HELLFEST 2023 – Jour 1 // Clisson – 15/06/2023

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Déjà un an s’est écoulé depuis la gargantuesque édition du Hellfest de 2022. Pour cette année, on revient à un format plus classique, ou presque avec l’ajout d’un quatrième jour mais à force ça commence à devenir la norme pour le festival Clissonnais et certains bruits laissent à penser que le format quatre jours se poursuivra les 2 ou 3 prochaines années mais ça reste à confirmer. Mais la véritable question que l’on se posait, c’est comment l’organisation allait faire pour proposer une affiche qui peut rivaliser avec au moins l’une des deux de l’année passée.

Outre le fait qu’il était facile de deviner que certains groupes y seraient car ils n’y étaient pas en 2022 et que les sorties de leurs nouveaux albums respectifs viendraient corroborer cette certitude, on pense notamment à ARCHITECTS, PARKWAY DRIVE, IN FLAMES ou encore ARCH ENEMY, il était quand même difficile de faire mieux que durant la double édition. Je pense que le renouvellement de 50% de l’affiche avec des artistes qui ne sont jamais venus peut y aider et le Helflest a encore eu son lot de belles découvertes cette année.

HYPNO5E (Valley)

Première chose que je souhaite découvrir en arrivant sur le site des concerts, c’est la nouvelle Valley déplacée en face de la Warzone et devenue en open air avec une scène totalement identique à celle de la Warzone. Cette nouvelle zone est plutôt pas mal mais vu les styles de musiques qui y sont représentés, une scène couverte aurait été plus judiciable. C’est au groupe français HYPNO5E que revient le privilège d’inaugurer cette nouvelle Valley et déjà bon nombre de festivaliers sont présents pour les voir jouer leur Post-Metal Ambient avec une alternance entre passages calmes et moments plus vifs, comme s’ils se rechargeaient avant d’envoyer le côté le plus lourd de leur musique.

BLAKCBRAID (Temple)

Il y a eu également BLAKCBRAID à découvrir sous la Temple, projet solo de Jon Krieger sous le pseudonyme de Sgah’gahsowáh, sorte de black metal à l’imagerie Amérindienne. Musicalement, tous les codes sont là et ce qui dénote avec l’ambiance habituelle c’est tout le côté Amérindien, jusque dans le corspe paint plutôt shamanique typique des Indiens d’Amérique. Pour ceux qui ont soif de nouveauté et de se dépayser, BLAKCBRAID vaut le détour.

AEPHANEMER (Altar)

On se retrouve ensuite sous l’Altar pour accueillir les Toulousains d’AEPHANEMER qui se sont forgés un nom dans la scène française et à en juger du monde rassemblé pour le groupe, il y a également une fanbase bien solide. La formation officie dans un Death Mélodique qui pourrait faire pâlir la mère patrie du style, la Scandinavie. Et fait rare, c’est une frontwoman, Marion Bascoul, qui assure à la fois le chant mais aussi la guitare. Et les compositions jouées aujourd’hui offrent des ambiances épiques et le guttural incisif de Marion donne de la puissance à la rythmique. Bien que le dernier album en date A Dream of Wilderness remonte à 2021, le groupe continue de faire valoir le précédent Prokopton (2019) avec plusieurs titres tel que Sovereign, Bloodline ou encore Black Again. Mais le dernier album n’est pas écarté et AEPHANEMER nous racontera son interprétation du Radeau de la Méduse qui sera chantée en français et on notera quelques passages en chant lyrique pour rajouter aux éléments de Metal Symphonique dans leur musique. En seulement 40 minutes, AEPHANEMER a conquit son public et cette ferveur manifeste un gros soutien à la scène française.

IMPERIAL TRIUMPHANT (Temple)

Changement d’atmosphère avec IMPERIAL TRIUMPHANT et son Black Metal Avant-gardiste. Le côté chaotique des compos du groupe et leur son lugubre détonent avec les groupes précurseurs du black. Avec une entrée théâtrale sur la scène de la Temple, les Américains portent leurs masques caractéristiques pour entretenir le mystère sur leur identité. Ce qui frappe, c’est cette approche quasi-chirurgicale du style mais ce qui me laisse perplexe, c’est la complexité de leur musique, ça part dans tous les sens tout comme le bassiste qui va et vient de le long de la scène, la gardant presque pour lui quand on voit le frontman un peu trop sur la gauche, caler derrière son pied de micro. On croirait le groupe sorti tout droit des bas-fonds de New-York, les recoins les plus sombres de la ville remontant jusque dans les plus luxueux des derniers étages des gratte-ciel de Manhattan. IMPERIAL TRIUMPHANT, ce sont des expérimentations de sonorités et le rendu en live n’est pas forcément des plus accrocheurs mais la qualité de la prestation en termes de théâtralisation est tout à fait honorable.

