Metaldays 2018 : rencontre avec Boban Milunovic, l'un des organisateurs du festival

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C’est le 12 avril dernier que nous nous sommes rendus au Dr.Feelgood des Halles pour rencontrer Boban Milunovic, l’un des organisateurs du Metaldays. Une interview très agréable qui nous a permis d’en apprendre plus sur ce festival unique en son genre.

Morrigan-wth : Pour commencer, comment vas-tu ?

Boban Milunovic : Je vais bien, et toi ? C’est sympa d’être à Paris !

Morrigan-wth : Est-ce que tu pourrais présenter le festival aux gens qui n’en ont pas encore entendu parler ?

Boban Milunovic : Metaldays est un festival qui accueille 12.000 personnes. Il a lieu à Tolmin, en Slovénie, dans un très beau cadre juste à côté d’un parc. Il comporte deux rivières et deux plages, donc il y a la possibilité de nager et d’aller regarder un groupe jouer sur scène deux minutes après. Il dure une semaine, avec des groupes jouant du lundi au vendredi. Du coup ce n’est pas un festival normal comme on en connait beaucoup, c’est un mélange entre un lieu de festival et de vacances.


Morrigan-wth : Je voulais justement te demander ce qui, selon toi, fait du Metaldays un festival différent des autres !

Boban Milunovic : Eh bien voilà, qu’il dure plus longtemps, plus que le Hellfest par exemple, qu’il mixe festival et vacances, qu’il donne la possibilité de faire du rafting, de nager, tout ce que les gens aiment faire pendant leurs vacances d’été ! Et au milieu de tout ça, tu as des bons groupes de métal à aller voir. On a 134 groupes cette année, donc je suis sûr que tout le monde peut y trouver un groupe qui lui plaît !

Morrigan-wth : Comment ça vous est venu d’organiser un aussi gros festival ?

Boban Milunovic : Le festival tel qu’il est à aujourd’hui n’est pas conforme à l’idée originale. L’idée originale était simplement de monter un festival pour les fans de métal vivant en Slovénie, pour qu’ils puissent s’amuser, et avec le temps le festival s’est développé jusqu’à devenir ce qu’il est maintenant. Très tôt, dès la fin de la deuxième année il me semble, on a commencé à se dire : « eh, écoutez, il y a tellement de festivals partout, essayons d’en faire un qui soit différent des autres qu’on peut trouver en Europe ! ». C’est à ce moment-là qu’on a prolongé le festival pour qu’il dure une semaine, et qu’on s’est mis à bosser sur ce concept de « vacances ».

Morrigan-wth : Le nom du festival a changé en 2013, il est passé de Metalcamp à Metaldays, tu peux expliquer pourquoi ?

Boban Milunovic : Oui bien sûr ! On était quatre partenaires à bosser ensemble sur Metalcamp, et en cours de chemin on s’est mis à vouloir suivre des directions différentes. On s’est séparés, et l’un des partenaires avait les droits sur le nom « Metalcamp ». On n’avait plus le droit de l’utiliser, alors c’est pour ça qu’on a changé le nom du festival.

Morrigan-wth : Quelles aides financières est-ce que vous receviez au tout début ?

Boban Milunovic : Aucune ! Nous avons notre propre entreprise, on se finance par notre travail, il n’y a pas de grosse entreprise qui nous aide ou de truc comme ça, on essaye juste de bien faire notre travaille et de ne pas dépenser plus d’argent que ce qu’on peut, et de penser au futur du festival.

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Morrigan-wth : Comme dit plus tôt le festival dure une semaine, est-ce que ça a été difficile d’en arriver là ?

Boban Milunovic : D’un côté c’est ce qui rend le festival différent et unique, de l’autre ça nous rend la vie plus difficile, parce qu’il n’y a pas beaucoup de gens qui sont prêts à aller à  un festival en Slovénie, et ça pour une semaine voire plus, parce que la plupart des gens travaillent toute l’année et ont besoin de leurs vacances pour se détendre et se déconnecter de tout. Mais par chance il y en a quand même qui viennent nous rendre visite et sont prêts à passer ce temps-là au festival. Le fait que le festival dure une semaine a ses bons et ses mauvais côtés mais jusque là ça marche plutôt bien pour nous, on a beaucoup de gens qui reviennent. Et vu que le festival est fait pour 12.000 personnes et le restera (il ne grossira pas, on n’a pas l’intention de commencer à vendre plus de billets), on n’a pas à travailler dur pour essayer de convaincre 12.000 personnes de plus chaque année !

