SABATON + BABYMETAL + LORDI // Le Zénith, Paris – 21/04/2023

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De la consécration à la confirmation. Trois ans après un concert mémorable au Zénith de Paris avec APOCALYPTICA et AMARANTHE, les Suédois de SABATON étaient de retour dans cette même salle ce 21 avril dernier, alors qu’il était prévu un an plus tôt à la Scène Musicale, une sorte de confirmation pour le groupe qui a tissé un lien de plus en plus fort avec le public français, notamment grâce aux chanson qui nous sont consacrées comme les champs de Verdun ou plus récemment dédié à un héro français de la première guerre, ce remplacement au pied levé de MANOWAR au Hellfest 2019, entre autres choses. Avec les monstres Finlandais de LORDI et le phénomène Japonais BABYMETAL, les SABATON nous ont offert un grand spectacle qui marquera à jamais la prestigieuse salle de la Villette.

LORDI

Oui oui ! On prend les mêmes et on recommence ! Car nous étions là lors du dernier passage de LORDI à Paris en novembre dernier. Après la série de sept albums sortis en même temps sous la forme d’un coffret baptisé Lordiversity, l’inspiration du combo Finlandais ne s’était pas tarie car un autre album vient de sortir en mars dernier, Screem Writers Guild et le moins que l’on puisse dire c’est que ce n’était pas une machine industrielle, la qualité reste au rendez-vous. Et c’est sur Dead Again Jayne que le groupe ouvre son set, titre issu de cet album et nous auront droit à un deuxième extrait avec Lucyfer Prime Evil un peu plus loin dans leur show. Seulement deux titres car LORDI connait son public et avec seulement 40 minutes, le groupe laisse place aux tubes comme Would You Love a Monsterman ?, Blood Red Sandman ou encore Devil Is A Loser durant laquelle Mr Lordi déploiera ses ailes.

Le jeu de Mana derrière ses fûts impressionne toujours autant et l’effet visuel de son gauche-droite sur les cymbales apportent un plus. De son côté, le guitariste Kone, le dernier arrivant dans le groupe, nous gratifiera d’un solo magistral sur Lucyfer Prime Evil. Et forcément, LORDI nous jouera son hit planétaire Hard Rock Hallelujah, grosse ferveur dès les premières notes de la claviériste Hella. Court mais intense, LORDI tire sa révérence pour laisser place aux Japonaises de BABYMETAL.

BABYMETAL

On change complètement d’univers avec BABYMETAL, issue de la scène Idole japonaise, ce qu’elles appellent du "Kawai metal". En gardant toute mon objectivité, hormis les chorégraphies farfelues, la musique est très lourde et puissante car les musiciens dans l’ombre sont bels et biens des joueurs de metal et selon les rumeurs, des ex-membres de DELUHI pourraient être dans le lot. Mais ceux-ci jouant visages masqués, avec des masques ressemblant à s’y méprendre à ceux des Nameless Ghouls de GHOST (datant d’avant le dernier album Impera) le mystère s’entretient autour d’eux, laissant la lumière à la chanteuse et les danseuses qui l’accompagne.

On peut quand même souligner l’excellente technique vocale de Suzuka. Le trio fera une entrée théâtrale, presque militaire au rythme de la batterie sur BABYMETAL DEATH. Malgré le côté cliché du metal, bon nombre de spectateur se prêteront au jeu et des pogos iront bon train et même un wall of death un peu raté sera orchestré. Après 40 minutes, les Japonaises quittent la scène et au vu de l’accueil plutôt positif du public, le groupe a su captiver, peut-être refroidi certains, mais avec SABATON, ils seront vite requinqués.

SABATON

L’impatience est à son comble lorsqu’enfin les lumières s’éteignent pour annoncer le début du show de SABATON. L’intro du titre Sarajevo commence à retentir puis s’arrête tout d’un coup, on croit peut-être à un loupé mais pas du tout, c’était fait exprès pour faire la transition sur l’intro Sun Tzu Says de l’album The Art Of War. Les phares du char sur lequel trône la batterie s’allument, premier déluge de pyrotechnique sur le début de Ghost Division, le traditionnel titre d’ouverture, pour une arrivée magistrale des Suédois. Le nom de la tournée forme un énorme arc au-dessus de la scène. Le chanteur Joakim Brodén, toujours avec ses lunettes de soleil et son plastron, est bien en voix ce soir et il s’équipera d’un bazooka dans lequel se cache un simple pétard pour un tir en direction du char. L’énorme ferveur à laquelle on s’attendait s’empare du Zénith alors que SABATON s’apprête à raconter l’histoire du Bismarck, le fameux cuirassé allemand de la seconde guerre mondiale, avant de remonter plus loin avec The Last Stand, narrant l’action défensive de la Garde Suisse pontificale lors du Sac de Rome en 1527. Pendant l’un de ces titres, les guitaristes et le bassiste viendront taquiner Joakim, collant leur médiators sur le front transpirant du chanteur, moment épique !

