KAVE FEST 2025 – Samedi // Château de Gisors – 05/07/2025

Ensiferum kave fest 2025

Nous voici en Normandie à Gisors pour l’édition 2025 du KAVE FEST, petit festival niché dans la cour du Château de Gisors, un site adéquat pour un festival de metal qui offre un magnifique cadre. L’ambiance médiévale du site ne colle pas forcément avec la programmation du weekend mais le KAVE FEST se veut éclectique avec différents styles comme le Metalcore, le Metal Moderne, du Pop-Punk mais également du Neo Folk et du Folk Metal.

Pour cette édition 2025, nous avons pu couvrir la journée du samedi avec, comme tête d’affiche, un groupe que l’on ne présente plus, les finlandais d’ENSIFERUM, et le duo Electro-Folk EIHWAR.

BROKNFACE / EIGA

Pour l’ouverture, c’est BROKNFACE qui s’y colle, un groupe qui ne doit vous être inconnu puisque nous les avions découvert au Ziquodrome de Compiègne le mois précédent. Dès le premier morceau, la chanteuse Mara capte tous les regards. Son timbre oscille entre rugissement rock et phrasé presque funk, une voix qui claque autant qu’elle caresse. Elle arpente la scène d’un pas sûr, micro à la main, sourire franc et regard perçant. Entre deux riffs, elle interpelle le public, lève le poing, arrache des cris. Funk Me Nice, La Victoire, on retrouve les morceaux qui avaient déjà enflammé quelques semaines plus tôt. BROKNFACE aura bien réveiller l’assistance aussi bien que les vieilles pierres du château.

Plus tard ce sera à EIGA de prendre possession de la scène. Cette formation Montpelliéraine fait partie de ces groupes émergents de la scène metal moderne, un style mis de plus en plus en avant. Dès les premières mesures, ils imposent un son puissant et nerveux. Ce qui frappe d’emblée, c’est la tension entre ce visuel soft et la violence musicale du set. Les riffs grondent, les breakdowns affolent, et le public ne tarde pas à répondre : premier pit, premiers corps qui s’échauffent, mouvements de foule qui s’élancent. Arthur Alternatif les rejoindront sur scène pour un bœuf. On sent que le groupe voulait marquer le coup, ce premier festival, et créer un moment partagé, spontané. Le mélange des deux guitares dans un solo aérien se déploie alors, suspendu dans l’atmosphère chaude du château, suspendu par les notes, alors que le public retient son souffle avant l’explosion.

WITCHORIOUS

On change radicalement de registre avec WITCHORIOUS qui entre en scène comme une procession dans ce décor médiéval, sous un ciel couvert et une atmosphère lourde. Le premier accord tombe, massif, d’une lenteur calculée. Le premier accord tombe, massif, d’une lenteur calculée. Les riffs traînent, s’étirent, mais chaque silence est habité. Des spectateurs ferment les yeux, d’autres lèvent les mains comme pour capter la réverbération. Le temps se dilate. Les têtes bougent lentement, comme guidées par une force invisible. Des applaudissements éclatent à chaque fin de morceau, mais retombent aussitôt, comme si personne n’osait briser le charme. Au moment du dernier morceau, Le trio se jette alors dans un final hypnotique : la guitare rugit, la basse gronde, la batterie s’emballe dans un crescendo de réverbérations. Tous trois se rapprochent, formant un cercle, puis frappent la dernière note ensemble. Un silence. Puis l’explosion d’applaudissements.

MIRABELLE.

