Hellfest 2022 Part.2 – Jour 6 // Clisson – 25/06/2022

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Deuxième samedi au Hellfest et l’état du sol sur beaucoup d’endroit ne peut qu’évoquer les souvenirs d’une certaine édition 2007, à la différence près que cette fois l’organisation a prévu le coup en déversant des copeaux de bois pour que la boue se résorbe. Hormis cette anecdote, c’est une journée où les femmes au chant sont à l’honneur, entre Floor Jansen de NIGHTWISH, Simone Simons d’EPICA, Fabienne Erni d’ELUVEITIE ou encore Amalie Brunn de MYRKUR, on est servi !

En ouverture de cette journée, on retrouve le collectif DROPDEAD CHAOS sous l’Altar, composés entre autres de membres de TREPALIUM, BLACK BOMB A ou encore SIDILARSEN, formé lors du premier confinement dans le but de soutenir les salles de concerts en difficultés, les bénéfices de cette formation leur étant reversé ainsi qu’à la Fondation de France. Très bel accueil à une noble initiative, tandis qu’EXISTANCE joue de son Heavy Metal puissant en mainstage, du NWOBHM à la Francaise. Et alors que l’on trouve beaucoup d’introspection avec les envoutants CHANTS DE NIHIL sous la Temple, c’est un nom incontournable de la scène Blue Rock française qui se produit sous la Valley. En somme, de quoi bien commencer la journée.  Avec AUTARKH sous la Temple, on se rend vite compte qu’une table de mixage à la place où on est sensé trouver une batterie.

On pourrait se dire tout simplement qu’ils ont opté pour une boite à rythme alors que ça va plus loin que ça. On sent que ce groupe originaire des Pays-Bas veut clairement casser les codes du metal extrême en ajoutant ce côté électro à son œuvre, de quoi piquer la curiosité de certain. Autre curiosité, et cette fois ça se passe en Warzone, avec les Suédois de MARTYRDÖD et leur Crust-Punk. Là on va prendre tout ce qu’on peut trouver dans le Punk-Hardcore, le D-Beat et le Metal Extrême et on assemble le tout. Ce combo semble être expert en la matière avec carrément des passages assez Black. En somme, beaucoup de lourdeurs dans les riffs au même titre que HUMANITY’S LAST BREATH et leur deathcore bien brutal. C’est notre grosse découverte du jour, des guitares qui grognent, un growl puissant de la part du chanteur, le combo Suédois porte bien son nom qui est parfaitement d’actualité.

Autre sympathique découverte, MY OWN PRIVATE ALASKA sous la Valley se qualifie de Pianocore, un nom bien choisi pour un groupe qui remplace les guitares par des pianos pour des compositions atypiques et qui marchent bien pour le coup ! Décidément, Ben Barbaud a le chic pour nous faire venir des groupes qui aiment casser les codes. Mais l’association a aussi une fâcheuse tendance à mettre des groupes sur des scènes qui ne correspond pas à leur style, c’est le cas de BETRAYING THE MARTYRS, qui certes tire parfois vers le Deathcore mais qui est principalement Metalcore. Mais le groupe semble être à l’aise par le cadre et se donne à fond surtout quand on voit le monde présent pour ce groupe incontournable de la scène française et ce malgré le départ de son emblématique chanteur Aaron Matts car sa relève est assurée avec le nouveau chanteur Rui Martins, chanteur Portugais qui se montre à la hauteur de son prédécesseur.

On aurait pu croire que BTM se serait écroulé après le départ d'Aaron, cette prestation au Hellfest a littéralement prouvé le contraire et le groupe a encore de belles années devant lui. Et s’il y a bien une formation au line-up instable qui a su stabiliser depuis quelques années, c’est bien ELUVEITIE. Car depuis le départ de trois de ses membres phares, Anna Murphy, Merlin Sutter et Ivo Henzi, leur leader Chrigel Glanzmann a su rebondir en intégrant des musiciens tout aussi talentueux, notamment Fabienne Erni qui est, pour ma part, l’une des plus belles voix du monde du Metal. Le collectif s’accorde toujours aussi bien et c’est toujours une prouesse d’allier tous les instruments. Les Suisses changeront leur habitude de garder Inis Mona pour la fin pour nous la jouer en troisième titre. Les classiques sont toujours présents comme A Rose For Epona, suivi par Ambiramus. Fabienne qui ne parlait jamais au public lors de ses débuts dans le groupe fini enfin par prendre le micro et à s’adresser à nous en Français qui plus est. Et comme d’habitude, la version française de The Call of the Mountains, l’Appel des Montagnes, sera jouée comme dans tous les pays francophones. ELUVEITIE, c’est le Folk Metal dans toute sa splendeur.

