Rencontre avec Shawter de DAGOBA

WTH : Il s’est passé beaucoup de choses cette année pour Dagoba, déjà la signature chez Napalm Records, l’arrivée de Kawa et de Théo, la campagne kickstarter pour financer le clip de The Hunt qui est sorti cet été, et l’annonce du nouvel album. Comment as-tu vécu cette année 2021 ?

Shawter : C’était assez éprouvant. Il a fallu proposer des choses étant donné qu’on ne savait pas trop quand les tournées allaient reprendre. On avait un album totalement produit et il nous restait plus qu’à trouver un label pour pouvoir le sortir. On est d’ailleurs très content de cette signature chez Napalm qui n’a plus ses preuves à faire dans le milieu du metal. La campagne Kickstarter nous a permis de nous reconnecter avec nos fans qu’on n’avait pas pu voir depuis plus d’un an à cause de la pandémie et ça c’était vraiment un super moment, et au final beaucoup de travail avec tout ça, faire des clips, donc on finit l’année avec de la bonne fatigue dans les pattes.

WTH : Comment cette opportunité de signer chez Napalm Records s’est-elle offerte à vous ?

Shawter : On avait fini notre contrat chez Sony avec Black Nova donc on a proposé le nouvel album à tous les labels du monde puisqu’on a voulu s’orienter vers des labels spécialisés dans le metal, on a eu beaucoup de réponses positives et Napalm se sont montrés les plus enthousiastes avec un plan de développement le plus clair et en adéquation avec ce qu’on avait en tête pour la sortie de l’album By Night donc ça s’est fait dans ce sens-là.

WTH : Il a donc eu l’arrivée de Kawa et Théo. Comment se sont passées leurs intégrations ?

Shawter : Pour Théo, ça a été très simple car il a été sur scène avec nous, c’est lui qui a fini la tournée Black Nova donc on se connaissait déjà depuis longtemps. Et pour Kawa ça s’est fait aussi très naturellement puisque c’était notre tourneur depuis des années donc il était déjà sur scène, dans les tours-bus, les avions, les hôtels avec nous depuis très longtemps, on connaissait son sérieux et sa façon de voir les choses et en plus de ça c’est un bassiste de niveau exceptionnel. Donc ça s’est fait naturellement et dans la bonne humeur.

WTH : On peut donc voir que DAGOBA est plus soudé que jamais et on peut le voir dans le dernier clip The Last Crossing. C’est d’ailleurs ce que vous avez voulu mettre en avant.

Shawter : Exactement ! Sur le premier single The Hunt, on a proposé un clip qui était plutôt centré sur les personnages, les décors, l’histoire et les effets spéciaux, mais c’était important quand même et par souci de clarté avec notre public de présenter de la plus belle manière que ce soit le line-up et de mettre un focus sur notamment les nouveaux arrivants et c’est ce qu’on a fait sur The Last Crossing.

WTH : Et donc il y a eu cette fameuse campagne de crowdfunding pour financer ce clip d’envergure, The Hunt. Une campagne qui a été un gros succès. J’imagine qu’elle a été la solution de secours pour pallier les annulations de concerts dues à la pandémie ?

Shawter : Oui en partie. Mais ça fait plus partie d’un projet global où on a pour idée, d’une part d’élever la qualité de nos productions vidéo qui nécessite un budget plus conséquent qu’auparavant, et d’autre part de pouvoir en proposer beaucoup plus que sur nos précédents albums. Effectivement, le budget global de toutes ces productions a été important et pour participer à ce budget intenable pour le groupe qui n’a pas d’entrée à cause de la pandémie, on a demandé de l’aide à notre fanbase et même au-delà puisqu’il y a beaucoup de gens qui ont découvert le groupe grâce au joyeux bordel qu’a foutu cette campagne Kickstarter qui a fait qu’on était super présent sur les réseaux sociaux. Donc ça a été possible et on remercie chaleureusement encore aujourd’hui tous les participants.

DAGOBA - The Hunt (Official Video) | Napalm Records

WTH : Le clip de The Hunt est une véritable claque visuelle. Comment s’est passé le tournage ?

Shawter : Alors ça s’est passé en deux temps, on a filmé les images du groupe à Paris, et le tournage avec les acteurs, la postproduction, etc, se sont fait à Manchester puisqu’avec la pandémie on n’a pas pu se déplacer en Angleterre.

