UNITED GUITARS Vol. 3 : Entretien avec Ludo Egraz

Ludo egraz 2020

Le collectif UNITED GUITARS prend le rythme en respectant un des objectifs qu’il s’est fixé, sortir un album tous les ans et c’est tout naturellement que le volume 3 vit le jour un an après le volume 2. Et c’est avec plaisir que nous avons à nouveau reçu le guitariste et journaliste guitare Ludovic Egraz, l’instigateur du projet qui passe de nouveau du côté de l’interviewé.

WTH : La dernière fois qu’on s’était parlé c’était pour la sortie du Vol. 2 de UNITED GUITARS. Et seulement un an après, voilà déjà le vol 3. Qu’est-ce qui a permis au projet de lancer ce troisième album aussi rapidement ?

Ludo : En fait, nous nous tenons à ce qu’on voulait faire dès le début à savoir écrire un album par an, de tenir ce cahier des charges. Tous les ans, au mois de mai, on met en route le chantier du prochain disque. C’est toujours de difficile de savoir si on va y arriver ou pas car, comme tu t’en doutes, c’est un projet qui est assez couteux et qui nécessite beaucoup d’organisation mais jusque là on arrive toujours à s’en sortir pour arriver au bout de nos envies et de nos projets.

WTH : Et pour se faire, une campagne Kiss Kiss Bang Bang avait été lancée pour aider à son financement avec en contrepartie 32000 euros de matos. S’agit-il de dons de musiciens ou de marques ?

Ludo : Ce sont des dons de marques qui nous soutiennent, plus d’une cinquantaine de marques et fabricants de matos qui comprennent des luthiers, de constructeurs de pédales, de cordes, des produits d’entretiens pour le nettoyage des guitares et donc on réunit un parc de matériel qui est le cœur de cette campagne Kiss Kiss Bang Bang qu’on organise pour chaque album et ça stimule l’intérêt des gens qui s’intéressent à la guitare puisqu’on a plus de Kisskissbankers. Il me semble qu’on était à plus de 600 ou 700 contributeurs donc ça nous a aussi permis de cristalliser une communauté autour de ce projet.

WTH : Et ce sont principalement des artisans qui ont participé à ce projet ?

Ludo : Oui tout à fait bien qu’il y ait aussi des marques industrielles qui sont rentrées parmi les sponsors tel que Ibanez, Vola Guitar qui est une marque semi-industrielle mais la plupart sont des artisans et des marques indépendantes.

WTH : Plusieurs guitaristes étaient déjà présents sur les précédents volumes notamment David Dutour, NeoGeoFanatic ou encore Saturax, mais une bonne partie du line-up est renouvelée avec en prime une pointure du heavy metal, George Lynch ! Dans quelles circonstances a-t-il rejoint le projet ?

Ludo : En fait j’ai composé le morceau Surrounded By Darkness avec Yvan Guillevic, j’étais allé chez pour écrire ce morceau et on est tout les deux fans de DOKKEN et LYNCH MOB. On a travaillé sur un morceau qui sonnait vachement dans cette vibe et on s’est dit en blaguant que ça serait génial que George Lynch vienne jouer sur ce morceau et le hasard a fait qu’on a eu l’opportunité de le contacter parce qu’on a une de nos marques partenaires qui s’appelle Two notes Audio Engineering qui a développé un logiciel en collaboration avec George Lynch, avec lequel ils ont travaillé cet été. J’en ai parlé avec eux et ils m’ont aidé à rentrer directement en contact avec lui pour que je puisse peut-être l’inviter et on a réussi de le convaincre de venir car il a bien aimé le morceau donc il a accepté de venir jouer dessus, comme quoi ça vaut le coup d’avoir des rêves.

United guitars 2021 kkbb

WTH : Comment s’est passée la sélection des autres nouveaux guitaristes ?

Ludo : Un peu pareil que pour les dernières fois. On a les oreilles qui trainent toujours à droite, à gauche quand on va à des concerts, on est beaucoup sur YouTube, Instagram… Forcément on est beaucoup dans l’équipe, on se recommande les uns les autres, les trucs à écouter, est-ce que tu as écouté le nouvel album d’untel, le nouveau guitariste de tel groupe, etc… On se refile des tuyaux comme ça mutuellement. On a des petits tableaux où on note les gens à suivre, on les contacte le moment venu, le moment opportun quand ils sont prêts à se rendre disponible pour le projet.

WTH : Et une fois de plus tu t’es entouré de guitaristes de tous styles, que ce soit rock, metal, blues, etc. avec cette volonté de mettre en avant la guitare mais j’imagine qu’un autre but est recherché, c’est de proposer de la variété, qu’il y en ait pour tous les goûts ?

Ludo : C’est vraiment le but recherché. La guitare instrumentale c’est vraiment une communauté très rock/fusion et là on essaye vraiment de la représenter dans des styles très contemporains, pas forcément rock qui apporte un éclairage différent et ça n’empêche pas d’avoir des performances dans un style différent du rock.

WTH : Peux-tu nous raconter globalement la gestation de ce volume 3 ?

