Interview du chanteur et guitariste Joe d'EVIL INVADERS

Evil invaders 2022

À l'occasion de la sortie de l'album Shattering Reflection nous avons rencontré Joe d'EVIL INVADERS qui nous a parlé de ses influences et de la composition de leur nouvel album.

WTH : Tout d’abord, comment va le groupe en cette période ?

Joe : Nous sommes très contents de sortir enfin l’album. Cela fait longtemps que l’on attend cela. On a beaucoup répété, on a préparé le concert pour la release party. On attend les prochains concerts avec impatience.

WTH : EVIL INVADERS s’est formé en 2007 mais on vous croirait sorti tout droit des années 80 ! Est-ce une volonté de nous laisser cette impression ?

Joe : C’est juste quelque chose qui s’est fait comme ça au fil des années je pense. En fait, nous sommes inspirés par les anciens groupes. Nous n’avons pas vraiment réfléchi à une image que le groupe devait avoir en nous disant "Voilà ce à quoi le groupe devrait ressembler." C’est juste que nous voyons les choses de la même façon et que nous avons ce look. Nous n’en avons jamais parlé en nous disant " Tu devrais porter ceci ou ressembler à cela. " C’est plus quelque chose qui est ancré en nous d’une certaine façon depuis le tout début.

WTH : En termes d’influences, tu me citerais quels groupes ?

Joe : Cela va des classiques du heavy metal et du hard-rock et de groupes comme LED ZEPPELIN à des choses plus extrêmes comme du death metal old school. Je dirais que l’on essaie de combiner toutes ces influences pour créer quelque chose de nouveau, dans le style des groupes de metal old school.

WTH : Déjà cinq ans sont passés depuis le précédent album. Certes, entre temps il y a eu la pandémie mais était-ce un choix au départ de vous laisser ce temps ?

Joe : Nous ne planifions jamais les choses aussi longtemps à l’avance. On écrit simplement les démos et dès que nous avons assez d’éléments pour travailler, nous allons en studio. Nous n’aimons pas trop être pressés par le temps lorsque nous composons. Mais d’un autre côté, depuis la sortie de notre deuxième album, nous avons fait beaucoup de concerts et nous n’avions pas beaucoup de temps en dehors de la tournée pour nous réunir et pour écrire des chansons. Nous nous sommes principalement concentrés sur le fait de jouer les chansons du mieux possible et de faire de très bons concerts. Nous avons aussi un travail à côté, donc les choses ont tourné un peu au ralenti en ce qui concerne la composition. Puis la pandémie est arrivée, et nous nous sommes dit : " Ok, voyons voir ce que nous avons. " Tout le monde a mis ses démos sur un grand google drive, nous avons écouté ce que l’on avait écrit et nous nous sommes dit : "Ok, on peut utiliser ça et ça. " Puis on a commencé à tout assembler pour créer les chansons qui sont sur l’album.

WTH : Comment s’est déroulé le processus de composition pour Shattering Reflection ?

Joe : Nous avons composé la plupart des titres, individuellement, de chez nous, Max et moi. Puis nous nous sommes envoyé les démos via Skype parce que nous ne pouvions pas nous voir en vrai. Nous avons fait des partages d’écrans et nous avons travaillé sur les chansons comme cela. Puis, une fois les démos terminées, ou bien à un stade où nous n’avancions plus, nous avons travaillé avec Francesco Paoli de FLESHGOD APOCALYPSE, comme producteur. Nous avons fait tout la préproduction avec lui, également par Skype. Nous lui avons envoyé toutes les pistes de nos démos, la batterie, les guitares, la basse, et la voix, tout séparément, et ensuite nous avons pu travailler sur les chansons à distance, par Skype. Donc c’était un processus de composition complètement différent de celui auquel nous étions habitués, car nous n’avions encore jamais travaillé avec quelqu’un d’extérieur au groupe. Jusqu’ici, nous avions toujours écrit la musique tous les quatre, avant d’aller en studio une fois que nous avions fini d’écrire les chansons. Là, c’était très cool d’avoir l’avis et les influences de quelqu’un d’extérieur au groupe. C’était très intéressant.

EVIL INVADERS - In Deepest Black (Official Video) | Napalm Records

WTH : Peux-tu nous raconter votre collaboration avec Francesco Paoli sur la production de cet album ?

