MÅNEGARM : Interview du chanteur/bassiste Erik Jurken Grawsiö

Manegarm 2022

À l’occasion de la sortie du dixième album studio de MÅNEGARM, Ynglingaättens Öde, nous avons rencontré Erik, le chanteur et le bassiste du groupe, qui nous a parlé de la composition et de l’enregistrement de leur dernier album.

WTH : Salut Erik, merci de nous donner de ton temps pour répondre à nos questions ! Comment va le groupe après deux ans de pandémie ?

Erik : On a l’impression qu'il y a de bonnes choses devant nous, avec le retour des concerts, des festivals, et tout. Donc on a vraiment hâte de jouer à nouveau en live. Notre dernier concert était en Allemagne, il me semble que c’était mi-février 2020, il y a deux ans et deux mois, donc ça fait un moment. On a vraiment hâte de refaire des concerts. Mais à part ça, la pandémie a été terrible sur bien des plans bien sûr. Mais pour ce qui est de la composition et de l’enregistrement, nous avions soudain beaucoup plus de temps pour enregistrer notre nouvel album, donc si on doit retenir quelque chose de positif, c’est que nous avons eu plus de temps.

WTH : Avez-vous composé beaucoup de chansons pendant cette période ?

Erik : Oui, tout l’album. Nous avons commencé à écrire de nouvelles chansons fin 2019 et nous avons écrit une chanson avant le début de la pandémie, donc tout l’album a été composé pendant cette période.

WTH : Vous avez vécu quelques changements de line-up, vous êtes resté à trois depuis. Était-ce un choix ?

Erik : Le groupe existe depuis près de vingt-sept ans. C’est une longue période, donc, oui, il y a eu quelques changements. Le dernier a eu lieu quand notre guitariste Jonas a quitté le groupe, cela doit faire cinq ans maintenant. C’était un gros changement car Jonas était un des membres fondateurs de MÅNEGARM. Il était dans le groupe depuis le début. C’est lui qui a trouvé le nom. Donc il a été très important pour le groupe mais il est parti pour des raisons personnelles. Donc maintenant c’est un trio, composé de moi-même à la basse et au chant, de Markus à la guitare et de Jakob à la batterie. Nous avons aussi l’aide précieuse de Martin et de Tobias qui jouent de la guitare lors des concerts. Martin joue aussi du violon.

WTH : Vous en êtes à votre dixième album. Comment s’est passé sa composition ?

Erik : Cela s’est super bien passé je trouve. J’étais dans une phase créative, d’humeur créative. Donc ça s’est très bien passé. C’est moi qui compose toute la musique, puis je l’envoie à Jakob. En général j’enregistre juste la chanson sur mon téléphone, et je lui envoie des démos très simples, des versions brutes des chansons, puis il écrit les paroles. C’est comme cela que nous composons d'habitude. Nous avons fait la même chose pour cet album et cela s’est très bien passé. J’ai écrit la plupart des chansons assez rapidement à part une ou deux qui étaient un peu plus difficiles à mettre en place et qui m’ont demandé un peu plus de temps. Mais dans l’ensemble c’était un processus de composition très fluide.

WTH : L’album raconte l’histoire d’une ancienne dynastie nordique, la dynastie des Ynglingar, notamment avec la chanson qui se traduit en anglais The Wolfheart qui parle du premier roi de cette dynastie. Quelles ont été vos inspirations pour ce thème ?

