déjà conquis.
En Valley, on retrouve le trio Bordelais MARS RED SKY qui diffuse leur rock psychédélique rafraichissant. La basse vibre comme un écho dans la poitrine, la guitare flotte dans l’air comme une brume chaude, et la voix de Julien Pras s’élève, douce mais envoûtante. C’est du stoner psychédélique, mais pas poussiéreux : ça avance, ça respire, ça transporte. Là, la Valley devient une mer de têtes qui hochent en rythme, happées par cette dernière montée de fuzz et de réverbération. MARS RED SKY a offert une prestation hors du temps, comme s’il s’était arrêté.
Vinyluxxe : J’avais entendu ce nom, URNE, sur plusieurs forums de passionnés de metal, qui parlaient avec conviction d’un groupe qui avait une prestance et une qualité de compositions incroyables. (Lire la suite)
La journée Black Metal se poursuit à la Temple avec TRYGLAV, le projet solo du multi-instrumentiste Croate Boris Behara qui nous a plongé, lentement mais surement, en immersion intense. Sur scène, TRYGLAV n’a pas cherché à dominer par des pyrotechnies ou un show tape-à-l’œil. L’approche était plus subtile, presque cérémoniale : un voyage dans les ténèbres mélodiques, porté par une atmosphère qui alliait majesté et profondeur. Le spectateur était convié à une expérience immersive, à mi-chemin entre lamentation funeste et hymne mystique.
AGRICULTURE – Temple – 15h10
Première belle découverte cet après-midi avec AGRICULTURE. Quatuor originaire de L.A., ils s’inscrivent dans la veine du Shoegaze et de l’avant-garde RABM (Red and Anarchist Black Metal), un courant engagé politiquement, fermement opposé aux idéologies NSBM (National Socialist Black Metal). Entre l’obscurité intense du Black Metal et les harmonies à la fois lumineuses et aériennes du Blackgaze, le combo a su transcendé la noirceur du genre pour créer une extase émotionnelle, où la beauté jaillit du chaos sonore. Sans être froid ou distant, la musique du groupe est puissante et sincère, et il y a un fort engagement dans la façon qu’ils ont de jouer. Les guitares tracent des vagues lumineuses, tandis que la batterie alterne entre rafales blastées et grooves plus respirants.
Ce qui frappe, c’est que malgré l’extrême intensité sonore, il n’y a rien de nihiliste ou glacé dans leur attitude. Cette approche est rare dans le black metal, et c’est précisément ce qui donne à leur prestation une identité forte. Les musiciens se tournent régulièrement vers le public, cherchant la connexion. Les passages instrumentaux prolongés créent une sensation de transe, presque méditative. AGRICULTURE, c’est un groupe simple dans son esthétique, mais magnétique dans sa présence. Musicalement, un mélange de blast beats frénétiques, de guitares cristallines et de montées harmoniques planantes. Un son qui veut nous faire ressentir à la fois la puissance du black metal et la chaleur d’une musique qui veut rassembler plutôt que repousser.
Vinyluxxe : Le Doom britannique a toujours suscité un grand intérêt pour moi, de par son histoire grandiose truffée de groupes exceptionnels, et évidemment par sa musique écrasante et incisive. La formation CONAN fait clairement partie de cette catégorie-là… (Lire la suite)
Autre découverte Black du jour : SPECTRAL WOUND. Le combo originaire de Montréal au Québec a réalisé une prestation aussi brute qu’hypnotique. Leur musique puise dans une tradition noire profondément mélancolique, évoquant des thématiques de nature, mort, occultisme, et refusant tout emballement mystique pour une approche plus profane, viscérale et tranchante. Corpse paint, Perfecto, le groupe est résolument old-school, à la fois rigoureux, mélodique et corrosif. Les musiciens ont offert un set dépouillé, sans artifices, laissant toute la place à une exécution millimétrée, aux riffs tranchants et à la concentration intense.