IN FLAMES (Mainstage 2)

On se retrouve dans le pit de la Mainstage 2 qui vient d’être investie par les Suédois d’IN FLAMES. Faisant partie des grands absents de l’édition historique de 2022, le groupe était très attendu malgré un line-up assez différents de leur précédente venue en 2017. Mais les vétérans Anders Friéden et Björn Gelotte sont toujours présents et leur dernier album Foregone signe un total retour aux sources. Après une ouverture avec The Great Deceiver, c’est une bonne surprise qui nous attend avec Everything’s Gone comme second titre ce qui me ramène en 2014 lors de leur concert au Bataclan. Mais les surprises ne s’arrêtent pas là car le groupe ressort un titre datant de 2011, Darker Times issue de l’album Souds of Playground Fading ce qui fait plaisir à l’assistance et pour cause, ce titre n’avait pas été joué depuis des années et sur laquelle Anders fera ovationner Björn pour son solo dantesque.

Petit tour d’horizon concernant le line-up de 2023, avec tout d’abord un nom bien connu pour avoir fait parti de MEGADETH et NEVERMORE, je parle bien sûr de Chris Broderick qui apporte son expérience ainsi qu’un nouveau souffle au groupe. Tanner Wayne derrière ses fûts, digne successeur de Daniel Svensson et Joe Rickard pour sa maîtrise des parties batteries d’IN FLAMES, Liam Wilson, ancien bassiste de THE DILLINGER ESCAPE PLAN arrivé en catastrophe en remplacement de Bryce Paul, le héros du jour selon Anders. Sans oublier Niels Nielsen qui assure les claviers et mix pour le live. Avec cette formation, IN FLAMES pourrait presque prendre le statut de supergroupe. Le combo continue de ressortir les tubes tels que Cloud Connected, Only For The Weak ou encore The Mirror’s Truth. Et bien évidemment, comme toujours, Take This Life pour finir ce set avec le premier gros circle pit du week-end.

HOLLYWOOD VAMPIRES

On continue cet journée apéro avec les vampires d’Hollywood. Une masse de festivaliers s’agglutinent devant la Mainstage 1 pour assister au show d’HOLLYWOOD VAMPIRES, et on se demande bien pourquoi… La raison ? Un certain Johnny Depp ferait partie du line-up… Alors oui, c’est un plaisir de le voir sur scène mais quand on y va, c’est aussi pour Joe Perry, guitariste emblématique d’AEROSMITH. Il faut y aller pour Tommy Henriksen du groupe des années 80 WARLOCK dans lequel officiait Doro Pesch au chant, et qui a travaillé en tant que producteur pour HALESTORM, DAUGHTRY et même Lady Gaga ! Et il faut, oui il faut y aller pour… Pour qui ? Mais pour Alice Cooper bien sûr ! Et malgré son âge honorable de 75 balais, il continue d’avoir la pêche, n’en déplaise à certains.

En dehors de trois titres originaux, tout le reste de la setlist est composée de reprises des années 70. On a du KILLING JOE, du THE WHO ou encore du THE JIM CARROLL BAND avec la chanson People Who Died qui sera un hommage à de nombreux artistes disparus, on y voit notamment certains issues du tristement célèbre Club des 27, que ce soit Jim Morrison, Janis Joplin ou encore Kurt Cobain, mais aussi ceux qui nous ont quitté plus récemment comme Eddie Van Halen. Depp de son côté, avec son look de rockstar et son bonnet rasta, rendra hommage à David Bowie avec la reprise de "Heroes".

On remarque que les guitares ne sont pas filmées lors des gros plans sur les guitaristes, et pour cause, le matos d’HOLLYWOOD VAMPIRES est resté bloqué en Serbie et ce sont les membres de KISS qui ont gentiment prêté leurs guitares pour l’occasion mais leurs instruments ne peuvent pas être filmer sans les costumes… Quelques simagrées pour pas grand-chose, c’est le show-business vous me direz. Mais le geste est louable et ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir jouer sur la guitare de Paul Stanley. Et on n’oublie pas de faire honneur à Joe Perry et AEROSMITH avec Walk This Way, tout comme il est logique que certains titres d’ALICE COOPER soit également joués comme I’m Eighteen et bien évidemment la version HV de School’s Out remanié avec un extrait d’Another Brick in the Wall des PINK FLOYD, et durant laquelle Alice Cooper présentera tour à tour chaque membre du groupe. Voilà qui conclue ce dépoussiérage de classique rock.

