MOTOCULTOR 2023 - Jour 3 // Carhaix-Plouguer - 19/08/2023

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Troisième jour à Carhaix et pas des moindres car une grosse affiche nous attend, en ouverture des groupes dont les noms ont des accointances avec une partie de notre anatomie toujours source de blagues assez crades, surtout quand on s’appelle RECTAL SMEGMA et BRUTAL SPHINCTER, vous voyez le tableau.

Mais c’est aussi un show flamboyant qui nous attend avec WATAIN, un moment de nostalgie avec, est-il encore nécessaire de les présenter, les fameux gallois de BULLET FOR MY VALENTINE, et sans oublier le groupe plus déganté de toute l’affiche, LITTLE BIG. Nous allons également revenir sur SYLVAINE, TRIBUTE TO THRASH, PÉNITENCE ONIRIQUE, AKIAVEL, BLEED FROM WITHIN, GATECREEPER, DER WEG EINER FREIHEIT, SODOM et AMENRA.

RECTAL SMEGMA (Dave Mustage)

On commence un premier 40 minutes de poésie du rectum avec les Néerlandais de RECTAL SMEGMA. Avec leur Goregrind très cru, associé des riffs de Brutal Death pour un son monumental à réveiller les plus endormis du camping non loin de là. Mais le côté virulent de leur musique est contrebalancé par une présence scénique remarquable et un chanteur à la grosse voix gutturale qui use d’un certain charisme tout en exhibant ses tattoos. Ses paroles diffusent des choses obscènes et on s’en régale, le tout avec une pointe de Dutch humour. Musicalement, c’est un bulldozer qui nous roule dessus et évidemment le pit d’un tel concert, on n’en ressort pas indemne.

SYLVAINE (Massey Ferguscene)

On part direct aux antipodes du style du précédent groupe avec la multi-instrumentiste Norvégienne SYLVAINE, de son vrai nom Kathrine Shepard et son projet personnel. Et pour faire simple, c’est du ALCEST mais avec un chant féminin. Du moins c’est l’influence première, quoi de plus logique pour celui qui a contribué à sa popularisation. Au vu du monde amassé sous la Massey, SYLVAINE était attendue de pied ferme et les fans de Post-Black répondent présent. D’emblée, la musicienne nous envoute de sa voix tantôt hurlée, tantôt clean et fait preuve d’une grande maîtrise de sa guitare. Le set est à la hauteur des attentes et de ce qu’on m’en a dit, surtout qu’elle s’est entourée d’excellents musiciens. Les chansons jouées offrent une ambiance particulière, un mélange de douceur et de chaos pour un contraste entre lumière et ténèbres, et bien entendu, l’album Nova sera bien évidemment la clé de voûte du set. Tout comme ALCEST, SYLVAINE nous joue de la musique qui fait du bien à l’âme et on ne peut que se sentir apaisé.

BRUTAL SPHINCTER (Supositor Stage) par Enzo Cirillo

Quoi de mieux pour entamer cette avant-dernière journée de festival et pour inaugurer la Supositor Stage qu’un concert de grindcore ? Un concert de BRUTAL SPHINCTER ! Malgré l’heure assez matinale de leur show, les fans sont déjà présents et prêts à en découdre, fans assez facilement repérable grâce à leurs t-shirt rouge pétant "make goregrind great again". (Lire la suite).

TTT / TRIBUTE TO THRASH (Dave Mustage)

Il est temps de découvrir le nouveau projet de Stéphane Buriez, qu’on ne présente plus évidemment, déjà avec l’iconique LOUDBLAST, mais aussi SINSAENUM et LES TAMBOURS DU BRONX, et il s’agit tout bonnement d’un groupe de reprise 100% Thrash Metal, d’où son nom T.T.T. ou TRIBUTE TO THRASH. Et pas le Thrash gentil attention, le Thrash bien crade et pas forcément les chansons les plus connues du genre, sauf pour un vrai thrasheux connaisseur. Battle jacket, ceinture à balle, Stéphane sort la tenue de circonstance et pour ce groupe, il sera au poste de bassiste en plus du chant pour changer de ses autres formations. Avec lui, on retrouve d’autres noms bien connu de la scène française : Alexandre Colin-Tocquaine du groupe AGRESSOR, chant et guitare, son camarade de LOUDBLAST Nicklaus Bergen, ex-ADX, fondateur de ALTERED BEAST et membre de THRASHBACK, guitare et chant également, et Fabien "Speed" Cortiana, batterie et chant (oui tout le monde chante en fait !), membre fondateur de EVIL ONE et THRASHBACK, voilà qui fignole le tableau.

