SILENCE OF THE ABYSS : Interview avec la batteuse Diane Giannelli

Sota

Entretien très instructive avec la batteuse Diane Giannelli du groupe Corse SILENCE OF THE ABYSS pour discuter du nouvel album Unease & Unfairness, le tout accompagné d’une franche bonne humeur ! Qu’elle en soit remerciée.

Interview réalisée par Skype.

WTH : J’ai organisé l’interview en deux axes : faire mieux connaître le groupe ; puis partager l’appréciation favorable de l’album. C'est toujours plus facile d'avoir envie de partager quelque chose que l’on a plaisir à entendre. Commençons par Le groupe : Ses membres, leurs parcours ? leurs références musicales ?

Diane : Le groupe est composé de David Santucci à la guitare et à moi Diane Giannelli à la batterie, Jean-Bernard Flores au chant. Il a été formé en 2017 avec David et l'ancien chanteur, Chapier Julien. Et puis, au bout d'un an et demi, ce dernier est parti sur le continent alors que nous résidons en Corse. On avait du mal à répéter, se voir ; c’était devenu assez compliqué. Nous avons alors décidé de poursuivre sans lui. Il faut en effet beaucoup d’expérience à un chanteur pour pouvoir travailler à distance des autres musiciens. JB (Jean Bernard) est arrivé à temps pour nous sauver un concert alors que 15 jours avant nous n’avions plus personne au chant.

WTH : Sur l’album il est convaincant.

Diane : Oui ce fut un mal pour un bien, pour nous tous.

WTH : 2017 la création du groupe ; j’ai cherché si on trouvait traces de vous avant cette date.  Sur internet on trouve une vidéo d’un groupe au nom ressemblant, en 2010. Mais à l’écoute on peut vraiment douter, bien que ce fut aussi du métal.

Diane : ah non ce n’était pas nous. Il n’y a pas eu d’avant. (Rires)

WTH : Un sujet toujours intéressant : le nom du groupe ? Surtout que « Silence » pour un groupe de métal, ça reste paradoxal ?

Diane :  Oui, un soir d’été on cherchait un nom pour traduire la profondeur, quelque chose de vrai, d’authentique. Exprimer des racines profondes, quelque chose qui revient à l'essentiel. Et du coup, on avait trouvé les abysses pour la profondeur. On s’est dit « qu’est-ce qu’on écoute dans les abysses ? Est ce qu’il y a du silence, du metal ? ! »

WTH : Vous pouvez vous lancer en faisant écouter le faux silence des abysses, sans risque d’être démentis !  Au-delà de la boutade, on retiendra l’intention : racines, authenticité.

Diane : Complètement, c’est la manière dont tout est fait dans le groupe. Pas de calculs.

WTH : J'ai regardé le logo qui est décliné à droite comme à gauche sur la page de contact. Quelle est sa signification ? Renvoie-t-il à quelque chose de particulier ?

 

Diane : le logo du centre, hors la forme géométrique qui l’encadre, ce sont les initiales du groupe, tout simplement. Faut tourner la tête !

WTH : Ah oui, ça va, j’ai encore des cervicales ! (rires)

Diane : Les métalleux, en général les cervicales sont bien musclées ! (rires)  Autour du nom on a voulu dessiner une géométrie, un truc un peu sacré. Que dans les bacs de disquaires, on tombe dessus en se demandant c’est quoi ce signe ? un ralliement ?

WTH : il y en a déjà un qui a mordu, puisque j’ai posé la question ! Sur la musique du groupe, je ne poserai pas la question du genre, sous genre, de la case où vous ranger ?

Diane : Tu fais bien ! On n’aime pas non plus les petites cases, on dira métal méditerranéen pour englober nos influences.

WTH : Et vos influences ?

Diane : Eh il y en a trop ! Ce n’est pas que dans le métal. Pour donner deux extrêmes : Brel et Gojira. Ça passe par tous les styles, y compris en rock, flamenco, blues. J’aime Alanis Morissette, on écoute beaucoup Rodrigo y Gabriela…. Il n’y a pas de limites.

WTH : Ce sont des influences avouées, d’autres inavouées ?

Diane : il y en a tellement ! de celles qu’on n’avouera jamais ! (rires)

WTH : Actuellement se produire sur scène est compromis, mais aucune raison de ne pas espérer. Quand vous referez de la scène, si vous devez le faire avec d’autres groupes, avec qui aimeriez-vous tourner ?

