WIND ROSE + ORDEN OGAN + ANGUS MCSIX // Le Bataclan, Paris – 16/11/2025
- Par Romain D.A.
- Le 18/11/2025
- Dans Live-reports

Munis de pioches et de haches (en baudruche), une foule de metalleux est venue applaudir l’un des phénomènes folk du moment : la formation italienne WIND ROSE, dont l’imagerie tourne autour du mythe des nains, pompeusement appelée "Dwarf Metal", bien que musicalement il s’agisse de Folk/Power Metal. C’est dans un Bataclan archi-complet que s’est tenue l’étape parisienne en ce 16 novembre, avec ORDEN OGAN et ANGUS MCSIX en première partie. Préparez vos haches Durandil, on replonge quelques instants dans ce concert mémorable.
ANGUS MCSIX
C’est donc ANGUS MCSIX qui ouvre le bal avec son Power Metal épique. Après le départ de Thomas Winkler, alias Angus McSix, le groupe a conservé son nom malgré tout, et c’est Samuel Nyman (MANIMAL), alias Adam McSix, qui a repris Sixcalibur. L’intro sur le thème de Musclor débute, et on voit le batteur Ork Zero arriver sur scène en déposant Sixcalibur sur son piédestal, tandis que le reste du groupe débarque à son tour. La guitariste Jasmin Babst, alias The Dwarf, incarne une sorte de forgeronne issue du peuple nain ; derrière le masque d’Arch Demon Seebulon se cache Sebastian Levermann d’ORDEN OGAN, et on retrouve un Adam McSix tout en armure, prêt à partir à la recherche de son frère Angus. On croirait que les membres du groupe débarquent tout droit d’un MMORPG.
La setlist est courte mais intense, avec notamment le dernier single 6666, Master of the Universe, puis Sixcalibur où Adam brandit cette fameuse épée tout en chantant. Le moment le plus humoristique du show intervient lors de Laser-Shooting Dinosaur, où l’on voit un figurant déguisé en dinosaure. Les refrains sont taillés pour le live, les solos déroulent sans accrocs et l’autodérision assumée du groupe fait mouche. Le Bataclan n’est pas encore plein mais déjà entièrement conquis, ou du moins trop occupé à lever le poing pour réfléchir. Une ouverture parfaite pour lancer la machine.
ORDEN OGAN
Après ce premier jet de dés dans la table des rencontres, le deuxième nous amène vers le passage d’ORDEN OGAN. L’atmosphère change du tout au tout pour une ambiance un peu plus sombre, avec une scénographie plus dépouillée. Un personnage portant un masque à gaz et un chapeau présente le groupe, qui arrive ensuite sur l’intro solennelle de F.E.V.E.R., jouant la carte du sérieux sans perdre en efficacité. Le personnage masqué revient quelques secondes pour jouer quelques notes de cornemuse. Le chanteur Seeb Levermann, tel un chef d’orchestre, mène la charge avec précision.
Le public réagit bien et improvise un joyeux circle pit pendant Conquest. Certaines orchestrations apportent des ambiances industrielles voire futuristes, notamment sur Heart of the Android. Gunman transforme la fosse en un océan de bras levés, tandis que Let The Fire Rain fait résonner le Bataclan comme un chœur géant alors que des jets d’étincelles jaillissent sur la scène. À la fin du set, Seeb nous donne une petite leçon de chant en chœur pour l’accompagner sur le dernier titre de la soirée pour ORDEN OGAN, The Things We Believe In. Prestation solide, carrée et parfaitement calibrée pour galvaniser la salle.
WIND ROSE
Vint enfin le moment tant attendu : l’arrivée des nains de WIND ROSE sur les planches du Bataclan, avec une scénographie d’inspiration "tolkienienne", si bien que la Terre du Milieu ne semble pas si loin. La batterie repose à côté d’une sorte de tête cornue dont les yeux s’allument, puis les membres du groupe arrivent, conquérants et prêts à en découdre. Les premiers riffs de Dance of the Axes sonnent comme un coup de tonnerre et la ferveur s’empare aussitôt du pit, brandissant frénétiquement les haches et les pioches. On assiste à une véritable liesse alors que le chanteur Francesco Cavalieri, armure rutilante et barbe plus disciplinée que jamais, harangue la foule tel un capitaine.
Côté setlist, l’album Trollslayer est bien entendu mis en avant, avec notamment The Great Feast Underground ou encore To Be a Dwarf. Sur Mine, Mine, Mine!, un joyeux circle pit s’orchestre dans la fosse. Sur le final de ce morceau, c’est un maelström de sauts, de pogos bon enfant et de chants tonitruants. La ferveur s’accentue alors que WIND ROSE joue ses morceaux culte comme Gates of Ekrund et To Erebor.
Mais le show prend une autre dimension lors du moment préféré du concert pour le frontman : l’hommage à Ozzy Osbourne, disparu cet été. Le chanteur sort les mêmes lunettes que lui pour la reprise de Shot In The Dark. Puis WIND ROSE revient sur ses propres compositions avec Together We Rise ; on comprend que le moment le plus attendu du set arrive à grands pas. Ça ne manque pas, et c’est alors que le concert atteint son apogée avec le morceau le plus attendu de tous : Diggy Diggy Hole, la fameuse reprise de THE YOGSCAST. L’intro de la chanson provoque un véritable séisme dans le pit, et les refrains sont repris en chœur par l’assistance, à tel point qu’elle finit a cappella après la fin du morceau. Après moult remerciements, WIND ROSE conclut la soirée sur Rock and Stone.
Ce soir, les trois formations ont fait voyager le Bataclan sans changer de place, entre les néons colorés de l’héroïc-fantasy avec ANGUS MCSIX, les machines et les paysages figés d’ORDEN OGAN et les mines résonnantes et chaleureuses de WIND ROSE. Un triple plateau rare, parfaitement équilibré, où humour, puissance et sens du spectacle se sont mêlés sans jamais se marcher sur les pieds. Un grand merci à Tangui d’À Jeter Prom et à Garmonbozia de nous avoir permis de couvrir cette soirée.
Photos : Solen Gueho
Wind Rose Orden Ogan Angus McSix