Morrigan-wth : Mon pote a jeté un œil au lineup du festival et a remarqué qu’il n’y a pas de gros, gros groupe comme Iron Maiden par exemple, est-ce que c’est un choix ?

Boban Milunovic : Non, ce n’est pas un choix, c’est une nécessité. On n’a pas la place d’accueillir des productions énormes comme celles d’Iron Maiden ou de Rammstein par exemple, ou de Metallica. Rien de tout ça n’arrivera jamais au Metaldays. La raison n’est pas même pas l’argent, c’est simplement que l’espace qu’offre le festival est limité et ne peut pas accueillir de structures plus grosses que celles qu’il accueille à l’heure actuelle. On ne peut pas y mettre une plus grande scène, comme il en faudrait une pour un groupe comme Iron Maiden. On a des câbles électriques qui passent au-dessus de la scène, ce qui nous empêche de la remplacer pour en mettre une plus grosse. Et la zone  derrière la scène, que les gens ne voient pas quand ils la regardent, la zone backstage si on peut dire, est plutôt petite comparée à celle d’autres festivals. Iron Maiden est un groupe qui a probablement besoin d’emmener une vingtaine de camions avec lui, et on n’a juste pas la place pour ça. C’est la vraie raison.

Morrigan-wth : Vous avez aussi créé un autre festival plus tourné vers la musique punk, il s’appelle le Punk Rock Holiday, c’était une chose que vous aviez toujours voulue faire ou est-ce que c’était pour répondre à une certaine demande de la part du public ?

Boban Milunovic : Non, c’est arrivé par accident. Deux de mes partenaires ont lancé ce festival en 2011 et ils ont perdu des sommes d’argent colossales la première année. Ils ne savaient pas quoi faire, alors ils sont venus nous voir et nous ont demandé si on serait d’accords pour reprendre le festival. Je me suis dis « j’aime bien l’idée, c’est un bon festival, c’est au même endroit que le nôtre, une fois qu’on a posé les scènes et le matériel pour Metaldays c’est plus facile pour refaire un autre festival derrière vu que tout est déjà sur place… ». J’hésitais juste un peu parce que je ne suis pas vraiment fan de punk rock, ce n’est pas un style de musique que je connais tant que ça, mais du coup on a passé un accord qui arrangeait tout le monde, comme quoi les deux gars pouvaient continuer à bosser sur le festival et on est devenus leurs partenaires. Ils s’occupent de la partie musique du festival et je m’occupe du reste. Je crois que ça nous a pris trois ans avant qu’une édition du festival soit sold out pour la première fois. Mais voilà, cette année tous les billets ont déjà été vendus. Maintenant on arrive à tous les vendre en une heure !

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Morrigan-wth : Tu peux nous décrire à quoi la préparation du festival ressemble ?

Boban Milunovic : Le travail ne s’arrête jamais, en fait. On est déjà en train de préparer le Metaldays de 2019. Tu travailles avec un an, voire plus d’un an d’avance. C’est ce que tu fais toute l’année. Le travail sur les lieux du festival en lui-même commence un mois avant le festival. C’est le temps qu’il nous faut pour préparer le site. C’est un coin de nature sauvage, pas un terrain de foot ou quoi que ce soit, juste de la nature à l’état sauvage et ça nous prend du temps de dégager l’endroit, de s’occuper du terrain, tout ça, d’apporter l’électricité, les provisions en eau, on recommence tout à zéro chaque année à ce niveau-là. Du coup ça prend un mois de faire tout ça, si le festival commence, disons le premier juillet, on commence à préparer le site le premier juin.

Morrigan-wth : Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur la préparation du festival de cette année ?

Boban Milunovic : Pas sur le festival de cette année, c’est assez ennuyeux cette année.

Morrigan-wth : Sur l’une des précédentes éditions alors ?

