BOMBER : Interview du chanteur/guitariste Jürgen Wattiez
- Par Joël Tarrius
- Le 20/01/2025
- Dans Interviews
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Bonjour à tous, nous sommes aujourd’hui avec Jürgen Wattiez, chanteur et guitariste du groupe BOMBER originaire de Lille. Dans cette interview, Jürgen nous parle du projet de sa création jusqu’à la sortie de leur nouvel album Cages And Windows disponible depuis le 10 janvier 2025.
WTH : Bonjour Jürgen, pourrais-tu nous faire un topo sur la genèse du groupe et sa composition?
Jürgen : Bonjour ! Le groupe s'est formé fin 2013 avec Vianney D'Alessandro, guitariste soliste, Romain Ircio, batteur, Hugo Belval, basse et moi-même (chanteur / guitariste rythmique). L'idée est venue de Vianney et moi, parce que nous aimions globalement les mêmes groupes et le thrash metal. Nous étions tous amis avant de fonder BOMBER, donc tout s'est fait très naturellement ! Après dix années passées avec nous, Hugo a décidé de quitter le groupe pour se concentrer sur d'autres choses, et c'est Léo Vuylsteker, un autre ami de longue date, qui l'a remplacé !
WTH : L’écoute de l’album fait furieusement penser que le nom du groupe est un hommage à MOTÖRHEAD…
Jürgen : Et ça sonnait mieux que Another Perfect Day ! Plus sérieusement, MOTÖRHEAD a toujours été l'une de nos inspirations, ça s'entend énormément sur notre album précédent (Sommation, 2018) mais aussi sur celui-ci, je pense notamment à un morceau comme Song Of Deborah. BOMBER, c'était simple et efficace, facile à retenir, et nous voulions sans que ça soit forcément conscient un nom qui colle à notre musique, en plus de l'hommage !
WTH : La production de l’album est vraiment très propre, peux-tu nous raconter sa création et sa réalisation ?
Jürgen : Nous voulions absolument avoir un son qui rende justice aux morceaux. L'album dure plus d'une heure, il y a douze chansons dessus, si le son n'est pas au minimum bon, personne ne va s'infliger ça ! Nous l'avons enregistré au Studio C&P avec Fred Pecqueur, qui s'est occupé de tout : enregistrement, mix, production, mastering. Après le Covid, il a fallu trouver un nouvel endroit pour répéter, et nous avons découvert son studio, alors c'était idéal d'enregistrer là où nous avions déjà l'habitude de bosser. L'enregistrement en lui-même a pris des plombes, parce que nous avons dû tout faire individuellement, partie par partie, selon nos disponibilités et celles de Fred. J'en profite pour préciser que ce sont bien les parties de basse de Hugo que vous entendez, car il était encore dans le groupe quand nous avons commencé... c'est dire le temps que ça a pris ! Le reste était beaucoup plus rapide, nous savions où nous allions et Fred a fait un super taf. Tous les effets que vous entendez sur l'album viennent aussi de lui, en suivant nos demandes.
WTH : Trouvez-vous à Lille des scènes pour vous produire, et envisagez-vous une tournée nationale pour promouvoir l’album et le groupe ?
Jürgen : Quand nous avons commencé à jouer, il y avait à Lille énormément de salles qui, pour l'extrême majorité, ont fermé depuis. On pourrait accuser le covid mais en vérité les fermetures avaient commencé bien avant la pandémie, pour des raisons plus que discutables ! Le covid n'a été que le dernier clou sur le cercueil des bars-concert lillois. Aujourd'hui, tout s'est un peu stabilisé, mais nous sommes loin du nombre de salles qui accueillaient les groupes avant, même s’il serait malhonnête de dire qu'il est impossible de jouer ici. Cette situation aura au moins eu le mérite de nous inspirer le morceau Organ Grinders ! Quant à la tournée nationale, nous sommes en train de préparer ça pour 2025, en France, mais aussi à l'étranger, notamment chez nos voisins belges.
WTH : Comment se déroule l’écriture des morceaux au sein du groupe ?
Jürgen : Très simplement : tu as un morceau, tu le proposes, s’il passe le test, on le bosse ensemble, et si quelqu'un à une idée ou une proposition, on essaye puis on décide de la meilleure proposition ! Le plus long, c'est de trouver les parties de batterie, car que ce soit moi ou Vianney, nous avons déjà une idée de ce que nous voudrions en proposant un morceau, mais on essaye le moins possible d'influencer Romain. Par exemple, sur The Penitent, j'avais une tout autre idée sur le couplet, mais il s'avère que la sienne est bien meilleure ! Sur le même morceau, Vianney a modifié deux notes dans l'intro, et là aussi ça sonnait mieux. Même si nous ne composons pas à proprement parler ensemble, tout le monde reste suffisamment ouvert pour que le résultat final soit le plus percutant possible. La plupart du temps, il s'agit surtout de dégraisser le morceau.
