Interview poétique avec CHARLEY VERLAINE, la révélation française de l'année

Verlaine

C'est par mail, CHARLEY VERLAINE vivant en Allemagne, que nous avons pu mener à bien cette discussion très interessante qui nous dévoile un futur grand du metal français.

WTH : Charley Verlaine bonjour, nous nous retrouvons pour un interview suite à la sortie de ton nouvel album Komorebi. Quel drôle de nom, peux-tu nous parler de la genèse du nom que tu as choisi pour ton album ?

Charley : Salut Joël ! Pour ce qui est du titre de l’album, je l’ai choisi suite à la lecture d’un article concernant les mots d’origines étrangères n’ayant absolument aucune traduction en langue Française. Komorebi en faisait partie. C’est un mot d’origine japonaise désignant un phénomène naturel bien particulier à savoir lorsque les rayons du soleil percent les branchages d’un arbre. Je te laisse taper « Komorebi » dans Google et regarder les résultats d’images, tu comprendras tout de suite. Le mot et sa définition m’ont plu aussitôt. Car c’est comme cela que j’imagine la musique toucher les gens. Quelque chose d’impalpable et qui pourtant vient doucement se poser sur nous.

WTH : Tu as travaillé avec un ingé-son qui a fait un boulot énorme, quelles étaient tes demandes par rapport au son que tu voulais avoir sur l’album ?

Charley : Aucune … Dans le sens où je fais partie de ces gens qui pensent que : « chacun son métier ». Si mon choix s’est porté sur David Thiers de Secret Place Studio c’est bien évidemment parce que j’avais déjà écouté son travail au préalable, je savais où j’allais, il y avait très peu de chance qu’il rende une mauvaise copie et que je sois déçu. Quand les gens ont du talent, il faut impérativement les laisser s’exprimer. Donc je ne suis intervenu qu’à la fin pour des histoires de volumes du genre un peu plus de guitare ici, moins de chant là etc.

WTH : Cet album, tu l’as construit par internet, comment as-tu travaillé avec ton batteur Joe Babiak ? Peux-tu nous parler de la façon dont vous êtes entré en relation ?

Charley : Ah mais pas tant que ça finalement ! Excepté pour David (il habite à Bordeaux et moi à Düsseldorf) tout s’est fait de visu. J’ai rencontré Joe en Allemagne au STRICKER Studios. J’étais là-bas avec mon ami Marky Dawson - chanteur et pianiste Londonien absolument fantastique- afin de récupérer un piano qu’il avait loué au studio car nous avions un concert en duo le soir même à Düsseldorf. Joe était là (je ne sais plus trop pourquoi) fraichement débarqué de Chicago afin de rejoindre sa femme vivant en Allemagne, nous avons fait connaissance et échangé nos numéros de téléphone. Un an après nous nous retrouvions en studio tous les deux pour enregistrer les batteries de l’album. Quand j’y repense, je me dis qu’il n’y a pas de hasard, je crois définitivement aux rencontres.

WTH : Quand tu joues les parties de basse, tu laisses les cordes vibrer pour occuper encore plus d’espace, un choix délibéré ou une façon comme une autre de jouer ?

Charley : Disons que c’est ma manière de faire. Je suis un bassiste frustré, j’adore cet instrument mais je suis totalement incapable d’en jouer de manière académique. Je joue de la basse comme un guitariste joue de la basse, avec les particularités et les sacrilèges que cela implique. Je ne m’interdis rien : jeu au médiator, bends, vibratos main gauche etc.  Je sais que ça fait dresser les poils de tous les puristes de la basse mais je n’y peux rien, je m’en excuse ahah.

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WTH : Tes solos de guitare sont vraiment excellents et rappellent le hard rock des années 80/90, là aussi un choix délibéré ?

Charley : Pas vraiment un choix, plutôt le résultat involontaire des influences qui ont inconsciemment construit mon jeu au fil des années. Tous les musiciens du monde sont pareils, nous ne sommes que la synthèse des centaines de musique qui nous ont nourris. En tous cas merci du compliment J

WTH : Quand on écoute ton album on a l’impression d’entendre le fils spirituel de Franck Marino, quelles sont tes principales influences ?

Charley : Google/recherche/franckmarino – ok, donc je ne connaissais pas, merci pour la découverte J

Concernant mes influences, elles sont plutôt diverses. Pour ce qui est du Metal, ce sera principalement la NWOBHM avec Iron Maiden ou Judas Priest. Ronnie James Dio est également une grosse référence et évidemment les précurseurs du genre, j’ai nommé Black Sabbath.  Après, en tant que musicien, je me dois et trouve mon plaisir dans un grand éventail de genres musicaux même si le metal reste bien entendu ma zone d’expression préférée.

WTH : Quand on entend la chanson fire !  Ou Sonny et même What i Say, avec cette batterie folle et ce riff démentiel, on entend Led Zeppelin, c’est flagrant non ?