Plus soft et plus léger en mainstage avec BEYOND THE BLACK. Leur musique, à la fois puissante et accessible, repose sur une combinaison de mélodies épiques, de voix variée, menée par Jennifer Haben, et d’une esthétique sobre mais efficace. Leur présence transportait une solennité rock, portée par des orchestrations efficaces, sans tomber dans l’excès symphonique. La sobriété mise en avant par les critiques du groupe s’est confirmée sur scène.
GRIMA – Temple – 18h40
On retrouve l’un des groupes les plus attendus de la journée, les Sibériens de GRIMA pour un moment suspendu entre neige artificielle et riffs glaciaux. Le projet mené par les frères jumeaux Morbium et Vilhelm Sysoev (Max et Gleb dans la vie civile) nous a plongé dans un univers sonore qui puise son inspiration dans les paysages glacés de leur terre natale, mêlant imagerie païenne à une esthétique visuelle marquante avec des masques de bois sculpté, racines entrelacées dans des atmosphères forestières lourdes de mystère. La scène Temple, déjà plongée dans la pénombre malgré l’heure, se transforme en clairière hantée grâce à un backdrop représentant une forêt hivernale, des lumières blanches froides, et un effet de neige artificielle qui, malgré les 40 °C extérieurs, donne réellement l’impression d’un souffle glacé dans l’air.
GRIMA joue un black metal atmosphérique qui prend son temps entre Riffs lents et enveloppants qui tournent en boucle, créant une sensation de transe, claviers discrets mais omniprésents, donnant l’impression que le vent souffle en permanence, et batterie qui alterne passages hypnotiques et rafales de blasts, sans tomber dans la brutalité constante. La fausse neige se mettra à tomber pendant le titre Enisey, un titre parlant puisqu’il évoque le plus long fleuve de Sibérie pour un voyage sonore à travers les eaux glacées, probablement le moment le plus émouvant, avec ce riff clair, presque folklorique.
GRIMA a littéralement imposer son univers, sans interaction verbale excessive, avec un visuel et un son parfaitement alignés avec leur discographie. Ils ont eu cette capacité rare de faire oublier le lieu et le moment, pour transporter le public dans la taïga avec des ambiances glaciales, immersives et contemplatives, une pause introspective au cœur du festival.
SAVATAGE – Mainstage 2 – 19h35
Après une absence scénique de plus de 20 ans, SAVATAGE a fait son retour en Europe en 2025, incluant plusieurs dates estivales majeures comme le Hellfest, Graspop, et d'autres festivals prestigieux. Et ce qui a marqué pendant leur set, c’est cette immense ferveur du public et des fans de longue date qui attendait ce retour avec impatience. Le public explose au premier accord de The Ocean (enchaîné avec un extrait de City Beneath the Surface), un clin d’œil à leurs débuts et à leur lien avec les fans de la première heure. Ce qui marque principalement c’est cette précision technique incroyable pour un retour live après si longtemps. Le groupe n’a absolument rien perdu de sa puissance. Ce concert au Hellfest n’était pas seulement une date dans une tournée, mais une célébration.
Vinyluxxe sur SATCHVAI BAND : Quand on pense au Hard Rock de manière générale, nous avons souvent cette image, installée dans l’imaginaire collectif, du "guitar hero" faisant de longs solos inspirés et faisant tourner les têtes. (Lire la suite)
DEAFHEAVEN – Temple – 20h40
Le jour commence à décliner, parfait timing pour le set de DEAFHEAVEN. Dès les premiers morceaux on sent s’installer une atmosphère viscérale et crépusculaire. Leur album Lonely People With Power, sorti en mars 2025, marque le retour de DEAFHEAVEN à des racines black metal plus affûtées après un virage shoegaze. Les guitares s’étiraient dans des harmonies dissonantes et la voix du frontman George Clarke, silhouette noire au micro, est toujours aussi tranchante comme un éclat de glace. La voix se faisait tantôt déchirure, tantôt murmure, et derrière, la batterie roulait comme une mer en furie. Clarke arpentait la scène comme un prêcheur possédé, tendant les bras vers la foule, tandis que les guitares, en arrière-plan, tissaient un mur sonore vibrant.