ARCHITECTS (Mainstage 2)

Petite anecdote : en 2019, ils avaient clôturé la Mainstage 2 juste après KISS. En 2023, c’est l’inverse, ils jouent juste avant eux. Le crépuscule commence à tomber lorsque ARCHITECTS monte sur la mainstage 2 sur une intro électro qui fait la transition sur Nihilist. Engendré par un premier déferlement de riffs, les pogos se déclenchent sur les pavés pendant que Sam Carter envoie ses premiers hurlements dans son micro, micro qui sera tendu plusieurs fois au public qui chante avec lui. Et on remarque encore que le combo arrive toujours à reproduire en live leur son en studio, on reconnait tout de suite quel titre est joué quand on connait bien la discographie. C’est la première fois que je revois ARCHITECTS depuis leur changement de direction musicale notable sur l’album For Those That Wish to Exist, vers un style beaucoup plus progressif voir alternatif et l’ajout d’élément de metal industriel. Cet album sera bien représenté avec Black Lungs et Giving Blood, et bien sûr le dernier opus The Classic Symptoms of a Broken Spirit avec tear gas et deep fake. Ce qui n’empêche pas les Anglais de revenir aux anciens albums avec des morceaux comme Doomsday, sur laquelle un gros wall of death s’orchestrera tout seul, un titre jouée en hommage à Tom Searle décédé en 2016 et également dédié à leurs amis Australiens de PARKWAY DRIVE. D’ailleurs on aurait voulu que Winston McCall vienne sur scène pour assurer le featuring studio du titre Impermanence mais hélas ce ne sera pas le cas.

La nuit commence à tomber ce qui permet au jeu de lumière du show d’embellir de plus en plus la prestation qui est véritablement travaillé et millimétré, avec des structures qui permet au chanteur d’être sur tous les fronts. À la demande du frontman, un gros circle pit s’orchestrera pour le titre when we were young, histoire de rivaliser avec IN FLAMES. Dans ses invectives, Carter fera un clin d’œil à notre fierté nationale de la musique électro, DAFT PUNK avec les mots "Harder, Faster et Stronger". L’assistance s’exécute et on y verra l’un des plus gros circle pits jamais vu au Hellfest, avant que le groupe ne quitte la scène après le dernier titre, Animals.

KISS (Mainstage 1)

On prend les mêmes et on recommence. La fameuse phrase "You want the best, you got the best, the hottest band in the world… KIIIISS !" retenti une nouvelle fois, et certainement la dernière, dans les enceintes du Hellfest. Tombée de rideau sur le titre Detroit Rock City, on est exactement sur la même entrée qu’en 2019, à ceci près qu’il y a un peu plus de pyrotechnie sur la descende des plateformes sur lesquelles se trouvent Paul Stanley, Gene Simmons et Tommy Thayer, sans oublier Eric Singer déjà installé derrières ses fûts. On a l’impression de revoir le même concert qu’en 2019 car c’est quasiment la même setlist que la fois dernière à ceci près que les titres joués ne sont pas tous dans le même ordre. Bon nombre de festivaliers sont venus assister à ce show à l’Américaine qui sera certainement le dernier en terre Clissonnaises car la tournée d’adieu doit se terminer en fin d’année. À voir si le groupe tire véritablement sa révérence ou si l’appel de la scène est trop fort.

Quoi qu’il en soit, les ayant vu en intégralité en 2019, je ne resterai que pour quelques premiers titres avant de retourner sous la Temple pour le set de BEHEMOTH. Mais pour certains, il était impératif de rester jusqu’à la fin car c’était peut-être l’unique chance pour eux de voir ce groupe qui joue depuis plus de 50 ans et qui font parti de nos légendes du heavy metal et du glam. Leurs tubes sont toujours aux goûts du jour, notamment God of Thunder chantée par Gene, I Was Made For Lovin’ You sur laquelle Stanley ne fera pas le coup de la tyrolienne comme il y a quatre ans, où encore l'emblématique Rock and Roll All Nite. Quoi qu’il en soit, KISS n’a plus rien à prouver et comme beaucoup choses, tout à une fin.

BEHEMOTH (Temple)

Comme on s’y attendait, la Temple déborde de festivaliers pour assister au set de BEHEMOTH qui aurait eu toute sa place en mainstage 2 à 1h du matin donc de nuit, mais passons. L’intro avec des projections d’ombres chinoises et de quelques images nous plonge déjà dans l’ambiance sombre et malsaine du quatuor Polonais et c’est sur une tombée de rideau que le groupe se dévoile sur scène avec comme morceau d’ouverture Ora Pro Nobis Lucifer comme lors de leur dernier passage à Paris avec ARCH ENEMY.

