MAGOYOND : entretien avec Le Mago et Vito

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Nous avons récemment pu rencontrer Julien alias Le Mago et Victor alias Vito de MAGOYOND qui nous en ont dit un peu plus sur l'histoire du groupe et la sortie de leur concept-album intitulé Kryptshow en avril 2019. Apocalypse, montres de la pop-culture, zombies, cirque maudit... Tant de thèmes abordés par cette formation très portée sur l'humour noire qui nous propose une œuvre multi-référencée à la hauteur de l'espérence de leur fan. Interview.

 WTH : Pouvez-vous nous présenter Magoyond pour ceux qui ne vous connaissent pas ?

Le Mago : Magoyond est un groupe de metal alternatif qui chante des chansons sur la fin du monde, les monstres et les zombies. On chante en français et on essaye de développer un univers qui est très cinématographique, très porté sur la pop culture,  les monstres, les films d'horreur, c'est une multi-référence.

WTH : Comment l’aventure a-t-elle commencée pour vous ?

Le Mago : Au tout départ il y avait Mago et Yond,  mon acolyte et moi. On était deux et on faisait des histoires audios. Yond n'est plus dans le groupe aujourd'hui. De deux on est quand même passé jusqu'à six,  et aujourd'hui, on est quatre. Il y a eu toute une évolution sur la dizaine d'années. On a sorti notre premier album en 2012 qui s'appelait Pandemia et là en 2019 Kryptshow, qui a été financé par un grand crowdfunding, qui est un double album et qui, pour le moment, marche très bien. 

WTH : Comme tu l’as dit, vous êtes dans un concept apocalyptique, avec l’imagerie des classiques de films d’horreurs, mythologies païennes, monstres de la pop-culture, avec la touche d’humour noire qui saupoudre le tout. Qu’est-ce qui vous a donné envie de construire le groupe autour de tout ça ?

Le Mago : Disons que c'est arrivé un peu par hasard. Au début du groupe, ça partait vraiment dans tous les sens. On faisait tout et n'importe quoi en termes de style et de cinématique. Mais après avoir vu Shaun of the dead au cinéma, j'ai écrit Adopte un zombie. Et, à partir de ce moment-là, il y a eu une espèce de première pierre qui s'était construit sur un univers autour des monstres et des zombies. On était très centrée sur les zombies au début. On a écrit des chansons très humoristique, très caustique, avec de l’ humour noir, sur des créatures imaginaires. C'était inspirant et c'est là-dessus dont je suis partie et toujours avec des textes en français.

WTH : À propos de vos différents pseudos, d’où viennent-ils ?

Le Mago : Je ne serai plus dire pour Yond. C'est vieux et le principal intéressé n'est plus dans le groupe pour répondre et pouvoir nous éclairer. Mago parce que tout simplement je suis magicien à côté de mon métier. J'ai des racines espagnoles. Et quand on joue à Donjon et Dragon lorsqu’on est jeune, on va souvent très vite et le magicien du groupe, qui était souvent moi d'ailleurs, se fait généralement appeler le Mago. Et ça m'a suivi pendant des années et des années et c'est resté tout simplement. Et on a Vito ici, diminutif de Vitorino.

Vito : Pour être plus précis, je suis d'origine italienne. Je m'appelle Victor, c'est mon vrai prénom, et mes parents m'ont toujours appelé Vito et c'est venu comme ça. Certains de mes amis m'appellent également Vito, d’autres restent sur Victor.

Le Mago : Après tu Aspic dans le groupe qui est flûtiste, du coup le serpent à lunettes, aspic, serpent. Et Nobru qui a été chercher son pseudo super loin parce qu'il s'appelle Bruno ! Je crois que c'est le mec qui nous bat tous sur ça.

WTH : Le groupe a subi pas mal de changements de line-up en 2013. Mister G et surtout Yond, quittent le navire. Comment ce départ a-t-il été vécu ?

Le Mago : Ça n’a pas été facile parce qu’à la base c'était un groupe de pote qui s’était monté. On ne savait pas du tout où on allait. En revanche, quand ils ont quitté le groupe, on avait, nous, envie d'aller plus loin. Et pour X raisons, ce n’était plus possible. Je ne vais pas revenir sur ce départ, mais ça a été dommage d'un point de vue amical. En revanche, d'un point de vue musical et artistique, Vito est ensuite rentré dans le groupe en emportant un sérieux bagage guitaristique qui a fait vraiment varier Et vriller le style du groupe et ça a été mieux pour le projet.