On peut venir d’Australie et jouer du Punk Celtique comme THE RUMJACKS. Avec une ambiance festive façon Saint-Patrick, rappelant au passage leurs homologues de Boston, le groupe a transformé la Warzone en Irish Pub géant, de quoi vider les fûts des désoiffeurs. De retour côté Mainstage 2, on découvre l’impressionnante scénographie d’un groupe de metal symphonique qu’on ne présente plus, EPICA. Certains y voit un pale copie de NIGHTWISH, mais les Néerlandais s'en sont pourtant démarqué, d’abord par un univers totalement différent, des rythmiques un peu plus soutenues et sans oublier les passages de voix gutturales de monsieur Mark Jansen. Et malgré des envolées lyriques qui peuvent faire penser à une certaine Tarja Turunen, le style de Simone Simons lui est propre et tout fan sait faire la différence. Au niveau de la setlist, EPICA nous propose un petit best-of de titres culte comme Unchain Utopia, Cry for the Moon ou encore Sancta Terra. Mais ce qui marque lors d’un concert d’EPICA, c’est le fameux wall of death orchestré sur Consign to Oblivion, et la pyrotechnie apporte vraiment un plus à la prestation.

Avec IGORRR, on est dans la quintessence de l’OVNI musical. Ce projet mené par Gautier Serre tel un chef d’orchestre nous plonge dans un univers qui part dans tous les sens. Difficile de définir le registre dans lequel se trouve le groupe, on peut éventuellement parler de Baroque core. Le style est tellement indéfini qu’on se demande s’ils se cherchent encore. Quoi qu’il en soit, IGORRR peut laisser perplexe les non-initiés car il faut aimer. Côté Warzone, on retrouve un groupe dont le nom annonce la couleur d’emblée. Avec TOUCHÉ AMORÉ, on comprend vite que derrière ce nom se cache un groupe de Post-Hardcore où la mélancholie et la morosité priment, mais la formation reste quand même loin des clichés emo. Les Ricains insufflent beaucoup d’énergie sur scène et communiquent bien avec le public de la Warzone. Les compos mêlent parfaitement mélodie et refrains catchy avec le côté Hardcore tout aussi présent, de quoi toucher les festivaliers en plein cœur.

Malgré presque 30 ans d’existence, c’est la première fois que DRACONIAN foule les terres Clissonnaises mais mieux vaut tard que jamais. Oscillant entre Metal Gothique Doom, malgré la lenteur des chansons, on ne peut que remarquer la lourdeur des riffs et on peut dire que les Suédois savent quand même faire cracher les amplis. Et le style n’entache même pas la présence scénique, un non-fan de Doom peut au moins leur reconnaître ça. D’ailleurs en parlant de présence scénique, si NIGHTWISH est ce qu’il est aujourd’hui c’est vraiment grâce aux talents de Floor Jansen et sa sublime voix. Alors c’est certain que le groupe Finlandais d’aujourd’hui n’a plus rien à avoir avec celui des années 2000, mais ce virtuose qu’est Tuomas Holopainen a toujours su tenir la barre. (Voir article détaillé).

Une autre voix à ne pas manquer ce jour-là, c’était bien celle d’Amalie Brunn avec son one woman band MYRKUR pour un set majoritairement dédié à l’album Folkesange. Amalie est toute vêtue de blanc tel un ange, ce qui colle bien à son personnage et à son chant envoutant. MYRKUR nous fait voyager dans les landes scandinaves avec une musique calme et très atmosphérique qui contraste avec l’ambiance du Hellfest. Malgré quelques soucis techniques, MYRKUR tiendra son set jusqu’au bout et nous aura quand même subjuguer.

Alors par contre, la grosse surprise du jour, c’est quand même KADAVAR. Beaucoup de non-fan de Stoner pensent que ça n’envoi pas assez en live, et bien le combo Allemand est la preuve vivante que ce n’est pas forcément vrai car c’était une énorme claque. Le côté vintage des années 70 et l’ambiance psychédélique sont bien présents mais avec des compos brutes de décoffrage qui envoient du très lourd en live. Comme quoi, ne jamais juger un livre sur sa couverture. On aime ou on n’aime pas, mais KADAVAR offre une prestation live à couper le souffle. Il en est de même pour MOONSORROW, très attendu ce soir au point presque d’éclipser la prestation décevante des GUNS. Quoi de plus normal pour un incontournable de la scène Folk/Pagan scandinave.

Loin de tout le côté festif et joyeux de beaucoup de groupes à la KORPIKLAANI, MOONSORROW part plutôt dans un registre plus spirituel. Tous les codes du Folk sont là, mais avec des riffs belliqueux et incisifs sur des chansons assez longues, plus de 10 minutes pour certaines où on y retrouve des éléments presque Black Metal. Quand on voit ce groupe pour la première fois sur scène, on comprend pourquoi ils sont aussi plébiscités. Et c’est sur cette note Pagan que cette journée se termine pour nous, la fatigue se faisant de plus en plus sentir, nous devons garder des forces pour le septième et dernier jour.

Crédits photos :

Maude Veroda
Thibaud Barranco

Hellfest

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