Erik : Depuis le tout début, le concept qui anime MÅNEGARM, c’est d’écrire et de chanter des chansons sur la mythologie nordique et la période Viking. Cet ancien poème, l’Ynglingatal, a été écrit aux alentours de l’an 900, on ne peut pas être certain de la date, et la dynastie dont parle le poème a peut-être été à la tête du pays vers 500-600, donc pendant l’âge de Vendel et le début de l’ère Viking. Il y a tant de poèmes, de sagas et de mythes, tellement d’histoires dans lesquelles puiser. Comme je l’ai dit, c’est ce qui inspire MÅNEGARM depuis toujours, c’est ce que nous racontons de plein de façons différentes. En fait c’est Jakob qui a eu l’idée d’écrire un concept album autour de ce poème. Cette idée est née il y a plusieurs années. À présent, Jakob enseigne l’histoire à l’université. Quand il est devenu professeur d’histoire, il est entré en contact avec le professeur Olof Sundqvist qui avait écrit une thèse au sujet de ce poème, et ce professeur a beaucoup inspiré Jakob qui s’est dit "Cela pourrait être le thème d’un futur album de MÅNEGARM." Nous avons gardé cette idée en tête et lorsque j’ai commencé à écrire des chansons pour cet album et que je les ai jouées à Jakob, il a trouvé que ce concept marcherait bien avec ces nouvelles chansons.

MANEGARM - En snara av guld (Official Video) | Napalm Records

MANEGARM - Ulvhjärtat (Official Video) | Napalm Records

WTH : Comment se sont déroulés la production et l’enregistrement ?

Erik : Nous avons enregistré la batterie et la guitare rythmique dans un studio à Västerås, une ville plus grande, à une ou deux heures de chez nous. Ce studio s’appelle Studio Underground. Nous y avons enregistré tous nos albums. Le producteur et le propriétaire du studio, Pelle, est un très bon ami à nous. On le connaît depuis plus de 20 ans et on aime vraiment travailler avec lui. Donc nous sommes allés enregistrer la batterie et les guitares rythmiques là-bas. Il y a quatre guitares rythmiques sur cet album. Nous avons aussi mixé l’album dans ce studio. Pour le reste, nous avons notre propre studio, notre petit studio MÅNEGARM, chez Markus, notre guitariste. Nous y avons enregistré la guitare lead, le violon et beaucoup de voix. J’ai aussi mon propre studio chez moi, donc j’ai pu y enregistrer la basse. J’y ai aussi enregistré toutes les voix en chant clair. Donc nous avons enregistré une partie de l’album au Studio Underground, une partie au studio MÅNEGARM et une partie dans mon petit studio d’enregistrement. Nous avons eu le sentiment d’avoir plein de temps et de pouvoir enregistrer sans stress, donc tout s’est bien passé.

WTH : Il y a quelques invités dans l’une des chansons de l’album, Jonne Järvelä de KORPIKLAANI, Robse Dahn d’EQUILIBRIUM et Pär Hulkoff. Comment ça s’est fait ?

Erik : Tout d’abord, j’aime beaucoup les collaborations entre groupes. Je trouve ça cool. C’est ce qui fait que l’on est une communauté. J’ai été invité à chanter sur de nombreux albums. Je trouve que c’est cool. J’ai pensé que cette chanson Stridsgalten se prêtait bien à une collaboration avec d’autres chanteurs car les paroles sont faciles à apprendre. En effet, Pär est suédois mais pas les deux autres chanteurs, donc nous ne pouvions pas avoir des paroles en suédois trop compliquées. Nous nous sommes rencontrés lors de tournées. Nous avons fait beaucoup de concerts avec Robse et EQUILIBRIUM, donc on sait que ce sont des gens super. Nous avons rencontré Jonne pour la première fois lors d’un concert avec KORPIKLAANI à Stockholm en 2001. Je lui ai écrit après avoir écouté le nouvel album de KORPIKLAANI. J’ai trouvé que c’était un super album et je lui ai envoyé un message pour le lui dire. Puis, lorsque j’ai eu l’idée d’inviter des gens sur l’une des chansons de l’album, je lui ai demandé s’il voulait participer à notre nouvel album et il a dit oui tout de suite. Pareil pour Pär Hulkoff. Ils ont tous dit oui tout de suite. Je les ai choisis parce que je trouve qu’ils ont tous des voix uniques. Pär a cette super voix à la fois parlée et chantée. Robse a un growl très grave et Jonne a une super voix, avec une tonalité aiguë et ce ton rauque que j’aime vraiment beaucoup. Donc je suis très content qu’ils aient pu participer à l’album.