WTH : On va parler du nouvel album By Night. Peux-tu nous raconter comment s’est passé sa composition ?

Shawter : Comme d’habitude, on a commencé à composer pendant la tournée Black Nova, on avait déjà des idées de riffs… En fait le point de départ de chaque composition d’album c’était toujours le même, on ne veut pas se répéter mais se renouveler. Ça ne nous a pas donné plus d’indices sur qu’on voulait faire mais au moins on savait ce qu’on ne voulait plus faire, c’est-à-dire, tout ce qu’on a proposé sur nos précédents albums. Ensuite, on a commencé à mettre à plat les premiers riffs et pour ne rien te cacher, la première compo qui a été faite c’est justement The Last Crossing et quand est venu le moment de mettre les arrangements, là où on avait le choix de mettre des violons, du piano, des harmonies voix, je me suis dit pourquoi ne pas creuser du côté des synthétiseurs et en fait avec ces quelques notes de synthés sur le refrain, tout le groupe on s’est dit c’est exactement ça qu’on veut proposer, c’est la fraicheur qu’on veut amener à DAGOBA et même si c’est risqué puisqu’on a jamais poussé le côté gimmick électro sur nos chansons aussi loin, on savait que ça allait être l’orientation pour le reste de l’album et on s’est engouffré dans cette voie et on l’a assumé jusqu’à la dernière note de la composition de cet album.

WTH : Donc ça a été une prise de risque d’incorporer plus d’électro que d’habitude ?

Shawter : Depuis toujours, depuis notre premier album il y a des touches électro et cette impression qu’il y a plus d’électro vient du fait que les compos sur plus aérées et donc elles laissent plus de places pour les arrangements électro de se développer. C’est du fait de l’aération dans les riffs, dans les syncopes. Aussi, je te l’accorde, ça vient aussi du fait qu’il y ait une intro, un interlude et une outro qui soient 100% électro et ça donne une légitimité, un ton à l’ensemble, mais sinon le ratio d’électro au sein des titres n’est pas vraiment beaucoup supérieur à ce qu’on a proposé avant, et dans Black Nova notamment.

WTH : Quelles ont été tes inspirations pour écrire les paroles des chansons de By Night ?

Shawter : Bien qu’il n’y ait pas de charte, on se rend compte qu’on respecte un ratio de 80% de textes qui parlent d’amour et 20% qui parlent de la vie avant la mort et sur By Night c’est un peu le cas aussi. Ce sont des thèmes qui me sont agréable à traiter, je ne me force pas à parler de ça donc c’est venu assez naturellement. On n’a jamais été un groupe à texte engagé ou politisé, on a toujours aimé mettre un peu de poésie dans les textes avec toujours des rimes, des poésies qui parle d’amour et de mort.

WTH : Dans les chansons, on a toujours du bon DAGOBA qui tabasse mais on peut noter plusieurs chansons un peu plus posées avec du chant clair. On peut dire que ça a toujours été quelque chose d’important pour toi, pour le groupe, d’apporter ces lignes de chants clairs dans les chansons de Dagoba, en particulier dans les refrains.

Shawter : Déjà je suis content que tu notes que ça a été une constante dans tous nos albums parce que, bien qu’ils soient très peu, on voit des gens se plaindre qu’on se soit mis à faire du chant clair alors qu’on en a toujours fait !

(Rires)

Mais effectivement on a quand même plus axé les highlights des chansons sur les refrains. Auparavant, peut-être que sur nos chansons le point culminant pouvait être l’intro, un pont, une outro, etc. Mais là on a voulu que pour chaque chanson ce soit vraiment le refrain qui soit l’apothéose de la chanson.

WTH : En particulier sur The Hunt, sa structure part des couplets pour arriver sur un refrain final.

Shawter : C’est ça, on a une envolée un peu inattendue. La part belle au refrain clair, pas forcément puisqu’on en a toujours proposé mais on a fait un travail supplémentaire sur ces parties-là pour vraiment en faire les parties symboliques de chaque chanson.

DAGOBA - The Last Crossing (Official Video) | Napalm Records

DAGOBA - On The Run (Official Video) | Napalm Records

WTH : La petite surprise c’est la présence d’un chant féminin sur On the Run. Comment est venue cette idée d’apporter une touche féminine ?