 WTH : C'est un bien pour un mal.

Le Mago : Voilà c'est ça. C'est toujours un peu douloureux ce genre de truc. Mais si on regarde sur l'étendue du projet tel qu’il est aujourd'hui, on est arrivé à quelque chose de formidable et c'est en partie grâce, aussi bien aux premiers musiciens ayant participé à l'aventure et ceux qui sont arrivés par la suite.

WTH : Vous enchaîner les dates de concerts, de festivals. En 2015 vous avez fait la première partie d’Andreas et Nicolas, avec Nicolas Prata d’Ultra Vomit. Quels souvenirs regardez-vous ?

Le Mago : Déjà c'était la deuxième fois qu'on avait joué au Petit Bain et Andreas et Nicolas moi j'adore, tout comme Ultra Vomit. Quand on s'est vu proposer cette première partie là avec Les 3 Fromages qu’on a découvert aussi,  on s'est rendu compte qu'il y avait des groupes français, dans le rock et dans le metal, qui arrivaient à déconner et chanter en français, et à fédérer des gens. Nous on a été super content et le public a été hyper réceptif donc c'était bingo. C'était vraiment très bien.

WTH : En 2017, vous enregistrer un featuring avec le Naheulband pour la chanson Mon Ancêtre Gurdil en référence au Donjon de Naheulbeuk.  Pouvez-vous me raconter cette expérience.

Le Mago : Ce qu'il faut savoir aussi, c’est qu’on collabore avec le Naheulband depuis 2011, année où on a fait leur première partie, et on l’a rejoint en 2015. On ne va pas dire que c'est consanguin mais je joue avec les deux groupes. Quand on a fait « gurdil metal » c'était pour une première en festival en 2015. C'était un pari, on a fait une surprise à Pen of Chaos et vu que les gens ont tellement adoré, ça a été filmé, on l’a sorti deux ans plus tard. On va continuer aujourd'hui à proposer un show avec Magoyond qui joue généralement en premier suivi du Naheulband, et Magoyond revient sur scène pour jouer des morceaux de du Naheulband à la sauce metal. Ça fait un concert survolté qui dure au moins 2h30 et c'est riche en surprise.

MAGOYOND / NAHEULBAND - Mon Ancêtre Gurdil METAL Live @ Geekopolis 2015

WTH : On va maintenant parler du double album Kryptshow qui été financé par un crowdfunding comme tu l'as dit. Il s'agit donc d'un album. Comment a-t-il été imaginé ?

Vito : On voulait faire quelque chose de grandiose, professionnel, et aussi avec une influence metal un peu plus présente. C'était la ligne directrice. On a vraiment commencé à y penser il y a un ou deux ans après mon arrivée dans le groupe, 2015-2016. Et le processus de composition a vraiment commencé il y a 1 ans et demi. À la base on voulait faire une histoire divisée en plusieurs titres et finalement, on a fait plutôt des histoires différentes mais avec une suite logique des choses. C'est mieux comme ça parce que, justement, on peut les jouer dans un ordre différent en live. Et après on a intégré un petit peu toutes les idées, je ne dirais pas cinématographique mais de différents styles qu'on avait en tête. Par exemple, je repense à cette anecdote quand a vu Coco, le film de Disney. En sortant du cinéma, on s’est dit qu'on pourrait faire une musique sur la journée des morts. Du coup c'est devenu Le jour des vivants. Pour Vegas Zombie, on voulait faire quelque chose style cabaret,  Le Chapiteau des Supplices on voulait une musique au début de l'album qui nous fasse rentrer dans quelque chose. Et avec le dernier titre de l'album,  tu ressors d’une certaine manière de ce chapiteau. On rentre dans un cocon,  un univers et on en ressort à la fin de l'album. C'est un but et un objectif atteint. Et dans ce chapiteau on y vit des histoires qui sont les titres de cet album.

WTH : Je retiens aussi la chanson du Croque-mitaine. Avec l'imagerie du groupe, je pense que vous ne pouviez pas passer à côté de ce monstre-là.  Comment est venue l'idée en fait ?

