CERNUNNOS PAGAN FEST 2025 – Jour 1 // Ferme du Buisson, Noisiel – 22/02/2025

Arkona cpf 2025 couv

Cette année le Cernunnos Pagan Fest fête ses 15 ans cette année (si l’on ne compte pas les deux années blanches). Et pour cette édition anniversaire, le festival a mis les petits plats dans les grands côté programmation avec notamment les légendes Suédoises de THYRFING qui fête ses 30 ans de carrière et qui n’était pas revenu en France depuis 2015. Le combo Russe ARKONA, les fers de lance du Pagan Metal des pays de l’Est, sans oublier les Finlandais de MOONSORROW, grosse référence du Pagan Metal des pays du Nord, tout ça accompagnés par des groupes et autres projets musicaux encore jamais venu au Cernunnos et d’autres qui font le retour comme VERMILIA.

Et comme toujours, la fête médiévale a battu son plein durant tout le week-end, entre les animations avec notamment une chasse aux trésors, des démonstrations de combat ou encore des jeux de tir à la corde ou à l’arc, le tout agrémentés d’atelier découverte comme la Forge d’Arnthor ou la Fonderie avec Guy Moreau, ainsi que des spectacles et concerts gratuits dans le Caravansérail. Pas le temps de s’ennuyer à la Ferme du Buisson, il y a de quoi faire.

ORIGINEM

Mais direction l’Abreuvoir pour l’ouverture des concerts avec les gagnant du tremplin, ORIGINEM. Et à la grande surprise, la petite salle est plein à craquer ce qui a du ravir le trio de moines hérétiques et leur rock/metal Médiéval avec des paroles passant du latin à l’occitan. Une véritable consécration pour eux.

SARMATES

Côté Halle c’est SARMATES qui ouvre le bal. Leurs tenues de scène interpellent et sont assez représentatives de ce que portait les Sarmates, ancien peuple cavalier de nomades de la steppe pontique issu des Scythes. Le groupe nous propose une sorte de metal ethnique alliant la technicité du metal avec des sonorités orientales et asiatiques, associés à des chants de gorge Mongoles. SARMATES nous fait voyager à travers le steppes, entre le Danube et les montages de l’Oural.

LANNOG

De leur côté à l’Abreuvoir, le collectif de LANNOG nous transporte un peu moins loin, au pays de la galette et des dolmens : la Bretagne. Ambiance tamisée et musique pausée, LANNOG nous offre une balade musicale des paroles chantées en Breton qui est sans nulle doute la base même du projet. Guitare sèche, harpe et tambour chamane, tout est rassemblé pour nous faire vivre une expérience immersive et intimiste.

VERMILIA

Après un superbe show lors de l’édition 2020 à l’abreuvoir, la prêtresse Finlandaise VERMILIA aka Julia Mattila est de retour à Noisiel et cette fois dans la Halle pour à nouveau nous enchanter avec  black metal païen aussi envoûtant que sauvage. Dès le premier morceau, une chappe de mysticisme s’abat sur la Halle. Vermilia alterne parfaitement entre voix cristalline et chant gutturaux d’une fluidité déconcertante. Accompagnée de musiciens aussi discrets qu’efficaces, elle nous fait découvrir son nouvel album Karsikko à travers des morceaux comme Veresi, Vakat ou encore son titre éponyme. La musicienne possède cette incroyable capacité à jongler entre murmures folk éthérés et tempêtes de black metal hurlantes avec une fluidité organique profondément enraciné. Tout le long de son set, Vermilia nous a offert plus qu’un show musical, elle a invoqué les esprits anciens, fait chanter les murs et vibrer les âme au travers d’une messe païenne aux portes de la forêt.

CELTIBEERIAN

Retour à l’Abreuvoir on l’on retrouve CELTIBEERIAN, fiers représentants du folk metal hispanique qui nous arrive droit de la péninsule Ibérique pour une communion dansante et métallique. Les Espagnols imposent le ton : look de guerriers celtes, jupes en cuir, cornes levées… et surtout une énergie communicative. Le show déchaîne une marée de pogos joyeux — bière en l’air, visages ravis. Chaque morceau est une célébration païenne, une ode à la liberté, aux anciens dieux et aux plaisirs simples. Entre deux morceaux, les musiciens trinquent avec le public et haranguent les premiers rangs. Gus au chant et à la basse faut aussi bien gronder son instrument que sa voix avec des growls bien maitrisés. Et il laissera volontiers sa place de frontman à la vielliste (Vielle à roue) Clara Palomares qui nous fera proposer de sa voix claire sur The Wolf I Am. CELTIBEERIAN, c’est l’antidote parfait à la morosité. Un groupe sincère, généreux, qui transforme chaque concert en fête païenne et fédératrice.

DORDEDUH

Sur la grande scène, DORDEDUH prend place. Cette formation originaire de Roumanie nous propose une sorte de Black Metal Atmosphérique avec des notes ésotériques. Le groupe a ouvert des portails, non pas vers le chaos, mais vers un ailleurs mystique, un entre-deux mondes où l’ancestral et le moderne, le tellurique et le céleste, fusionnent dans un souffle unique. Le public est saisi par une atmosphère lourde, dense, presque sacrée. Les textures sonores s’installent lentement — guitares dronantes, percussions tribales, nappes synthétiques, instruments traditionnels (toacă, tulnic), le tout baigné de lumières rouges et bleutées, comme un crépuscule suspendu. La brutalité du Black Metal laisse souvent place à des relents de dark ambient, presque organique. Plus qu’un show, DORDEDUH nous invite à être des explorateurs sonores en quête de transcendance.