Joe : En fait, il a surtout modifié des petites choses dans les arrangements et fait des suggestions sur les parties rythmiques pour la batterie car c’est un batteur formidable. C’était très cool de voir ce qu’il était capable de faire pour programmer la batterie sur l’ordinateur et de voir ce qu’il proposait. Parfois c’était un peu technique, un peu trop technique à notre goût, donc nous devions le ralentir un peu de temps en temps, mais il semblait vraiment comprendre le style de chansons que nous voulions faire. J’ai toujours voulu ajouter des sons plus atmosphériques et des synthés en arriéré plan sur les chansons car c’est quelque chose que n’avions jamais beaucoup fait avant. J’ai toujours voulu intégrer cela à nos compositions, pour vraiment ajouter cette atmosphère sur les chansons, pas d’une façon qui ferait que ces éléments viendraient à manquer s’ils n’étaient pas présents en live, mais d’une façon plus subtile, pour que l’on ressente la présence des effets sonores en arrière-plan. Mais en live, nous n’allons pas jouer avec des bandes sons ou des trucs du genre, donc cela devait rester subtil et je pense que nous avons réussi à faire cela de façon très cool sur cet album.

WTH : Quel est le thème de l’album et quels sont les sujets abordés dans les textes ?

Joe : Il n’y a pas vraiment de thème général. Ce n’est pas un concept album, c’est plus comme je l’ai dit, sur les choses qui nous influencent, et aussi sur ce qui nous arrive dans notre vie quotidienne, ensuite nous brodons autour pour en faire des paroles que tout le monde peut interpréter d’une façon personnelle. Mais si je devais citer quelques sujets, je dirais, la vengeance pour la chanson Die forme par exemple. Hissing in Crescendo aborde des sujets tels que l’insomnie ou les problèmes de santé mentale. Eternal Darkness traite de sujets comme la maladie ou le cancer. Sledgehammer Justice s’adresse aux politiciens et aux leaders corrompus et un peu assoiffés de pouvoir. Donc je pense que ce genre de chose peut parler à tout le monde. Nous avons des chansons comme Forgotten Memories qui aborde beaucoup de sujets comme la démence, le fait de vivre dans le passé, les moments où on se sent seul et abandonné. Pareil pour In Deepest Black. Tout le monde ressent ce genre de choses à un moment de sa vie, pour des raisons différentes, donc ces chansons parlent à ces gens, quelle que soit la situation dans laquelle ils se trouvent. C’est ce que je trouve assez cool dans la façon dont j’écris mes paroles, c’est qu’elles sont ouvertes à plusieurs interprétations.

WTH : Il y a ce titre marquant, In Deepest Black, une ballade mid-tempo qui diffère de ce que vous avez déjà joué par le passé. C’est un morceau qui vous tenait à cœur ?

Joe : Oui, tout à fait, parce que j’ai toujours voulu faire quelque chose comme cela par le passé, mais que je n’y arrivais pas, ou que je ne trouvais pas la bonne chanson. Ça ne s’est jamais fait tout simplement et cette fois c’est arrivé et je suis très satisfait du résultat. Je pense que nous avons écrit une dizaine de versions de cette chanson pour obtenir le résultat final, pour avoir la meilleure version possible. Donc c’était très amusant, mais aussi un peu frustrant par moment. Mais aussi, à cause de la situation liée à la Covid et du confinement, nous avons vraiment eu le temps d’approfondir les chansons et le résultat est définitivement au rendez-vous sur une chanson comme In Deepest Black. Je pense que si nous avions été pressés par le temps comme nous le sommes en général lorsque nous enregistrons un album et que nous avons des délais à respecter, alors je pense que nous n’aurions pas obtenu ce résultat.

WTH : Le choix du deuxième extrait s’est porté sur Sledgehammer Justice qui est à l’opposé du premier single. On pourrait croire que c’était le calme avec In Deepest Black avant la tempête avec Sledgehammer Justice ?

Joe : Oui, en fait, nous avons choisi In Deepest Black comme première chanson, parce que nous voulions vraiment que les gens se rendent compte que nous ne sommes pas juste un groupe de Thrash classique et que nous essayons de mélanger beaucoup d’influences. Il y a également des influences Hard Rock dans notre musique. Les gens nous voient avant tout comme un groupe qui fait du Speed Thrash dans le style des années quatre-vingt et c’est peut-être à cause du style de chansons que nous avons composées par le passé, mais nous avons évolué ces dernières années, aussi bien en tant que compositeurs qu’en tant que musiciens. C’est pourquoi nous voulions vraiment marquer le coup en choisissant cette chanson comme premier extrait. Les gens s’attendaient à quelque chose de très rapide et de violent, et tout à coup arrive In Deepest Black : " Oh, c’est quoi ça ? " Les gens commencent à avoir peur, à se dire " Oh non, ils ont changé " et là arrive Sledgehammer Justice qui est le type de chanson que l’on fait tout le temps. J’aime vraiment ce contraste et surprendre les gens avec ce genre de choses.