WTH : Vous avez pris le parti de n’utiliser que ponctuellement le growling sur l’album et plus axer sur un chant « clair », est-ce un vrai choix artistique ?
Jürgen : Oui, tout simplement parce que les chanteurs qui m'ont influencé chantent comme ça ! J'utilise le growl si c'est nécessaire et que ça correspond au sentiment que j'essaye de transmettre. Je pense que ça me limiterait beaucoup de n'utiliser que ça, mais à contrario, si c'est bien employé, pourquoi se priver ? Un mec comme Chuck Billy de TESTAMENT utilise les deux, et ça déglingue ! Le chant clair me permet aussi d'ajouter de la mélodie, parce que chanter clair pour gueuler la même note pendant cinq minutes ne m'intéresse pas non plus. Je ne suis clairement pas Rob Halford, mais j'essaye au moins de doser !

WTH : L’album est à contre-courant des productions actuelles et semble plus tourné artistiquement vers les années 90/2000, années fastes s’il en est, peut-on dire que cet album est une ode à une musique plus viscérale, coup de poing ?
Jürgen : À contre-courant, sans doute, même dans le microcosme du thrash, mais je n'irai pas jusqu'à dire que c'est une ode. Il se trouve que nos influences nous amènent à composer ces morceaux et le résultat final est en quelque sorte accidentel ! Nous ne sommes clairement pas le groupe le plus bourrin que vous entendrez, mais notre but est que chaque riff soit impactant à sa manière, et que les morceaux soient reconnaissables. Le thrash est injustement perçu aujourd’hui comme une musique bas-du-front, efficace au mieux mais dénué de toute forme de sensibilité. Si une musique plus viscérale est l'opposé de ça, alors nous pouvons effectivement dire que notre musique est viscérale.
WTH : En lien avec la question précédente (si vous développez le thème avant la question ne sera pas publiée) quelles sont vos principales influences musicales ?
Jürgen : En essayant d'être le plus concis possible, il y a bien sûr les gros noms du thrash des années 80/90 (METALLICA, SLAYER, EXODUS, SEPULTURA), des groupes de punk hardcore comme AGNOSTIC FRONT, MINOR THREAT ou CRO-MAGS, le hard rock et le heavy metal des années 70/80 (MOTÖRHEAD, BLACK SABBATH, VENOM, MERCYFUL FATE, JUDAS PRIEST). Tu ajoutes une pincée de sludge (CROWBAR) et de grind (NAPALM DEATH) et tu obtiens à peu près BOMBER. Mais nous pourrions encore donner des tonnes d'autres groupes qui n'entrent dans aucune des catégories que je viens de citer !
WTH : Les variations constantes de tempo sont marquantes sur l’album, démontrant une vraie maîtrise technique, est-ce la marque de fabrique de BOMBER ?
Jürgen : C'est sans doute ce qui nous caractérise oui. Si tu regardes parmi les groupes qui nous influencent, la plupart font déjà ça, même à une moindre échelle. C'est la même chose que pour le chant : nous avons, en tant que musiciens et compositeurs, une grande liberté, alors pourquoi nous priver ? Ça nous permet d'avoir un plus gros panel d'émotions tout en mettant en évidence toutes les parties, en les rendant plus intenses pour l'auditeur, qu'elles soient rapides, lourdes, mélodiques... Nous essayons de varier tout en gardant une ligne directrice, car encore une fois, il faut savoir doser, le but n'est pas non plus de partir dans tous les sens et de jouer au jeu des références ! Mais je pense que nous avons réussi avec cet album à trouver un équilibre et nous sommes fiers du résultat !
WTH : Pour finir, quels sont vos projets à court, moyen et long terme ?
Jürgen : Promouvoir l'album autant que possible pour qu'un maximum de personnes puissent se faire un avis sur notre musique, et jouer autant de concerts que nous le pourrons, partout en France et à l'étranger, parce que même si c'est cliché de le dire, entendre les morceaux sur scène leur donne une autre dimension ! Voilà pour notre court terme et ce qui est prioritaire. Pour le reste, nous verrons en temps voulu, mais nous ne nous inquiétons pas pour le long terme !
Bomber - Cages And Windows
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