WTH : Vous êtes-vous réunis pour l’enregistrement ?

Erik : Non, c’est ce qu’il y a de bien avec les ordinateurs et la technologie. À l’époque, quand on a commencé à faire des albums, il fallait se rendre au studio d’enregistrement. Et bien sûr c’était cool de rencontrer tout le monde. Mais c’est tellement facile maintenant. Jonne est en Finlande, Robse est à Munich et Pär habite en Suède, mais tout au Nord, à plus de mille kilomètres de là où je vis, donc cela aurait été vraiment trop difficile de tous se réunir. Mais comme ils ont leur propre studio, ils ont enregistré leur partie, ils me l’ont envoyée, et voilà, c’était bon.

WTH : Considères-tu que ce soit votre album le plus abouti ?

Erik : Oui, je trouve que c’est un album abouti, honnête et solide. Je trouve qu’il est très varié et montre beaucoup d’aspects de MÅNEGARM. Donc, oui nous en sommes très contents.

WTH : Lors de votre dernière venue en France, c’était pour le Cernunnos Pagan Fest. Qu’avez-vous pensé du festival ?

Erik : C’était un festival vraiment sympa, c’était très cool. La salle de concert et le lieu étaient super. Il y avait une super ambiance, on a vraiment aimé y jouer. C’était un super festival avec une super organisation et tout ça. On y a retrouvé des amis de longue date. C’était top. On aimerait vraiment revenir jouer en France un jour, bientôt j’espère. On passe toujours un super moment quand on joue ici. Le public est génial.

Ynglingaattens ode

WTH : En parlant de festival, vous avez créé le vôtre en 2019. Comment vous est venue l’idée ?

Erik : Nous avons organisé le festival avec un ami à nous. Il s’appelle Björn et en fait il travaille avec des artistes country et americana donc il s’y connaît vraiment en booking et tout ça. C’est un très bon ami à nous. C’est lui qui nous a proposé de faire un festival il y a une dizaine d’années. Il nous a dit "Les gars, ça fait tellement d’année que vous faites tout ça, vous devriez créer votre propre festival. Je vous aiderai." On a vraiment trouvé que c’était une super idée mais il ne s’est rien passé à l’époque. Pourtant l’idée a dû germer dans notre tête et il y a cinq ans, en 2017, on s’est mis à en reparler. Nous en avons parlé à Björn et ils nous ont dit "Faisons-le !" Donc on a réuni des groupes que l’on aime beaucoup comme EREB ALTOR, THYRFING, GRIMNER, des groupes super cool, qui sont des amis à nous. Donc on a fait le line-up, on a trouvé un lieu vraiment cool et c’était super : la première édition était sold out, il a fait super beau, l’ambiance était parfaite et tout le monde était très content. On a eu des visiteurs qui venaient de trente à trente-cinq pays différents. C’était énorme, avec des gens de partout dans le monde. C’était vraiment cool.

WTH : Cette année ce sera les 26 et 27 août avec notamment MOONSORROW ou encore GRAND MAGUS. On imagine votre impatience !

Erik : Oui, enfin ! On a hâte. Ce sera génial ! La première édition était un succès à nos yeux, on a trouvé ça tellement cool et du coup c’était vraiment décevant quand tout s’est arrêté à cause de la pandémie. Mais à présent, on peut enfin organiser ce festival à nouveau et on est vraiment impatient. Le line-up est prêt : il y aura MOONSORROW, EINHERJER, GRAND MAGUS et bien d’autres, donc ça va être très cool.

Mgm open air 2022

WTH : Je te laisse le mot de la fin avec un message pour votre public français.

Erik : J’espère que vous allez écouter notre nouvel album. On en est très satisfait et j’espère qu’il vous plaira aussi. Et si vous en avez l’occasion, venez à Norrtälje en Suède pour le MÅNEGARM Open Air. J’espère vous voir bientôt.

Manegarm

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