ZEAL & ARDOR + DOM ZLY // Élysée Montmartre, Paris – 23/03/2025

Z a paris 2025 couv

Dans une capitale saturée de concerts en cette fin de saison hivernale, peu d’événements suscitaient autant d’attente que le passage de ZEAL & ARDOR, accompagnés des Polonais DOM ZLY. Entre radicalité musicale et expérience sensorielle, la soirée a tenu toutes ses promesses, offrant un moment rare où intensité émotionnelle et précision artistique ne faisaient qu’un.

DOM ZLY

DOM ZLY monte sur scène, sans introduction et sans éclairage spectaculaire. Les premières secondes du set dissipent immédiatement la moindre hésitation : le groupe opte pour l’impact frontal. Leur mélange de punk, de black metal et de post-hardcore est délivré avec une urgence presque physique. La chanteuse, au centre, magnétise la salle : expressions tendues, gestes minimalistes, voix écorchée. Tout respire la sincérité. Musicalement, les Polonais frappent fort. Les titres s’enchaînent dans une cohérence sombre, soutenus par une batterie sèche et des guitares abrasives. Peu de pauses, encore moins de discours : DOM ZLY préfère l’immersion immédiate, et le public, surpris mais attentif, répond présent. La courte prestation s’achève dans un grondement final, laissant la salle dans un mélange de stupeur et de respect. Une entrée en matière âpre, mais efficace.

ZEAL & ARDOR

Lorsque les lumières s’éteignent, la salle est déjà remplie à bloc. Un brouhaha impatient se transforme en silence concentré lorsque résonnent les premiers échantillons électroniques. ZEAL & ARDOR fait son entrée avec une sobriété presque cérémonielle. Manuel Gagneux se place au centre, entouré des deux choristes/musiciens dont la présence visuelle est aussi essentielle que leur contribution vocale. Très vite, la mécanique se met en place. Ce qui frappe d’emblée, c’est la maîtrise scénique. Les harmonies gospel atteignent une puissance enveloppante tandis que les accélérations black metal jaillissent sans prévenir, taillant dans l’atmosphère comme un couteau sonore. La salle devient alors un véritable espace de tension : un va-et-vient constant entre recueillement collectif et explosion libératrice.

Sans jamais verser dans la démonstration inutile, ZEAL & ARDOR impose une esthétique claire : lumières serrées, contrastes forts, déplacements mesurés. Chaque titre semble pensé pour provoquer un effet précis, mais sans perdre l’âpreté émotionnelle qui fait la force du projet. Gagneux, discret mais concentré, laisse la musique mener l’essentiel du dialogue avec le public. En fin de set, alors que les dernières incantations résonnent, la sensation qui domine est celle d’une expérience collective. Paris, le temps d’une soirée, a basculé dans un espace musical où les codes s’effacent : un hybridation de spiritualité détournée, de colère sublimée et d’énergie brute. L’ovation finale ne laisse aucun doute : ZEAL & ARDOR maîtrise à la perfection cet équilibre fragile entre performance et cérémonie.

Entre la rage abrasive de DOM ZLY et la liturgie électrique de ZEAL & ARDOR, cette soirée parisienne aura offert bien plus qu’un simple concert. Elle a rappelé que, par-delà les styles, certains groupes savent créer des instants suspendus où musique, atmosphère et public ne font plus qu’un. Une date qui restera comme l’un des moments forts de la saison metal à Paris.

Zeal & Ardor