Le Mago : On a toujours voulu traiter des monstres, si différents qu'ils soient, issus de littérature de film ou autre , l’idée était de prendre une référence, de la détourner, de la faire notre image et de l'intégrer à notre univers. C'est pour ça qu'on parle du Kraken, c'est pour ça qu'on parle de cirque ambulant maudit, on parle de Vegas zombie… Il y a plusieurs thèmes qui sont abordés et toujours en prenant une espèce de petite pirouette, et en personnifiant parce que l’important c'est qu'on développe des lieux, qu'on développe des personnages ou autre, et qu'on se dise que ça fait partie d'un tout. On se dit qu’on n’aimerait carrément pas être là-bas, quoique ce serait plutôt sympa. Et à la manière des films de Tim Burton, on découvre que la mort c'est hyper riche et coloré, hyper glauque, certes, mais hyper marrant. Il y a aussi un petit parallèle avec la réalité qui est plutôt terne. Alors oui ça part dans tous les sens en termes de référence mais justement c'est ultra référencé et c'est ça qui me plaît. 

MAGOYOND - Le Chapiteau des Supplices (Lyric Video)

MAGOYOND - Le Croque-mitaine (Lyric Video)

WTH : Je retiens aussi Le Magasin des Suicides où on a l'impression qu'il se trouve dans l'univers de Naheulbeuk !

Le Mago : Alors nous on avait plus en tête une espèce d’échoppe miteuse mais pas forcément dans l'univers de Nalheulbeuk. Déjà, on n’a pas de réelle temporalité pour Magoyond. On sait que c'est un peu ancien, un peu miteux, un peu poussiéreux mais on ne saurait pas vraiment dire quand ; Et c'est ça aussi qui est intéressant car on se fait, en écoutant les chansons, notre propre film comme quand on lit un livre.

WTH : Et on retrouve aussi dans les bonus des sketchs, dont celui du magasin des suicides, mais aussi votre reprise du Pudding à l'Arsenic du film Astérix et Cléopâtre. Qu'est-ce qui vous a donné l'idée de partir là-dessus  ?

Le Mago : On ne fait pas beaucoup de reprise habituellement parce que ce n’est pas forcément approprié à notre univers. Mais il se trouve que Le Pudding à l'Arsenic, cette idée de recette démoniaque pour tuer des gens… Déjà ça touche à un film de culte, et surtout c’était assez approprié. Je pense que si on avait voulu écrire une chanson sur une recette gâteau empoisonné ou quoi que ce soit, je n’aurais pas pu le faire aussi bien que ce qui a déjà été fait. Et en partant de là, la reprendra notre sauce c'était une bonne idée.

Vito : Elle a été respectée car l'originale suffisait bien et en fin de compte on a pu la mettre dans l’album

Le Mago : Elle paraît limite logique dans la continuité de l'album parce qu’on se dit ok on parle de cirque maudit, on parle de magasin des suicides, et on parle du pudding à l'arsenic. C'est très bien ! En tout cas ce sont des retours qu'on a eus.

MAGOYOND - Le Pudding à l’Arsenic [Asterix & Cléopâtre Rock Cover]

WTH : Comment s'est passé l'enregistrement de l'album ?

Vito : Mis à part le processus de composition, l'enregistrement de l'album a été, en lui-même, compliqué dans le sens où il fallait qu’on joigne tous nos emplois du temps pour pouvoir être tous libres en même temps.

Le Mago : Parce qu’on travaille tous à côté.

Vito : Voilà. Donc on a trouvé des créneaux pour enregistrer la guitare, le chant a été enregistré en studio, et puis on a eu des délais à respecter si bien que l'enregistrement a été limite. Quand on a fini l'enregistrement des guitares, je partais de juste après donc les guitares devaient être finie au plus vite. On s’est tué pour les finir à temps pour que ça parte au mix à temps et que ça parte au mastering en Suède, parce qu’on s’est fixé date de sortie de l’album. Tout s’est fait un peu dans la précipitation mais ça n'aurait pas marcher si on n’avait pas des compos et des maquettes solides.

Le Mago : on a maquetté pendant 4 mois. Et le processus de composition a pris un peu près d’un an et demi. On a utilisé des riffs qui dataient de l'album de 2011,  on a des bouts de chanson qui dataient de 2014. L’album est une sorte de Frankenstein si tu veux et c'est commun de faire ça aussi. Et puis on a une boîte avec des tas de riffs et des tas de paroles. Et le processus a été assez méticuleux car il fallait savoir quelles paroles vont aller avec quelles musiques et puis comment respecte l'univers avec tout ça. Cela a été un peu long car ça a pris sept ans, avec beaucoup de remise en question, de changement de line-up entre-temps. Mais l'album en lui-même a pris à peu près deux ans en tout et pour tout.

WTH : Merci à vous deux pour vos réponses

Le Mago : Merci à toi !

Vito : Merci !

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