ILDARUNI

On reste dans les pays de l’Est avec ILDARUNI, fiers représentants de l’Arménie qui nous a fait découvrir leur vision du Pagan Black Metal. Leur show est également plus qu’un simple concert, c’est un appel aux forces enfouies sous les pierres, aux royaumes oubliés d’Urartu, à la colère sacrée des ancêtres. Quand le groupe monte sur scène, c’est comme si les montagnes arméniennes s’étaient déplacées jusqu’à la Ferme du Buisson. Avec des titres comme Treading the Path of Cryptic Wisdom, déploie sa force brute : un black metal épique, rugueux mais d’une élégance farouche, porté par des guitares tranchantes, une section rythmique implacable, et surtout cette voix incantatoire qui semble invoquer les rois et les dieux de l’ancienne Arménie. Entre deux morceaux, le frontman remercie brièvement la foule dans un anglais chargé d’un accent guttural, avec une solennité presque liturgique. On sent que tout ici est sacré : les textes, la musique, le moment. ILDARUNI, c’est l’âme d’un peuple millénaire transfigurée par le feu du black metal. Rarement un groupe aura su mêler fureur et dignité avec une telle justesse.

ARKONA

Très attendu, les Russes d’ARKONA investissent la Halle pour une heure de rituels païens. L’intro nous plonge dans une ambiance sombre illuminée par des lueurs rouges. Des cris de loups résonnent. Puis Masha « Scream », silhouette féroce drapée dans ses peaux et ses colliers païens, surgit au centre d’une brume rituelle. Le set commence sur Kob’ issu de l’album du même nom pour une immersion dans une spiritualité brute, sauvage, sans concession, et on gardera cette dynamique sur le morceau suivant, Ydi, un titre assez long de presque 12 minutes. Puis on revient à des titres un peu plus anciens avec Na strazhe novyh let et Tseluya zhizn’.

Le groupe enchaîne avec Goi, Rode, Goi!, hymne païen qui met immédiatement la fosse en mouvement. Pogos, danses tournoyantes, cornes levées — l’énergie est totale, galvanisée par les riffs tranchants et les percussions tribales. Le flûtiste et le claviériste ajoutent des couches mélodiques hypnotiques, pendant que Masha enchaîne chant clair, growl et cris rituels avec une maîtrise stupéfiante. Juste après, le combo calme le jeu le temps que Masha entame l’intro de Zakliatie avec des murmures rituels comme si elle entonnait une incantation. Puis les Slaves termineront sur Zimushka pour un ultime cri d’amour et de guerre à leur terre.

ARKONA invoque avec rage, grâce, fureur et mysticisme. Au Cernunnos Pagan Fest, ce soir, la louve a hurlé — et toute la meute a répondu. Une performance aussi intense qu’émotive, entre les racines profondes du paganisme slave et l’explosion moderne du metal extrême.

GWYDION

Pour le concert de clôture du samedi à l’Abreuvoir, le show sera sur une note bien festive avec GWYDION qui nous arrive du Portugal. La petite salle est déjà bien chauffée quand le groupe entre en scène, drapés dans des tuniques celtiques, les visages marqués par la terre rouge du sud. Le son est puissant, clair, festif, mais jamais léger : il y a dans leur musique une fierté guerrière, une envie de célébrer autant que de résister. Entre histoire de la péninsule Ibérique et mythologique nordique, le combo a de quoi nous faire voyager par la pensée. Dès Fara i viking, l’ambiance est lancée : flûte entraînante, riffs tranchants, chœurs fédérateurs. La fosse danse, tape du pied, lève les bras. GWYDION transforme l’Abreuvoir en taverne vivante, où le chant des anciens résonne avec des pintes levées bien haut. Le public est conquis, et demande plus. Le final épique avec Mead of Poetry et Oak, Ash & Thorn qui explosent comme des hymnes de départ en guerre. Les bras levés, les voix unies — GWYDION quitte la scène comme une tribu victorieuse.

THYRFING

Cette première journée se termine avec des légendes : THYRFING. Ici, le paganisme est un deuil, une colère, une dignité farouche. Pas de flûtes ni de rires : les guitares sont massives, les claviers sinistres, et chaque morceau est une marche vers le destin. La puissance de Mjölner, la lourdeur de Veners förfall, la grandeur tragique de Mot Helgrind… tout est maîtrisé, précis, impitoyable. THYRFING, c’est le visage noir du pagan, le souvenir des hivers sans fin et des dieux oubliés. Le public, d’abord secoué, se laisse prendre. On ne saute pas : on headbang lentement, on absorbe. Une catharsis froide. Une emprise. Ils clôturent avec Kaos återkomst, implacable, majestueux. Jens crache ses derniers mots comme un oracle. Puis silence. Les musiciens quittent la scène sans un mot de trop. Et c’est sur cette note solennel qui se termine cette première journée.

Thyrfing Setlist CERNUNNOS Pagan Fest 15th Anniversary 2025

Crédits photos : Luca Liguori & Yordan Krushkov

Cernunnos Pagan Fest Thyrfing Gwydion Arkona Ildaruni Dordeduh Celtibeerian Vermilia Lannog Sarmates

Ajouter un commentaire