Après la lourdeur mystique de WITCHORIOUS, MIRABELLE. déboule comme une décharge rose fluo. Backdrop kawaii, petits cœurs et têtes de mort : l’esthétique annonce la couleur, sucrée mais prête à mordre. Dès les premiers accords, le public se compacte et le pit s’ouvre. Les riffs fusent, la batterie cavale, les refrains pop accrochent aussitôt. Le groupe enchaîne blagues et provoc’ : T-shirts lancés dans la fosse, baiser surprise entre guitaristes, fausses annonces ("il reste 13 morceaux !") qui déclenchent des rires. Entre pogo et chœurs repris en masse, le set file comme une fête incontrôlable. Quand la dernière note retombe, tout le monde sourit, essoufflé, couvert de poussière et de rose. MIRABELLE. a transformé la cour du château en terrain de jeu pop-punk, et personne ne voulait que ça s’arrête.

STELLVRIS

Après quatre groupes français, place à l’international avec la formation tchèque STELLVRIS. Ce groupe originaire de Prague est orienté metal moderne avec des éléments de metalcore et des samples electro. Leur nouveau titre Monster en est une parfaite illustration. Leur frontwoman, Nicol, a une capacité de modulation de sa voix assez surprenante. Elle est capable de passer des growls/voix poussées à des passages plus clairs et mélodiques. Entre breakdowns furieux, riffs saccadés et double pédale, STELLVRIS maîtrise ses transitions entre agressivité et mélodie. Un crescendo d’instruments, la batterie qui mène, la guitare saturée, la foule répondant aux hurlements. Nicol s’offrira un petit slam dans le public qui la portera avec les honneurs. STELLVRIS laissera une empreinte indélébile au Kave Fest avec certainement l’un des meilleurs shows que le festival ait connus.

HRAFNGRÍMR

Il est maintenant temps d’accueillir le groupe de Celui qui porte le masque du corbeau, HRAFNGRÍMR, pour un nouveau rituel païen. Plus besoin de vous les présenter : Cernunnos Pagan Fest, Motocultor, Hellfest, déjà plusieurs couvertures de notre part, et chaque fois, le projet de Mattjö Haussy monte de niveau, aussi bien sur le décorum que sur les tenues des musiciens. Les premiers accords de Níu bylgjur résonnent dans la cour, et un frisson traverse les spectateurs. Les instruments traditionnels racontent une histoire : les percussions battent comme un cœur primitif, la voix de Christine Roche alterne en respiration bestiale et envolée envoutante, tandis que celle de Mattjö, plus brute, apporte de la puissance aux morceaux entre chant de gorge et hurlement de haute volée.

Entre deux titres, le groupe se relâchera pour un petit moment d’humour sur la prononciation du nom du groupe. Mais très vite, l’ambiance shamanique reprendra le dessus. Les chants gutturaux, les percussions et les instruments à cordes créent une atmosphère hypnotique : on se croirait plongé dans une cérémonie païenne au cœur d’une forêt nordique. Certains spectateurs ferment les yeux, d’autres lèvent les mains, comme pour toucher la magie suspendue dans l’air.

Quand Skuggar conclut le set, un silence respectueux tombe sur la cour avant que les applaudissements éclatent. HRAFNGRÍMR quitte la scène, laissant derrière lui une impression durable : un voyage hors du temps, un rituel où musique et mythe se confondent, et où chaque note semble résonner dans la pierre et dans l’âme du public.

KLONE

Le soleil commence à tomber derrière les remparts du château de Gisors lorsque KLONE monte sur la scène du Kave Fest. Le contraste avec le groupe précédent est saisissant. L’arrivée est sobre, presque solennel, sans cri de guerre ni de grand discours. Le show débute dans une lente montée avec un son clair, presque fragile… puis la vague enfle, les guitares saturées entrent, et la batterie frappe avec une précision mécanique. Le groupe nous propose un voyage sonore solide, entre ambiances sombres et hypnotiques, et parties un peu plus rythmée et énergique. L’impression est juste : KLONE n’a pas besoin d’exploser pour marquer. Le groupe installe un climat, presque cinématographique, qui enveloppe tout le château. KLONE aura offert une prestation de belle densité, un moment de respiration dans un festival aux tons souvent plus extrêmes.

