Entretien avec le guitariste PAT O'MAY

Pat omay 2021

Il est dommage que le travail certains musiciens Français ne soit pas reconnu quand on voit le talent qu’ils peuvent avoir déjà quelques décennies de carrière derrière eux, tout comme le guitariste et compositeur Pat O’May. Il revient en force avec un concept-album, une nouvelle production audacieuse, une histoire d’une heure que nous raconte ce guitariste d’exception.

Romain : Tu es guitariste, chanteur et compositeur. Tu as commencé très jeune. Qu’est-ce qui t’a donné cette envie de devenir guitariste ?

Pat : C’est en découvrant Ritchie Blackmore de DEEP PURPLE. Dès que j’ai écouté l’album Machine Head, je me suis dit que c’est vraiment ça que j’ai envie de faire. Du moins j’essaye !

(Rires).

Romain : Tu as fait partie du groupe de Hard Rock MARIENTHAL et après sa séparation, tu sautes le pas de lancer une carrière solo vers le milieu des années 90. Qu’est-ce qui t’a décidé ?

Pat :  En fait j’avais envie d’être libre musicalement. Le fait de partir en carrière solo a été ma liberté parce que lorsque tu joues dans un groupe tu vas écrire pour son esthétique et s’il y a des choses que tu as envie de faire, tu ne peux pas forcément les faire seul car un groupe c’est collectif et tu n’es pas le seul décisionnaire. En gros, je n’avais pas envie de négocier ! (Rires). En partant en solo, je n’avais pas cette contrainte. Et je ne regrette pas ce choix malgré les inconvénients. Comme je touche à plusieurs styles de musiques différents, je peux mélanger les choses comme je l’entends.

Romain : Tu as enchaîné les albums depuis Bob up en 1995 et en parallèle tu as travaillé avec Canal + et France Télévisions, notamment pour l’émission Thalassa pour laquelle tu as composé la musique d’une centaine d’émission. Comment t’ont-ils proposé ces collaborations ?

Pat : Pour Thalassa, c’était après avoir sorti mon deuxième album Kids and the War. Il y a un morceau dedans qui s’appelle Bordering on Madness, un titre instrumental avec des choses assez barrées. Et il se trouve que certaines émissions de Thalassa ont été tournées en Bretagne et le monteur avait acheté mon album et a proposé ce titre-là au réalisateur ce qu’il a accepté. Ils l’ont utilisé pour une émission et quelques jours après, ils m’ont contacté pour savoir si j’avais d’autres morceaux de ce genre à proposer. Je leur ai carrément proposé de leur en composer sur mesure. Il faut s’avoir qu’à l’époque je n’avais jamais fait ça. C’est le genre de truc que tu oses faire lorsque tu as 25 balais. Ça a commencé comme ça, et pour Canal +, ils ont découvert ce que je faisais pour Thalassa, ça leur a plu et ils m’ont également fait des propositions.

Romain : Tu as également participé aux opéras-rock Anne de Bretagne et Excalibur, tu as tourné avec le MARTIN BARRE'S BAND, Uli John Roth, Pat Mac Manus, joué avec SCORPIONS au Zénith de Nancy. Quels ont été tes meilleurs souvenirs ?

Pat : Ils ont tous une saveur particulière. C’est difficile d’en évoquer qu’une seul mais ça va déprendre du moment. Là quand tu me parles d’Excalibur, du Martin Barre’s Band et là du coup je me rappelle un concert qu’on a fait à Munich sous le stade olympique, un endroit où je suis allé lorsque j’étais tout minot avec mes parents en vacances, je m’étais dit me voilà des années plus tard à y jouer en tant que guitariste, je ne l’aurai jamais pensé. Mais voilà, tu m’aurais reposé la question dans une heure d’une autre façon, je t’aurai ressorti un autre souvenir. Mais de façon globale, de visiter pleins de pays différents, de travailler avec ces gens-là c’était super.

PAT O'MAY - IN THIS TOWN (clip officiel)

Romain : Peux-tu nous présenter ton dernier album Welcome To A New World ?

Pat : Ça faisait un moment que je voulais faire un concept-album. Jusqu’à présent, à chaque album, j’ai toujours essayé de raconter une histoire au travers d’un morceau et là j’ai eu envie de tenter l’expérience de raconter une histoire pendant 1 heure et chaque morceau passe par cette histoire-là. C’est venue avec toutes mes expériences passées avec le travail à l’image que j’ai fait, voire un peu cinématographique, un cumul de toutes ces choses là qui ont donné du sens à l’album comme pour le personnage de Mr No Face par exemple.

Romain : Qu’est-ce qui t’as inspiré pour le thème de ce concept-album ?

Pat : Je suis très inspiré par ce qui nous entoure. La première chose que je te dirais c’est que cet album a été écrit envie la pandémie de covid. Le titre de l’album, Welcome To The New World, n’a rien à voir avec la situation actuelle. En revanche, il est vrai qu’il y a des choses que se télescope avec ça, forcément, parce que ce personnage de Mr No Face réalise à un moment donné qu’il n’a plus aucun sens, il ne voit plus, il n’entend plus, il n’a plus d’odorat, etc… Il va dans un premier temps se poser la question, est-ce qu’il est né comme ça ou est devenu comme ça donc il part en quête de réponse et cette réponse est qu’il est enfermé dans ses peurs, peur de vivre, peur de ne pas être libre, peur de sortir de son confort et il va passer tout son temps à les combattre.

Romain : Comment t’est venue l’idée d’introduire ce personnage ?

Pat : C’est une thématique à laquelle je pensais depuis un petit moment, un truc que j’avais envie de traiter mais que ne s’était jamais concrétisé et ça s’est présenté à ce moment-là.

Romain : Tu as tout écrit et composé seul mais tu t’es entouré d’amis musiciens. Comment ça s’est passé avec eux ?

Pat : Ça s’est très bien passé étant donné le batteur John Helfy et le bassiste Christophe Babin sont les musiciens avec qui je tourne depuis dix ans et j’aime tellement le son qu’on produit live, notre façon de jouer ensemble, que j’avais envie de retrouver cette ambiance en studio car ça passe tellement bien musicalement et humainement. J’ai toujours eu la chance de jouer avec de bons musiciens dans mes différentes formations et il fallait vraiment que l’on grave ça dans le marbre et aller encore plus loin dans notre travail et c’est aussi pour cette raison que j’ai voulu qu’on enregistre l’album à l’ancienne.

Romain : Les titres de l’album s’enchaînent avec sound design pour une parfaite transition. C’est pour maintenir en haleine l’auditeur du début à la fin ?

Pat : Exactement, je voulais que le court de l’histoire de s’arrêter pas en plein milieu comme dans un film et il y aura la même chose en live.

Romain : Tu disais qu’en live les morceaux s’enchaîneront comme sur l’album donc comment abordes-tu les prochains concerts, avec une scénographie ou juste concert classique ?

Pat : On n’a pas bossé de scénographie mais il y aura de la vidéo et bien entendu l’album sera joué en intégralité et ensuite on finira avec un set de trente minutes, trois quart d’heure d’ancien titre qu’on aime jouer.

Romain : Je te laisse le dernier mot pour nos lecteurs !

Pat : Faites comme No Face, libérez-vous !

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Pat O'May

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