Avant d’annoncer Into The Fire, le frontman prendra le temps d’un premier échange avec l’assistance et il sera toujours aussi ravis de voir cet accueil du public français dans un Zénith archi-complet. Et grosse surprise de la part du combo, Carolus Rex qui sera chantée en Suédois alors que généralement elle est chantée en anglais en dehors de la Suède, ça fait toujours plaisir. Autre surprise, une logique exclusivité pour nous, le groupe nous jouera The First Soldier, titre consacré à Albert Séverin Roche, proclamé Premier Soldat de France par le Maréchal Foch lors de la première guerre mondiale car ce héro a réussi l’exploit de capturé plus de 1000 soldats ennemis et a permis la libération de l’Alsace entre autres. Pour plus de détails, je vous renvoi à la vidéo de Nota Bene racontant son histoire.

Selon les titres joués ce soir, plusieurs figurants en uniforme viendront sur les éléments de scène de part et d’autre du char, sur lesquelles les guitaristes Tommy Johansson et Chris Rörland monteront également de temps à autre alors que le bassiste Pär Sundström se placera sur le tank devant la batterie. La scénographie du groupe est également ponctuée de projections d’images en rapport avec les chansons, SABATON ne laisse rien au hasard. Et on reste sur la der des ders avec Sarajevo, là où tout avait commencé avec l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche, puis avec Stormtroopers, en Allemand Sturmtruppen, les unités d’élite des troupes d’assaut de l’armée impériale allemande, 1916, leur reprise de MOTÔRHEAD, l’histoire d’un jeune soldat de 16 ans qui rejoint la bataille dans les tranchées. Sur Soldier of Heaven, une fausse neige tombera sur le sol du Zénith pour faire corps avec le sujet de la chanson, la bataille du Front Alpin et particulièrement du Vendredi Blanc au cours duquel plusieurs avalanches tuèrent plusieurs soldats, que ce soient les positions Allemandes qu’Austro-Hongroises, comme si la nature elle-même prenait part au combat. Toutes ces histoires résonnent à travers les compos de SABATON jouées ce soir. Au moment de Dreadnought qui parle des cuirassés de guerre et du conflit naval du Jutland, l’ambiance de ce titre en live nous donne encore plus cette impression d’y être, avec le bruit des vagues en fond sonore.

Après quoi, comme lors de précédents concerts, un claviériste habillé en soldat pilote viendra jouer pour le titre The Red Baron, qui raconte l’histoire de l’aviateur Allemand Manfred von Richthofen alias le Baron Rouge avec le clavier caché dans un avion factice à l’effigie du véritable appareil. S’en suit Father, parlant du chimiste Allemand Fritz Haber, considérer malgré lui comme le père de l'arme chimique alors qu’il avait obtenu un Prix Nobel en 1916. Puis les membres de SABATON revêtiront des masques à gaz dont Joakim avec son micro intégré pour interpréter The Attack Of the Dead Men parlant de la bataille de la Forteresse Russe d’Osovitse durant laquelle les Allemands bombardèrent les Russes à coups d’armes chimiques. Toutes ces mises en scène apportent au show tout son côté spectaculaire toujours apprécié par les fans du groupe. Puis le taulier du groupe, le leader et bassiste Pär Sundström, viendra faire un échange avec le public, un moment d’émotion où l’assistance lui fera une véritable ovation si bien que le musicien en aura les larmes aux yeux. Il nous exprimera toute sa reconnaissance avant d’annoncer le dernier morceau avant les Rappels, Christmas Truce racontant le Noël des soldats dans les tranchées.

Petite pause pour le groupe avant de revenir pour les rappels, tout d’abord Primo Victoria où toute la fosse se mettra à sauter. Puis ce titre qui nous rassemble tous, l’air fredonné par le public tous azimuts, Swedish Pagans, rebaptisé French Pagans pour l’occasion. SABATON jouera les prolongations sur ce titre qui sera ponctué par un solo de batterie de la part d’Hannes Van Dahl et d’un grand moment de complicité entre les membres du groupe. Enfin, les Suédois clôtureront ce concert d’anthologie sur To Hell And Back qui sera suivie par un tonnerre d’applaudissements et un festival d’ovation tellement mérité. SABATON a littéralement mis le feu au Zénith de Paris, et après la consécration du public français lors du concert de 2020, le groupe confirme en 2023 son statut de grosse machine du Heavy Metal Suédois avec ce concert mémorable si bien que les murs du Zénith s’en souviendront pour longtemps. Remerciements à Olivier Garnier de Replica Promotion de nous avoir permis couvrir cet événement immanquable.

Photos : Luca Liguori

Sabaton Babymetal Lordi

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