Charley : Alors pour être totalement honnête avec toi, j’avoue avoir été surpris par cette comparaison ! Même si j’adore Led Zeppelin, je dois avouer qu’ils ne font pas vraiment parti de mon ADN musical. Du coup, j’ai réécouté les trois morceaux en essayant d’analyser un peu le tout et ma foi, je ne trouve pas … mais c’est justement la magie de la musique, chacun y entend ses propres résonnances et c’est ça qui est génial !

WTH : Ta page Facebook est discrète sur ton parcours autant humain que musical, peux-tu nous parler de ce qui t’a amené jusqu’à cet album solo ?

Charley : Et bien comme beaucoup d’autres artistes, j’ai eu ce que l’on appelle un parcours en dents de scie : à savoir fait d’échecs et de réussites. Je suis né dans le nord-est de la France où pour tromper l’ennui et le manque de perspective je me suis mis à faire de la musique avec mes potes avec l’espoir un jour de ressembler à ceux qui nous faisaient tant rêver. Pendant toute mon adolescence, j’ai écumé tous les bars, MJC, salles des fêtes bref tous les endroits pourvus d’une prise électrique où il était possible de brancher un ampli et faire un concert. En un mot, j’ai appris mon métier. Et puis vers l’âge de 23 ans, j’ai intégré le groupe parisien Heavenly avec lequel je suis resté 10 ans. Plusieurs albums enregistrés, clips vidéo, tournées européennes, des tas de supers souvenirs et d’opportunités uniques comme jouer au Wacken ou encore ouvrir pour Scorpions au Zénith de Paris devant 5000 personnes.  Mais au fil des années le succès déclinant et l’ennui s’installant, il a fallu prendre une décision. J’ai donc décidé de partir et de « repenser » tout ça. Fort heureusement la musique offre mille et une façons de gagner sa vie en tant que musicien. Je me suis donc tourné vers l’enseignement et les sessions d’enregistrement en studios.

J’ai passé un diplôme d’état à Paris qui m’a permis d’enseigner la musique en écoles privées et aussi dans les conservatoires. Fait des sessions studios pour différents artistes etc. Loin des feux de la rampe mais toujours heureux de vivre de ma passion. Et puis en 2011, après deux ans loin des projecteurs, l’étincelle de la scène est revenue. J’ai donc ressenti le besoin de me remettre en danger. Sur un coup de tête, je suis donc parti pour un road trip de trois semaines aux états unis avec ma guitare sur le dos me produisant sur toutes les scènes ouvertes sur mon chemin de New York à Washington DC. A mon retour, j’ai compris que je m’étais en quelque sorte reconstruit. Depuis ce jour, je n’ai cessé d’écrire et de me produire sur scène seul ou en groupe et après cinq années passées à Bordeaux je suis parti m’installer à Düsseldorf en Allemagne ou je vis maintenant depuis huit ans avec ma femme et mon fils. Komorebi est donc le résultat de tout cela : des hauts et des bas, des réussites et des échecs, de bars minables aux scènes prestigieuses, de l’ombre à la lumière et de la lumière à l’ombre. La vie de tout un chacun finalement.

WTH : Tout musicien vit pour la scène, commences-tu à l’envisager pour cet automne et sais-tu déjà avec qui tu vas t’entourer pour les shows ? des shows en streaming sont-ils envisageables pour toi ?

Charley : Honnêtement non, je n’y ai pas encore pensé. Ici en Allemagne, je suis musicien professionnel sur scène et en studio et le fait est que je ne suis plus autorisé à travailler depuis plus d’un an déjà … donc en termes de priorité ce sera cela qui passera en premier et il va falloir se remettre en forme après cette année au ralenti. Ensuite, tu as raison, viendra surement le temps de l’album et l’idée d’aller le défendre sur scène effectivement.  J’y penserai le moment venu je crois. Les shows en streaming oui je vois ça autour de moi en ce moment. Pour être honnête, ça me laisse un peu de marbre. Ce n’est vraiment pas comme ça que j’envisage mon métier et ma passion, je ne me sens pas capable de faire ça. Je comprends ceux qui le font, les gars essayent de trouver des solutions et de palier au problème mais j’ai plus l’impression de voir un poisson se débattre hors de l’eau. Si tu te casses la jambe, tu ne règleras pas le problème en prenant un Doliprane. Je préfère attendre, ça prendra le temps que ça prendra mais on finira tous par remonter sur scène et repenser à tout ça comme à un mauvais souvenir j’en suis convaincu.

WTH : Un mot pour ceux qui vont découvrir la révélation de l’année 2021 qui n’a pas fini de faire parler de lui et de sa musique ?

Charley  : Et bien tout d’abord merci à What the Hell et à toi Joël pour l’attention que tu as su m’apporter et merci d’avance à tous ceux qui feront l’effort d’écouter mon album. C’est un album que j’ai écrit avec le cœur et enregistré avec les tripes tout en m’entourant de ceux que je considère comme étant les meilleurs dans leur spécialité. Allez-y, vous ne serez pas déçus !

Charley Verlaine

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