EVIL INVADERS - Sledgehammer Justice (Official Video) | Napalm Records

WTH : Est-ce qu’on peut dire que Shattering Reflection est l’album de la maturité ? Ou en tout cas le plus abouti ?

Joe : Absolument. Je vois une constante évolution dans la façon dont nous faisons les choses depuis le tout début. Il y a toujours eu une évolution à chaque album. Nous sommes toujours allés un cran au-dessus en termes de production et de composition, même chose pour le live. Et je pense que cet album est définitivement deux crans au-dessus des prises habituelles. Donc oui, nous avons évolué, et nous avons vieilli aussi, donc je pense que chaque nouvel album sera l’album de la maturité ou quelque chose du genre. Je pense qu’il y a beaucoup de choses variées sur cet album. Il y a beaucoup de chansons très rapides et beaucoup de chansons très lentes, et un bon équilibre dans la façon dont elles s’enchaînent sur l’album. Donc c’est en cela que cet album nous montre sous notre meilleur jour je pense.

WTH : Des clips ont été tournés pour In Deepest Black et Sledgehammer Justice sous la houlette de Niels Van Roy. Comment ça s’est passé ?

Joe : À vrai dire, c’était beaucoup de travail. En fait, c’était la première fois que j’écrivais vraiment tout le script avant le tournage. Auparavant, j’avais toujours une idée en tête, concernant la façon dont je voulais faire les choses, mais par le passé, au moment du tournage, nous faisions des erreurs et nous négligions certains points. Donc j’ai appris de mes erreurs passées. Et travailler avec Niels était super cool parce qu’il comprenait ce que nous voulions, et l’a réalisé d’une façon qui nous plait beaucoup. La prochaine vidéo (NDLR : le clip de Die For Me, qui n’était pas encore sorti au moment de cette interview) est vraiment la meilleure à mon avis, aussi bien pour ce qui est du scénario, que pour le style. Le tournage a duré quatre jours et nous avons réalisé trois clips entre quatre jours, tous au même endroit. Il s’agit d’une vieille mine abandonnée qui se trouve chez nous en Belgique. C’était vraiment cool. C’était dingue. Nous étions là, il faisait trois degrés dehors, il n’y avait pas du tout de chauffage parce que c’est comme une grande usine vide, donc on se gelait les miches du matin jusqu’au soir. C’était intense, mais ça valait vraiment le coup.

WTH : Ces clips proposent des ambiances vintages. Était-ce votre but ?

Joe : Oui tout à fait. Je suis très inspiré par les vieux films d’horreurs. J’aime vraiment ces films, leur ambiance et les jeux de lumières. Tout est très bien éclairé, l’arrière-plan, les visages, et d’une certaine façon nous avons essayé de copier cela. Ça se voit bien dans le clip de Sledgehammer Justice. Nous voulions vraiment mélanger le style des films d’horreur de la Hammer avec celui de films des années quatre-vingt-dix comme The Mask ou comme les Batman de Tim Burton, ce genre d’ambiance et de styles. Nous avons vraiment essayé de les mélanger pour obtenir quelque chose qui se trouve entre les deux.

WTH : Vous deviez vous produire à travers l’Europe actuellement mais malheureusement, tournée annulée pour cause de covid donc non reportée mais est-ce que vous préparé une nouvelle tournée ?

Joe : Oui, nous allons jouer dans des festivals et nous avons quelques concerts de prévu aux Pays-Bas, mais malheureusement rien de confirmé en France pour le moment. C’est quelque chose que nous sommes en train de voir avec notre booker, mais rien n’est confirmé pour l’instant.

WTH : Pour conclure, as-tu un message pour ceux qui vous suivent en France ?

Joe : Je dirais que je suis très surpris de voir que nous faisons beaucoup d’interviews pour la France cette fois-ci. Il semblerait que nous ayons beaucoup de fans ici donc j’espère que nous allons bientôt revenir. Vous êtes super ! Nous avons joué à Paris et dans des endroits comme le Motocultor et c’était absolument incroyable, donc j’espère que nous serons bientôt de retour. Et écoutez notre nouvel album !

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