On voit arriver le groupe sur une entrée magistrale avec du SLAYER sur le titre Black Magic. Et le reste de la setlist sera du même calibre avec des reprises de NUCLEAR ASSAULT, KREATOR, EXCITER ou encore SODOM. Et évidemment on n’échappera pas à METALLICA mais celui d’époque avec le titre Jump in the Fire issu de Kill ‘Em All, le tout premier ! Avec T.T.T., l’hommage au Thrash Metal est célébré comme il se doit.

PÉNITENCE ONIRIQUE (Massey Ferguscene) par Enzo Cirillo

L’après-midi de ce troisième jour de festival a été ensorcelée par PÉNITENCE ONIRIQUE, le groupe de post black du label des acteurs de l’ombre sur la Massey Ferguscene. (Lire la suite).

AKIAVEL (Supositor Stage)

On retrouve les Provençaux d’AKIAVEL sur la Supositor, une figure montante de la scène française qu’on voit de plus en plus sur les affiches de festival. Ce groupe propose un Metal bien varié, alternance entre Thrash et Death mélodique, parfois Black et ça fleurte même avec le Brutal Death. Auré au chant, au plutôt au growl de bonhomme, est vraiment déchainée avec une puissance vocale hors norme. Elle s’exprimera beaucoup par geste dans le propos et fait preuve d’une excellente faculté de passé d’un style à un autre et niveau chant c’est une prouesse. Avec deux sorties d’albums coup sur coup, covid oblige, AKIAVEL a déjà de quoi faire un très bon set et il semble évident qu’on continuera à entre parler d’eux.

BLEED FROM WITHIN (Dave Mustage) par Enzo Cirillo

Ce début de soirée du Motocultor fût secoué lorsque BLEED FROM WITHIN a pris d'assaut la Dave Mustage. Le groupe écossais de Metalcore a délivré une performance explosive qui a secoué les festivaliers jusqu'au plus profond de leurs tripes. (Lire la suite).

GATECREEPER (Supositor Stage)

On revient à nouveau à la Supositor pour assister à une leçon de Death Metal donnée par GATECREEPER. Le groupe d’Arizona est là pour en découdre avec leur son lourd et une ambiance oppressante comme on l’aime. Le groove de la section rythmique se fait bien ressentir et les pogos y vont bon train. Sur certains passages, on est même presque à la limite du deathcore mais plus old school. Le chanteur ne se démonte pas avec un growl impressionnant et les riffs de guitare sont tout aussi jouissifs. Les musiciens dépensent beaucoup d’énergie tout en headbangeant de façon synchro, diffusant un Death Metal bien lourd et porté par l’album de 2021 An Unexpected Reality qui est toujours d’actualité. GATECREEPER, ce sont des productions modernes mais avec le côté old-school du Death Metal Suédois du début des années 90, c’est faire du neuf avec du vieux.

DER WEG EINER FREIHEIT (Supositor Stage)

DER WEG EINER FREIHEIT fait parti de ces groupes qui auraient plus leur place dans une salle obscure ou de nuit, car jouer en plein soleil contraste grandement avec leur musique, un Black Metal très sombre et écrasant. Mais malgré le cadre, Nikita Kamprad et ses camarades ne se démontent pas et envie toute la furie de leurs morceaux. Même l’album Noktvrn, qui avait été enregistré de nuit spécifiquement, passe nickel et c’est impressionnant quand on sait que le leader du groupe compose et écrit la nuit. La longueur des compos laisse le temps aux spectateurs d’être absorbé par ce qu’ils jouent, bien que leur jeu soit assez sobre, tout est dans la technicité. Le live est carré et on sent quand même que le groupe a le souci du détail. On apprécie d’ailleurs les blasts presque martiaux du batteur, tandis que les guitares et la basse grondent, en particulier sur Am Rande der Dunkelheit. Mais le plus intense sera sur leur titre emblématique Aufbruch pour un bouquet finale grandiose.