Shawter : On avait fait qu’un seul featuring sur toute notre discographie, c’était avec Vortex, ex-DIMMU BORGIR, sur notre album What Hell Is About, on l’entend sur Its All About Time et The White Guy – Suicide, et comme ça fait plusieurs années qu’on n’a plus fait de featuring, on avait ce désire-là. Et pour rester dans la lignée de surprendre, non seulement on n’a pas fait appel à quelqu’un issue du milieu du metal mais aussi à une chanteuse. Et ça donne ce résultat qui, on le sait, va surprendre beaucoup de gens, mais on en est très fier parce que dans l’ensemble de l’album c’est un morceau qui coule très naturellement.

WTH : Peux-tu nous parler de l’artwork et du livret qui va accompagner l’album physique ?

Shawter : Pour l’artwork, on a reçu des dizaines de propositions mais tous les quatre on a eu un vrai coup de cœur pour celle-là. Elle était vraiment dans l’idée qu’on avait de cet album-là, de ce que nous évoque les chansons ça collait parfaitement. Mais par contre, chaque chanson est illustrée par un artwork de qualité au moins équivalente et j’encourage vraiment les gens à acheter l’album en physique car le travail qu’on a fourni sur le livret, je pense qu’on n’a jamais bossé autant un livret que pour By Night.

WTH : Quel est le titre qui te tient le plus à cœur dans By Night ?

Shawter : Summer’s Gone car je trouve que c’est vraiment la quintessence de ce que propose DAGOBA aujourd’hui. C’est techniquement ce qu’on sait faire, ce qu’on sait proposer de mieux. On a eu des prises de risque dans le choix des arrangements et il y a une différence dans ma façon de chanter sur le refrain, c’est moins haut, moins d’envoler, c’est un peu plus grave à la DEPECHE MODE et cette petite différence me plait particulièrement dans ce morceau. Et ça respecte aussi une tradition chez DAGOBA, une belle outro orchestrale. Donc on retrouve vraiment DAGOBA, le groupe qui joue très lourd avec des saccades, des voix claires mais un peu différente, du growl, des orchestrations donc voilà c’est une bonne synthèse.

WTH : En 2022, il y a cette grosse tournée* prévue avec INFECTED RAIN qui passe par plusieurs pays d’Europe avec bien évidemment la France. Dans quelles circonstances vous ont-ils rejoints sur l’affiche ?

Shawter : L’histoire c’est qu’au départ on devait faire la tournée avec un groupe américain qui s’est désisté il n’y a pas si longtemps que ça. Donc on devait faire cette tournée tout seul comme des grands et en fait on a été contacté par INFECTED RAIN qui avait le problème inverse, c’est-à-dire qu’ils se sont retrouvés sans tournée. Et comme on a le même agent, ça s’est fait assez naturellement. On nous a expliqué le souci, on nous a dit que comme les deux groupes avaient une actu, on nous a proposé de partager l’affiche avec eux. On a dit oui vu que c’est un bon groupe qui propose des choses intéressantes et je pense que plus on est de fou, plus la fête est folle.

WTH : Avant de conclure, peux-tu nous raconter comment vous avez vécu votre retour sur scène au Mennecy Metal Fest ?

Shawter : Ah c’était incroyable parce qu’on a une petite histoire avec le Mennecy, on l’a fait plusieurs fois donc on était super content d’y revenir. On a joué The Hunt pour la première fois et surtout le fait de vous retrouver tous. C’est con à dire mais voilà on n’est pas que sur scène, il y a un moment ou un autre du festival, on est dans le public avec vous, on profite du moment. Donc voilà c’était émouvant, tout le monde nous avait manquer, l’ambiance nous avait manquer.

WTH : Je te laisse le mot de la fin avec un message pour les lecteurs de What The Hell.

Shawter : Je vous remercie à tous, à toi déjà pour avoir fait le déplacement. On se croise régulièrement donc tu n’es pas un intrus dans la sphère DAGOBA. Et puis pour les lecteurs, on vous remercie pour votre soutien, encore plus actuellement vu qu’on a pas pu tourner depuis presque deux ans. Merci à tous, retrouvons-nous pour l’instant sur les réseaux sociaux et on espère que les singles qu’on sort vous divertisse car c’est bien là notre but dans la vie.

*L’interview a été réalisée bien avant l’annonce de l’annulation des premières dates de la tournée.