La scénographie semble avoir évolué depuis, avec l’installation de deux structures de part et d’autre de la scène afin que les musiciens puissent y grimper pour dominer le pit de plus haut, et ce qui permettra également de laisser place à un peu plus de pyrotechnie. Pour sa septième participation (en comptant le Knotfest en 2019), BEHEMOTH décide de faire les choses en grand. "This is Conquer All !!!" annoncé par Nergal fait son petit effet, d’autant que ce morceau est d’une efficacité imparable en live. Le groupe est en super forme et le frontman déambulera sur la scène avec sa guitare, toujours égal au personnage qu’il veut donner sur scène. Orion et Seth ne sont pas en reste et envoient leurs riffs destructeurs dans nos oreilles. Ces deux derniers monteront sur les structures pendant l’intro de Blow Your Trumpets Gabriel pour donner cet effet de puissance dont la formation a le secret.

BEHEMOTH continue de défendre son dernier album Opvs Contra Natvram avec The Deathless Sun pendant laquelle Nergal arborera un masque, ainsi que des titres comme Once Upon a Pale Horse et Versvs Christvs sur laquelle Nergal revêtira une autre tenue de scène alors que les autres musiciens brandiront des torches, tout en revenant sur des incontournables comme Daimonos et Ov Fire and the Void. On verra Nergal utiliser un encensoir liturgique comment dans les messes catholiques. Oui, durant un concert de BEHEMOTH, rien n’est laissé au hasard comme pendant Bartzabel avec le petit rituel du chanteur/guitariste qui se coiffera de son fameux chapeau ecclésiastique. Et comme toujours l’apogée du concert se fera sur Chant for Eschaton 2000 pour une ultime explosion de puissance. Dommage que le morceau O Father O Satan O Sun! n’ait pas été joué mais ce set restera dans l’un des meilleurs de cette édition 2023.

PARKWAY DRIVE (Mainstage 2)

On termine ce live-report avec le show tant attendu de PARKWAY DRIVE. Première anecdote, l’intro et l’arrivée des Australiens ainsi que quelques figurants avec des torches. Après avoir assisté au show de BEHEMOTH, on se demande s’ils n’ont pas été piqués les leurs ! Blague à part, cette entrée permet une parfaite transition au premier titre Glitch issu du dernier album Darker Still. Deuxième anecdote : de la pyrotechnie et des pétards, piquées à KISS peut-être ? Pour être plus sérieux, on constate une franche évolution dans la scénographie du groupe ce qui n’est pas pour déplaire. Tout habillé en blanc, le charisme de Winston McCall attire les regards. Mais il ne volera pas non plus la vedette aux autres musiciens eux aussi bien mis en avant. Les lights et leur jeu apportent vraiment de la qualité à la prestation et accentué par le fait que ce soit de nuit.

PARKWAY DRIVE ressort les tubes : ça va de Prey à Dedicated en passant par The Void et la toujours emblématique et fédératrice Vice Grip qui fera l’objet d’un véritable tsunami de saut de la part du public en chœur. Et c’est pendant Idol and Anchors que va se jouer l’un des moments les plus marquants, si ce n’est LE plus marquant du Hellfest 2023 : les musiciens font durer le final de Dedicated, le temps que Winston vienne dans le public, porté par des volontaires, pour communier avec nous avec notamment un circle pit autour de lui. Un artiste si proche de son public c’est quelque chose de rare.

Revenu sur scène, le chanteur et ses camarades seront rejoints par deux violonistes et une violoncelliste qui les accompagneront sur Shadow Boxing et Darker Still, cette dernière entonnée avec des notes de guitares acoustiques. Puis le groupe continue de ressorti ses titres qui font mouche avec Bottom Feeder puis Crushed qui sera précédé par la continuation de l’intro de début du concert, avec au programme torches en flamme, structures en flammes également et de nouvelles notes de violons. Voilà de quoi amorcer les deux titres en rappel dont Wild Eyes, dernier moment magique de ce show incroyable. PARKWAY DRIVE s’est littéralement surpassé et de loin par rapport au show de 2018 qui était déjà magnifique.

Bien que ce fût la première et la plus courte, cette journée aura été certainement la meilleure de tout le fest, même si ce qui va suivre durant le week-end réserve également de bons moments.

Photos :

Stephan Birlouez de Among The Living
Alexandre Farret de Vecteur Magazine

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