SODOM (Dave Mustage)

Quel plaisir de pouvoir enfin assister à un concert d’un autre membre du big four Allemand et pas des moindres puisqu’il s’agit de SODOM. 40 ans de carrière, 40 ans de Thrash, les teutons ont déjà bien roulé leur bosse. Tom Angelripper et sa bande n’ont rien perdu de leur technique, pour un show dont l’efficacité n’est plus à prouver. La précision des riffs, le rendu en live, avec un superbe jeu de lights que je tiens à souligner, SODOM fait du Thrash sans fioriture ni bavure. Même si des formations plus récentes peuvent être désignées comme dignes successeurs, il reste encore des anciens toujours au goût du jour. Et ne dit-on pas que c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures ? Les teutons confirment cette expression surtout quand on écoute leurs dernières productions. Mais la setlist reste résolument assez classique, avec des titres phares comme Nuclear Winter et Agent Orange, avec néanmoins un morceau de l’album Genesis XIX avec le titre Sodom & Gomorrah. L’effervescence du pit confirme que le groupe a sa fanbase bien solide depuis des décennies et que plusieurs générations qui se succèdent sont bien présents.

WATAIN (Supositor Stage)

Probablement l’un des shows les plus attendus de la journée et pour cause, le parterre de la Supositor est bien rempli, fin prêt pour assister au concert le plus flamboyant de la journée, celui de WATAIN. (Lire la suite).

BULLET FOR MY VALENTINE (Dave Mustage)

C’est l’heure de la nostalgie pour ceux qui écoutaient déjà BULLET FOR MY VALENTINE lorsqu’ils étaient adolescents, voir enfant. Cette tête d’affiche était forcément très attendue et pour cause, leur album éponyme est un énorme succès d’autant qu’il est synonyme d’un retour au source. (Lire le suite).

AMENRA (Massey Ferguscene)

Direction la Massey Fesguscene pour découvrir, pour ma part, les Belges d’AMENRA en live pour la première fois. Dès les premières minutes du concert, on est très vite happé dans une ambiance sombre et lourde, un chant viscéral de la part du frontman Colin H. van Erckhout qui se mettra souvent dos au public pour exprimer toute la rage des compositions. La lourdeur du doom est contrebalancé par les riffs de Post-Metal qui fleurtent avec du Sludge rappelant les sonorités d’HANGMAN’S CHAIR. On comprend très vite que ce n’est pas un simple concert, mais une expérience live qui apporte une oppression intense. Le frontman met beaucoup de fureur dans son scream, comme s’il voulait évacuer un mal qui le ronge de l’intérieur. Par moment, on peut transposer avec soi-même et toute personne ayant été dans un état de détresse mentale peut certainement comprendre cette musique. Après un concert d’AMENRA, il est difficile d’en décrocher tellement l’intensité du show prend dans les tripes.

LITTLE BIG (Dave Mustage)

Aller on termine sur quelque chose de plus joyeux. Certains peuvent dire "mais qu’est-ce que ça fait dans un festival dont le style le plus représenté est le Metal sous toutes ses formes ?" Et bien nous on aime les groupes déjantés, peu importe le style et LITTLE BIG a toute sa place dans un festival comme le Motocultor. Ambiance rave party dans le pit dès l’arrivée des Russes. Alors certes, on est bien loin d’Everyday I’m Drinking avec les naines Olympiya et Anna (paix à son âme). Mais ce cher Ilia est toujours présent, vêtu d’une robe pour rester dans cet esprit farfelu du groupe. Et bien sûr la chanteuse Sonya Tayurskaya qui lui donnera la réplique. LITTLE BIG ressort tout ce qu’il y a de plus festif dans sa discographie, de To Party et à Pump It à Skibidi et Everybody (Little Big Are Back) en passant par leur reprise de Blitzkrieg Bop des RAMONES et Rock-Paper-Scissors. LITTLE BIG sur la Dave Mustage au Motocultor, c’est une véritable boite de nuit en plein air. Autant hier la fatigue s’est fait ressentir, autant ce soir, le groupe nous a redonné une énorme pêche pour être prêt à attaquer la dernière journée de fest.

Photos :

Maude Veroda
Enzo Cirillo

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