Diane : Une excellente question, que l’on se pose en ce moment. On aimerait s’organiser une tournée, d’abord dans le Sud, puis sur Paris. Cela serait aussi bien avec plusieurs groupes, mais on n’a pas de noms, malgré la qualité de ce que l’on peut trouver ici, en Corse ou dans le Sud. Tourner entre copains, c’est le mieux ! La limite est aussi dans le mélange des genres, pas pour nous, mais pour les spectateurs.

WTH : Si vous deviez faire un set plus long que vos propres compositions, que feriez-vous : vous les rallongez ou incluez des reprises ? Si oui lesquelles ?

Diane : Ni l’un ni l’autre, on fait d’autres compos.

WTH : Passons à l’album. Le premier. Un premier album pour marquer une voie, planter un jalon ? Je ne sais pas si vous le ressentez de même ? C'est la première question.  La deuxième qui l’accompagne : Cet album est-il un aboutissement, une création bien mûrie ? Ou alors un besoin urgent ?

Diane : C'est une bonne question. Oui, forcément, tu plantes. Oui, tu plantes quelque chose de nouveau, quand même. Oui, on a l'impression d'avoir même accouché. Cela a été long et pas toujours facile de créer cet album. Par rapport l’EP c'est une découverte, car on a essayé de faire un album concept, donc c'était quelque chose de nouveau. Nouveau aussi dans le son, la composition, où il y a une vraie évolution. Quant à être urgent, oui pour fixer les compos, comme un photographe fige un instant. Après ou avant cela n’a plus rien à voir. Et non aussi, car on n’est pas obligés à sortir un album par an, on peut prendre notre temps. L’urgence se limite à vouloir figer une création, sinon on remodèle pendant des années et on perd le fil.

WTH : L’album : son contenu. A la première écoute il marque par son unité, sa cohérence et en même temps sa diversité. Par exemple, on y trouve une perle isolée : See Acturus, la seule en langue corse.

Diane : En fait See Acturus est l’introduction de My Fair Fury et Matando son final. Le « morceau » occupe trois titres de l’album.

WTH : L’album est sans faiblesses, on peut même y jouer à choisir ses morceaux préférés. Pour moi : Lunar, My Fair Fury, Weak, The color of the Walls, God is Dead, sans le point d’interrogation que Black Sabbath y mettait.  Et ton classement ?

Diane : C'est marrant parce que chacun fait son ordre, qui n'a rien à voir. On a tendance à les noter pour voir les préférences. A part pour My Fair Fury qui fait l’unanimité. Sinon ce ne sont pas du tout les mêmes. C'est ça qui est super. Pour mon choix, c’est difficile. Je me sens la plus puissante, au sens physique, sur My Fair Fury ; où j’arrive le plus à faire passer des choses.

My Fair Fury

WTH : C’est toi qui a composé My Fair Fury ?

Diane : Toutes les compos sont de David, Jean Baptiste et moi pouvons y apporter des modifs rythmiques ou harmoniques. Pour les autres morceaux, c’est difficile de choisir, j’aime tabasser la batterie, et Color of the Walls s’y prête bien. Toutes les parties de batterie de l’album sont différentes les unes des autres. Par exemple, au départ, ; Lunar c’est une impro dont on a retenu la meilleure, fixée pour la composition du morceau.

WTH : La présence de la guitare sèche surprend au milieu de l’album.

Diane : Comme je te l’ai dit My Fair Fury explore sur le thème de la corrida.

Le son des sabots d’un taureau dans une arène a fourni à David le rythme et la mise en composition. L’intro qui met le décor en place, c’est See Acturus et ses inspirations hispanisantes. My Fair Fury c’est le combat dans l’arène, où cette fois le taureau gagnerait contre le matador. Matando, marque le retour à la réalité où le taureau meurt.

WTH : Et Dieu qui est mort dans tout cela ?

Diane : Il faudrait que ce soit Jean Baptiste, également prof de philo, qui l’explique !

WTH : Parlons un peu de Weak, avec son phrasé et son ambiance lorgnant vers le rap ? Une orientation ou un coup isolé ?

Diane : Jean Baptiste adore le rap, le chant corse et le métal. On a voulu que chaque membre du groupe puisse apposer son identité dans l’album. D’où le rap.

WTH : Nous avons fait un bon tour d’horizon, as-tu quelque chose à ajouter au-delà de ce que j’ai abordé ?

Diane : On a tout dit. Le principal est que nous nous efforçons d’être sincères, de sortir ce qui nous habite et de le faire partager. Chacun peut aimer ou détester.

WTH : Sur le thème de la sincérité, la découverte de cet album a été un bon moment que l’on ne peut que souhaiter qu’il soit partagé.  Un album à écouter et réécouter.

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