Ce n’était plus vraiment un concert : c’était une immersion totale, où l’on ne savait plus si cinq ou quinze minutes avaient passé. La Temple venait de vivre un moment suspendu, un de ceux dont on reparle des années après, non pas pour la violence du pit, mais pour l’intensité de la transe collective.
HAVE A NICE LIFE – Valley – 21h45
Notre deuxième belle découverte de cette journée, c’est évidemment HAVE A NICE LIFE. Il s’agissait de leur premier concert en France, malgré une carrière s’étendant sur près de 25 ans. L’ambiance dans la Valley en fin de soirée était à la fois hypnotique et intérieure, une parenthèse introspective dans l’énergie habituellement électrique du Hellfest, une atmosphère qui faisait contraste avec l’énergie brûlante du reste du festival. Le concert n’était pas seulement un moment musical, mais une expérience physique. Les basses martelaient la poitrine, les guitares s’étiraient comme des halos de lumière noire, et les voix, perdues dans l’écho, donnaient l’impression de flotter dans un vide cosmique. Dans ce chaos organisé, HAVE A NICE LIFE proposait une forme de méditation sombre, un voyage intérieur où chacun était invité à se confronter à ses propres fantômes.
Vinyluxxe : Quand on veut finir sa journée de la meilleure des manières, qui de mieux que les patrons JUDAS PRIEST pour rassembler les foules adeptes de Heavy Metal. Rob Halford du haut de ses soixante-treize ans, accompagné de sa fidèle bande immortelle, va une fois de plus donner une prestation hors normes !
SCORPIONS – Mainstage 1 – 23h10
C’était le grand retour de SCORPIONS sur les terres Clissonnaises après un concert incroyable en 2022. Les Allemands ont remis le couvert cette année avec une énergie intacte après 60 ans. L’atmosphère était presque sacrée à leur arrivée, une ovation qui résonnait comme un rite entre fans et maîtres du genre. (Lire la suite)
DREAM THEATER – Mainstage 2 – 00h45
On termine avec DREAM THEATER pour le final de cette soirée. Une performance tardive pour un groupe qui perdure, et une belle respiration progressive dans l'immense programmation du festival. Le groupe était en pleine tournée 40th Anniversary Tour, et cela s’est ressenti dans une setlist riche et parfaitement calibrée, mêlant nouveautés et classiques. Sur scène, le groupe a imposé une atmosphère dense, théâtrale. Les projections visuelles et lumières tamisées mettaient en lumière chaque solo, chaque modulation dramatique. L’énergie était palpable, chaque morceau se déployant comme un acte dans une pièce monumentale.
Le groupe de James LaBrie a prouvé une fois de plus qu’ils maîtrisent l’art du concert progressif : trois quarts d’heure de textures musicales complexes, sans jamais sombrer dans la démonstration vaine. À 40 ans de carrière, leur performance était toujours précise, émotionnellement chargée et incroyablement cohérente avec leur réputation. Le public, réveillé en douceur par l’épaisseur sonore et la performance, a vécu une expérience hypnotique. DREAM THEATER au Hellfest 2025, c’était un moment suspendu entre la nuit et les rêves : une plongée dans leurs 40 ans de carrière, un voyage progressif en pleine clarté nocturne, et une expérience à la fois cérébrale et viscérale pour les festivaliers.
On vous laisse avec les photos de FREAK KITCHEN, VOLA, ABBATH et LEPROUS.
Crédits photos :
Yordan Krushkov (What The Hell)
Stephan Birlouez (Among The Living)
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