ENSIFERUM

Alors que le crépuscule s’abat sur le château de Gisors, c’est l’Aurore sur la scène du Kave Fest avec l’arrivée triomphante des membres d’ENSIFERUM sur Aurora. Déjà sur les premières notes de Fatherland, le public exulte, headbang à tout rompre. Mais ce sera surtout sur Rum, Women, Victory que tout va se jouer. C’est un titre qui fait toujours son petit effet et qui fait mouche à chaque fois. Petri Lindroos, chant guttural et guitare, est comme toujours dans une posture guerrière tandis que le bassiste Sami Hinkka adopte cette même attitude mais toujours avec son regard jovial et son œil qui pétille.

La bataille fait rage alors qu’une tempête hivernale s’abat dans le pit avec Winter Storm Vigilantes. Le chant clair du claviériste Pekka Montin se détache bien et donne parfaitement la réplique aux growls de Petri. Chaque titre est une célébration, en particulier Stone Cold Metal qui n’avait pas été joué depuis pas mal de temps ! Habituellement sur Lai Lai Hei, c’est finalement sur ce titre que la séance « drakkar » dans le public se fera. L’ambiance ne faiblira pas sur les titres suivants, dont un instant magique sur The Wanderer où on aura une sensation de force collective et de partage.

Après avoir pris le chemin du guerrier sur Way of the Warrior, les Finlandais s’apprêtent à conclure leur set avec un morceau emblématique : In My Sword I Trust. Une ultime ferveur s’empare de l’assistance qui reprenne cette phrase en chœur. Les derniers pogos atteignent leur apogée, les cordes des guitares grincent, et le batteur martèle jusqu’à l’épuisement. Le final laisse tout le monde en sueur, ivre de bruit et de lumière. Les musiciens lèvent leurs armes, guitares, basse, baguettes, et saluent en chœur. La clameur ne cesse pas, même quand ils quittent la scène. Le château, témoin muet de cette tempête musicale, semble approuver en silence.

EIHWAR

La nuit est finalement tombée sur le château de Gisors et on retrouve le duo EIHWAR pour finir cette soirée. L’ambiance change radicalement : là où ENSIFERUM offrait un spectacle typiquement guerrier, avec EIHWAR on part plutôt sur quelque chose de plus tribal, plus ritualiste et plus mystique. Asrunn apparaît, demi-masque, des peintures tribales sur le visage, Mark à ses côtés avec les synthés, la rythmique qui s’installe. La voix d’Asrunn porte, oscillant entre murmure presque chuchoté et chant intense, comme une invocation. Le décor sonore se construit lentement : nappes synthétiques, guitares qui sortent de l’ombre, percussions tribalistes ou du moins très organiques, réverbération, échos qui donnent une impression de profondeur, comme si le son résonnait dans les pierres du château.

Asrunn virevolte sur la scène, tapant d’une main ferme sur son tambour chamanique, tandis que Mark bâtit des murs sonores. Le public est suspendu, écoute avec une attention presque religieuse. On ressent le grondements des percussions dans le corps, les voix s’élèvent mais gardent toujours une certaine vulnérabilité. Le mix est dense, mais pas brouillon : on distingue les harmoniques, les échos, la profondeur, et ce contraste avec les sonorités électro, ce qui donne une parfaite hybridation entre musique traditionnelle et contemporaine.

Le passage d’EIHWAR au Kave Fest marque un moment de contraste précieux : dans un festival chargé en metal, en intensité, leur set apporte une dimension à la fois mystérieuse et viscérale.

Ainsi se termine cette journée de samedi au Kave Fest, un festival qui semble avoir bien grandi et qui ne manquera pas de proposer une affiche de plus en plus copieuse chaque année. Merci à Selim Hadriche, patron du Kave Fest, ainsi qu’à Angéla Dufin de NRV Promotion de nous avoir permis de couvrir cette journée de festival. Rendez-vous à Gisors en 2026 !

Photos : Solen Gueho

Kave Fest Eihwar Ensiferum Klone Hrafngrimr Witchorious Broknface