Entretien avec Matthieu, bassiste de THERAPHOSA

Theraphosa

Le groupe français THERAPHOSA, classé metal progressif, est composé de Martin, Matthieu et Vincent. Après un EP remarqué en 2018, ils viennent de sortir leur premier album intitulé Transcendance. Enregistré à Paris, au Studio Sainte-Marthe, il est produit aux Editions Hurlantes et distribué par Season of Mist. Matthieu s’est prêté au jeu de l’interview, avec Christian DELEPEE pour What The Hell, pendant près d’une heure, montrant ainsi qu’il a beaucoup à dire, au plan conceptuel et musical, sur leurs créations.  C’est d’autant mieux venu qu’il y a aussi beaucoup à entendre, car l’album cumule, emmêle et oppose, en 8 morceaux, climats, rythmes et chants.

Le compte rendu associe les restitutions des échanges à un rapport plus analytique, pour tenir un format qui aille à l’essentiel. Et puisse guider l’auditeur dans sa découverte. Merci à Matthieu pour sa disponibilité et aussi, d’avoir fourni le lyric de Mother Night.

WTH : La première partie de l’entretien est consacrée au groupe, la seconde à votre musique et l’album. Le but est de faire parler, et éviter d’imposer un avis, une grille de lecture, etc. Le groupe : trois frères ? Une fratrie : trois âges nécessairement différents mais une unité, une ambiance familiale ? La première partie de l’entretien est consacrée au groupe, la seconde à votre musique et l’album. Le but est de faire parler, et éviter d’imposer un avis, une grille de lecture, etc. Le groupe : trois frères ? Une fratrie : trois âges nécessairement différents mais une unité, une ambiance familiale ?

Matthieu : Theraphosa est une affaire de famille, car notre mère est notre manager.  Notre batteur, Martin, est notre frère « par le sang versé », car je le connais depuis mon plus jeune âge. Nous avons tissé des liens très forts. Le cadre familial nous suffit car notre formation nous permet de nous exprimer comme nous le souhaitons. Au plan musical, mon frère, Vincent, a été le fondateur du groupe, et avant lui, mon père (guitare et basse) et mon oncle (guitare), ont dispensé la culture et les ferments de Theraphosa. Je me suis lancé à 12 ans à la basse, pour accompagner mon frère alors âgé de 16 ans, quasiment par hasard... En 2007, j’ai proposé naturellement à Martin de nous accompagner à la batterie. Aujourd’hui je suis comblé par ce choix.

WTH : Un milieu familial musical, des études musicales ?

Matthieu : Mon frère et moi-même avons fait un an d’études musicales, stoppées pour rentrer en studio pour enregistrer l’EP éponyme de Theraphosa. C’était en 2016.

WTH : Le nom du groupe ?

Matthieu : Il vient d’une décision commune et de la passion de Vincent pour les araignées. Il a possédé jusque 80 mygales dont la plus grosse était Theraphosa Blondi. C’est aussi et surtout un reflet de notre aspiration musicale : l’araignée suscite attrait et répulsion, comme notre musique cherche à plaire et inquiéter.

WTH : Quand on veut se consacrer à la musique, on fait des choix. Alors pourquoi avoir choisi le métal ? Et pas de la pop par exemple ?

Matthieu : Très bonne question ! D’abord parce que Vincent compose la majeure partie des morceaux et que le métal est le style dominant dans ses influences. C’est aussi un genre très vaste au plan musical, très ouvert et très permissif. Si Theraphosa ne faisait pas de métal, nous jouerions du classique. Mais cela s’est posé comme une évolution naturelle sans choix « à froid ».

WTH : Dans l’album, la musique classique « s’entend », est-ce une évolution ou un choix du moment ? Et comment Theraphosa traduit l’influence de la musique classique dans ses compositions ?

Matthieu : Musicalement cela se traduit par des chœurs, à l’exemple de Legacy of Arachné ; un coté lancinant inspiré du romantisme. Mais aussi une recherche harmonique, sans devenir lourd à écouter. L’héritage classique nous inspire l’élégance et le devoir d’excellence.

WTH : Votre EP est sorti en 2018. Comment définis-tu l’évolution musicale entre les deux œuvres et sa traduction dans l’album Trancendance ?