Ludo : C’est un peu comme d’habitude, on a constitué le line-up en mai 2021, une équipe constituée de 34 guitaristes et à partir de là j’ai fait le tout des gens qui avaient quelque chose à proposer, ceux qui étaient en pleine phase de création et c’est une période que tu ne contrôles pas forcément. Il y a une vingtaine des participants qui ont accepté de composer un titre. Il y a plusieurs équipes comme ça, et les autres sont intervenus en tant qu’invités pour jouer un ou deux solos. Après il y a une phase de maquettage qui commence et puis on essaye de voir si les morceaux se complètent bien les uns des autres, qui vont pouvoir raconter un chapitre de la même histoire même si les styles sont parfois différents. Quand on fait la tracklist à la fin, il faut vraiment qu’il y ait un fil conducteur entre les morceaux. Parfois il y a des titres qui ne conviennent pas et on demande aux guitaristes concernés de faire une autre proposition quand par exemple le morceau est trop dans la veine de deux autres morceaux qui existent déjà et on leur suggère de sortir de leur zone de confort, etc. Donc il y a ces réajustements et quand on arrive aux maquettes finales, on est déjà à environ 75% de ce qu’il y aura sur l’album. Et une fois que les gens se retrouvent en studio pour jouer ensemble, il y a une phase de réarrangements, de répétition qui peuvent transformer le morceau, parfois légèrement et puis parfois très en profondeur.

WTH : On est toujours sur des morceaux 100% instrumentaux avec évidemment la guitare qui est le point central des compos. Comment sont venues les inspirations pour nommer des chansons sans paroles ?

Ludo : En fait, chaque musicien, quand il joue son morceau, il a une image en tête et c’est de l’ordre du subjectif on va dire.

WTH : Une sorte de visualisation certainement influencée par des expériences personnelles ou ce qui nous entoure.

Ludo : Voilà c’est ça.

United guitars vol 3

WTH : Comment se sont organisées les sessions d’enregistrements ? Quelles difficultés majeures avez-vous rencontré à ce niveau-là ?

Ludo : Il y a toujours cette contrainte à enregistrer chaque titre en quatre ou cinq heures, répétitions/batteries/basses comprises. Le ou les guitaristes rencontre bassiste et batteur, ils font tourner le truc pour prendre leurs marques et dès que la sauce commence à prendre, on commence à faire des prises et là on a vraiment voulu faire jouer davantage les gens ensemble pour qu’il y ait moins de pistes à pistes et que la base de chaque composition émane vraiment d’un jeu live et parfois même les solos font partie des prises live, c’est le cas du morceau de Nicolas Chona, celui de Jean-Marie Ecay ou encore celui de Julien Lacharme qui a été fait entièrement en live à part des deux solos des invités qui a été rajouté après mais voilà donc c’est vraiment un truc auquel on tenait et on a vraiment pu revenir à un truc très organique ce qui fait que les tous morceaux qui sont dans la vibe rock ont été enregistrés sur bande analogique et le grain du son vient vraiment de là.

WTH : Selon toi, quelles sont les différences majeures entre le vol 3 et les précédents ?

Ludo : Disons que sur chaque album on essaye d’aller au bout de nos idées, des objectifs qu’on s’est fixé en nous assurant de faire le maximum ce qu’on peut. À chaque fois, on revoit nos ambitions à la hausse, ça progresse tout le temps donc je te dirais que ce sont de meilleurs morceaux, un meilleur son et de meilleures performances. On essaye vraiment de tout tirer vers le haut. Je ne dirais pas qu’on soit de meilleurs guitaristes parce qu’il y a toujours eu de très bons guitaristes mais là on va dire qu’avec l’ajout de certains invités de cette année, le niveau monte quand même.

WTH :  Il y a un instrument qui est un peu mal aimé par certains, pourtant ça reste une guitare, c’est la basse. Quel est ton avis ? Est-elle essentielle ou peut-on s’en passer ?

Ludo : Non c’est un instrument super important parce que, dans le cas de United Guitars, il fait la jonction entre la batterie et la guitare. C’est un filon rythmique et harmonique donc c’est prépondérant et ça l’est tellement que cette année on a voulu avoir deux bassistes au lieu d’un seul. On a François-Charles Delacoudre qui s’est chargé de tous les morceaux rock/blues, et on a pris un deuxième bassiste qui s’appelle Bruno Ramos qui est plus à l’aise dans tout ce qui est fusion, funk, groove, etc. Et de même qu’on a pris deux batteurs pour les mêmes raisons donc c’est très important.

WTH : La dernière fois on avait évoqué Eddie Van Halen suite à son décès, entre temps un autre grand guitariste, cette fois issue la scène metal nous a quitté, c’est Alexi Laiho. L’as-tu déjà rencontré et que retiendras-tu de lui ?

Ludo : Je l’ai rencontré plusieurs fois et pour moi c’était un mec brillant mais un peu trop souvent sous l’emprise de ses démons et je trouve que ça a gâché pas mal de chose au niveau de son expression artistique et je pense qu’il aurait pu accomplir davantage de choses. Ça me donne l’impression d’un mec qui était très gentil, super talentueux mais avec des penchants et des côtés sombres qui ont fini par le rattraper…

Alexi laiho rip

WTH : Lui aussi avait réuni un collectif de guitariste. J’imagine que tu aurais aimé qu’il participe à l’aventure United Guitars.

Ludo : Ah oui ça aurait été super effectivement. J’avais beaucoup aimé sa participation à un tribute Randy Rhoads il y a 5-6 ans, il avait joué Mr Crowley avec le chanteur d’EXODUS et je trouve qu’il avait vraiment un super boulot comme il l’a fait sur les albums de CHILDREN OF BODOM dont certains que je trouve super.

WTH : Pour finir, as-tu un message pour nos lecteurs ?

Ludo : On lui dirait d’aller écouter l’album, de l’acheter pour soutenir le projet, de le partager à leurs potes, leurs familles pour leur donner envie de jouer éventuellement de la guitare car le but derrière tout ça c’est de célébrer cet instrument aux ressources infinies, de susciter l’envie et la passion envers cet instrument.

United Guitars

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