Boban Milunovic : La première qui me vient en tête, c’est quand nous avions invité Motörhead, en 2008 je crois. On leur avait réservé une chambre dans un très, très bel hôtel proche du site du festival pour qu’ils puissent y rester pendant leur séjour… et quand Lemmy est descendu du bus il a détesté, justement parce que c’était haut de gamme. Il est remonté dans le bus. On parle vraiment d’un très, très, très bel hôtel. Du coup voilà, il n’a pas aimé, est retourné dans son bus et a dit qu’il voulait un hôtel avec des machines à sous dedans, vu qu’il adorait jouer. On a réussi à en trouver un à une heure de route de Tolmin et j’y suis allé, mais toutes les chambres étaient prises. Alors j’ai demandé à la réception et ils m’ont laissé aller toquer à toutes les portes de chambres pour négocier, et j’ai réussi à trouver un couple qui était d’accord pour échanger sa chambre contre celle dix fois plus chère qu’on avait réservée pour le groupe dans l’autre hôtel. Forcément le couple était plus que content de l’échange, et Lemmy est allé dans son hôtel tout pourri jouer avec ses machines.

Morrigan-wth : En 2016 vous avez aussi créé le festival Winter Days of Metal, est-ce que vous le considérez comme le petit frère de Metaldays ?

Boban Milunovic : On peut dire ça comme ça, c’est le même concept, un mélange de festival et de vacances. Sauf que ça a lieu l’hiver, que c’est un festival beaucoup plus petit et que les groupes jouent en intérieur. Tu passes ta journée comme tu l’entends, selon le type de billet que tu achètes. On ne prend pas vraiment en charge les festivaliers durant la journée et il n’y a pas de camping. Si tu as acheté le ski pass, tu passeras probablement ta journée sur les pistes et tu rentreras à l’intérieur le soir pour les concerts. Si tu as acheté le pass wellness (= bien-être), tu passeras la journée dans un jacuzzi. Mais oui, le concept est similaire à celui de Metaldays, ce sont des vacances combinées à un festival.

Morrigan-wth : Beaucoup de groupes ont déjà joué au Metaldays, mais est-ce qu’il y a un groupe qui n’est encore jamais venu et que tu aimerais accueillir dans le futur ?

Boban Milunovic : Oh, il y en a beaucoup, dont certains qu’on n’a encore jamais essayé de contacter d’ailleurs. Personnellement, j’adorerais que les mecs de Tool viennent jouer, je pense que l’atmosphère qui se dégage de leur musique collerait parfaitement au site du festival. Sinon, j’ai essayé je ne sais combien de fois de faire venir Gojira mais je n’ai jamais eu de réponse, je ne sais pas pourquoi. C’est le groupe qui nous est le plus réclamé par les festivaliers, tout le monde a envie de voir Gojira au festival. Je pense que c’est en partie à cause de la philosophie du groupe, qui est similaire à celle de Metaldays : prendre soin de l’environnement, protéger la nature… Tool et Gojira sont vraiment deux groupes qu’on adorerait avoir.

Morrigan-wth : Pour finir, est-ce que tu as un message pour ceux qui vont venir au festival cet été ?

Boban Milunovic : Oui ! Je suis sûr qu’ils aimeront le festival. Il est différent, à un prix raisonnable pour ce qu’il propose et la Slovénie est un très beau pays. Si vous venez au festival, vous devriez vraiment en profiter pour rester un peu en Slovénie et visiter. Vous avez à la fois la mer et la montagne, très proches l’une de l’autre. Vous pouvez boire votre café le matin, aller faire un tour sur la plage et ensuite aller vous balader dans la montagne l’après-midi. Le festival en lui-même vous offre quelque chose que les autres n’offrent pas : vous pouvez profiter à la fois des concerts, de deux plages et de deux rivières. Et la chose la plus importante selon moi : le festival est moins organisé que tous ceux que vous connaissez. Ce n’est pas par erreur, c’est fait exprès. On n’aime pas les festivals où tout est structuré comme dans un aéroport, où quand vous arrivez vous n’avez plus à penser par vous-mêmes parce que vous avez des gens qui vous disent quoi faire. Notre festival ne ressemble pas à ça : vous arrivez et vous faites ce que vous voulez. Vous êtes libres.

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