Matthieu : Effectivement, nous avons enrichi notre langage musical d’influences romantiques et de musique classique. Le morceau « Mother Night » en est une bonne illustration.

WTH : J’ai même entendu des chœurs et des violons dans l’album…

Matthieu : La musique de Theraphosa bénéficie d’une influence très religieuse, presque liturgique, et l’album la consacre. L’EP était plus brut, plus « metal mainstream » ; Transcendance plus adouci en comparaison, plus développé et abouti.

WTH : Jan Rechberger d’Amorphis est cité dans votre bio, quelle est son influence aujourd’hui ?

Matthieu : Il est lié à l’histoire du groupe car il nous a donné accès à l’univers professionnel du métal.

WTH : Et vos ambitions sont professionnelles ?

Matthieu : C’est un but, mais l’instant apporte déjà ses satisfactions personnelles. L’aspect économique et médiatique ne m’attirent pas du tout.

Theraphosa - The Curse of Chronos (Official Video)

WTH : Comment développes-tu les « mélodies fatalistes et ténèbres immuables » fournies comme orientation de l’album par la bio ? Comment les textes sont-ils liés à votre musique ?

Matthieu : Le thème général de l’album tourne autour des concepts de transcendance et sur la condition humaine. D’où ces morceaux où se jouent et s’opposent le dépassement physique et intellectuel à la capacité humaine à faire le mal et à côtoyer la déchéance. The Curse of Chronos est un excellent exemple, où se mêle le temps. L’album est prétexte à ces réflexions philosophiques, tournées aussi vers le religieux. Le thème central est sombre tout en offrant des perspectives plus éthérées, une dimension eschatologique que l’on retrouve dans la musique et l’enchainement de ses 8 morceaux. Les morceaux sont composés à 90% par Vincent (guitare), qui tient aussi le chant growl, très présent dans Stigmata of the purest pain qui ouvre puissamment l’album. Je fais les parties en chant clair et je me suis investi sur la moitié des textes de l’album.

Les lyrics de l’album figurent sur le livret qui l’accompagne, et celui de Mother Night est reproduit ci-dessous.

« Silence reigns now

Hangman of unruly pains

Cradle of the divine

Ô gracious darkness

Abyssal gods of creation

And stars whisper now

Bereft of all eternal light

As they embraced shadows

To instill a new life

Mother night

Hold me in your arms

For here all the lights have died

And under your veil, I will live again

Mother night

Untamed affliction

A sweet sacrifice

The ancient grief

The heart of wisdom

A schism between the earth and the sky

The voice of the sun

Exhilarating sorrow

Catalyst of regeneration

Mother night

Hold me in your arms

For here all the lights have died

And under your veil, I will live again

Mother night

My soul in flames

Throne of a new reign

Scars made divine

Scars made divine

Scars made divine

Scars made divine

These demons inside

I need them to feel alive

I have felt the warmth of hell

And I have met the greatness in the blood shed

I killed who I was

I died to revive ».

WTH : Sans renier la pertinence et la cohérence de ses morceaux, peux-tu choisir trois titres que personnellement tu préfères dans cet album ?

Matthieu : Stigmata of the purest pain, Dies Irae, Attrition. Car ils sont très représentatifs de nos thèmes musicaux, compositions et leurs relations avec les concepts de l’album.

WTH : La crise sanitaire ne durera pas, et que projetez-vous après cet album ?

Matthieu : La scène ! C’est-à-dire en région parisienne et si plus loin avec les moyens qui sont les nôtres.

WTH : Cultivez-vous une identité visuelle sur scène ? Comment reproduire tous les thèmes musicaux de l’album et notamment les chœurs ou violons ?

Matthieu : Nous cherchons à coller à l’image de Theraphosa Blondi : élégants, distants et intrigants, vêtus en noir, tout en transmettant la passion qui nous anime. Le groupe s’est donné les moyens techniques de servir du live tout en respectant l’originalité de ses créations.

WTH : Un mot de conclusion ?

Matthieu : Nous remercions tous ceux qui nous permettent de présenter notre musique, de partager nos créations. Nous espérons participer au développement du métal français, français car la France est riche d’une culture qui ne demande qu’à servir de socle aux musiciens, comme la culture nordique sert l’essor des groupes de métal suédois, norvégiens, danois, etc.

Theraphosa

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