Cryptic Fest 2023 // La Clef, Saint-Germain-en-Laye - 01/04/2023

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En ce 1er avril 2023 se tenait la première édition du Cryptic Fest à la Clef de Saint-Germain-en-Laye, petit festival 100 % black metal et un premier très bon cru avec quatre excellents groupes, tout d’abord DECLINE OF THE I devenu un incontournable du post-black metal français, ASAGRAUM, formation Néerlandaise de talent 100 % féminin, …AND OCEANS, combo Finlandais surfant dans un black symphonique très démarqué des plus connus du genre, et une tête d’affiche de choix avec les pionniers du black metal français, SETH.

Au départ créé comme un projet solo initié par A.K. (qui est également guitariste de MERRIMACK), DECLINE OF THE I est aujourd’hui un groupe à part entière. Le combo officie dans un post black metal, une musique très conceptuelle avec trois premiers concept-album qui gravitent autour d’œuvre du neurobiologiste Henri Laborit et un quatrième opus intitulé Johannes, premier d’une autre trilogie, basée sur le philosophe, poète et théologien danois Søren Kierkegaard. Dès les premiers instants du show, on se retrouve en immersion totale avec les sonorités du groupe, très sombres, très pesantes fleurtant parfois avec le DSBM, déjà de part l’expression scénique du frontman S.I. (Spir Ignis qui chante également au sein de THAGIRION) et par le chant hurlé de A.K. ajoutant beaucoup d’émotions aux ambiances sombres de la musique.  

Malgré des passages presque un peu engourdis comme dans le doom, notamment sur le titre de 14 minutes Dieu Vide, on se laisse facilement porter par le show. S.I. semble comme possédé par ses propres paroles, tout en headbangeant frénétiquement. Les chansons sont illustrées par des projections d’images et de citations ce qui apportent une dimension supplémentaire au set qui se conclu après 45 minutes de pure intensité et un équilibre notable entre les différents passages de chaque titre.

ASAGRAUM

Menée par la talentueuse chanteuse et guitariste Obscura, ASAGRAUM ne comporte que des membres féminins et nous avons droit à une démonstration technique vraiment excellente. Très peu de décorum avec quelques crânes aux pieds de la batterie, on retrouve les codes du black metal et des corpse paints réussis. La frontwoman brandira ses cornes du diable tandis que le public réagira et semblera être près pour ce qui va suivre.  Dès le premier titre, on comprend très vite qui le groupe vise l’efficacité, un black metal occulte classique qui fonctionne toujours aussi bien. Et je suis plus qu’impressionné par la puissance de frappe de la batteuse. La bassiste de son côté est un peu plus en retrait, certainement de par son statut de membre de session, mais nous envoi ses riffs de basse d’une lourdeur très prenante. Entre grosse rythmique et blasts à outrance, ASAGRAUM produit un son totalement jouissif pour les amoureux du black metal et Obscura assure un chant guttural bien maitrisé.

Le petit bémol, je dirais que cela réside dans le fait qu’aucune mise en scène n’est assurée car Obscura ne se contentera que d’annoncer chaque titre avant de le jouer, des musiciennes presque statiques, mise à part la batteuse qui continue de s’acharner sur son instrument et décidément quel jeu ! Mais la musique en elle-même, les compos et leurs ambiances, le set d’ASAGRAUM m’a personnellement convaincu.

…AND OCEANS

Difficile de passer à côté de ce groupe Finlandais qui semble avoir une fanbase bien présentée à la Clef ce soir. Est-ce aussi dû au fait qu’au chant il s’agit de Mathias Lillmåns, l’emblématique frontman de FINNTROLL, arrivé en 2019 ? c’est bien possible. Ou bien que leur période black indus/électro sous le nom d’HAVOC UNIT n’a pas été oubliée. Quoi qu’il en soit, même si certains morceaux seront tirés de cette période, c’est bien leur black sympho qui sera mis en avant, notamment avec leur dernier album en date As in Gardens, So in Tombs. Selon les impressions que je recueille des personnes autour de moi et de mon propre ressenti, la patte FINNTROLL se fait bien ressentir, le côté trollesque en moins, et ce du moins sur les compos post-2019. Le combo fait très bonne impression et ça commence notamment à s’échauffer dans le pit et plus on avance dans le set, plus la ferveur s’accroit.

Le changement de registre est flagrant quand les mélodiques épiques du côté sympho laisse place à des passages plus électro de titres venant de la période HAVOC UNIT. Même s’ils sont revenus au black sympho sur les derniers albums, cette époque du groupe n’est pas occultée, et donne une variété entre les chansons jouées ce soir. Les instruments envoient du lourd et notamment une basse bien présente. L’heure de set est très vite passée et …AND OCEANS aura fait un passage plus que marquant durant ce premier Cryptic Fest.

SETH

À l’origine, je ne vous cache pas que nous devions couvrir de base le concert d’UADA à Paris ce 1er avril. Mais lorsque ce nouveau festival s’est annoncé avec SETH en tête d’affiche, le choix fut vite fait ! SETH en live, on ne s’en lasse jamais. La scène de la Clef étant plus grande que celle du Petit Bain, salle dans laquelle le groupe s’est produit l’an dernier, permet aux Bordelais de déployer leur décorum de façon plus large et il y a toujours la présence de cet autel pour les prestations théâtrales du frontman Saint-Vincent. Sans surprise, le groupe ouvre sur leur titre écoutable en boucle H24, La Morsure du Christ. Une énorme ferveur s’empare alors du pit, preuve que le combo possède une solide fanbase. La scénographie demeure inchangée mais aucune lassitude n’envahit le public, ça marche toujours et on aime ça. Le chanteur nous déverse toute la puissance de ses alexandrins qui donnent des frissons jusque dans la colonne vertébrale.

Même si l’accent est toujours porté sur le dernier album en date La Morsure du Christ et après avoir enchainé sur Métal noir et Les océans du vide, SETH continue de revenir sur l’album le plus emblématique Les Blessures de l’Âme qui reste toujours mis en avant avec notamment avec La quintessence du mal et les trois actes de L’hymne au vampire pour une bonne transition avec l’album de 2021 avec l’acte 3. Lors des passages sans chant, Saint-Vincent brandira plusieurs éléments présents sur l’autel, un crâne, une vierge, un poignard et bien entendu le chandelier, des moments de choix pour les prises de vue photographique. Et nous aurons droit à un morceau que nous n’avions pas entendu lors des deux précédents concerts auquel nous avons assisté, Le Sacrifice de sang. Entre deux morceaux, le frontman annoncera qu’ils sont entrain de finir leur prochain album que nous avons déjà hâte de découvrir et au vu de la qualité de La Morsure du Christ, le prochain s’annonce de la même facture.

Puis le show commence à arriver à sa fin lors que SETH ressort deux de ses titres phares, tout d’abord …À la mémoire de nos frères, puis le morceau qui clôturera le festival, Le triomphe de Lucifer durant lequel la performeuse dont le nom m’échappe viendra donner la réplique à Saint-Vincent pour une mise en scène. Voilà qui met un terme à ce premier Cryptic Fest qui aura été un franc succès, un festival qui ne demande qu’à grandir. Nous espérons que cette première édition leur permettra d’aborder une édition 2024 avec un peu plus de groupes, voir sur deuxième jour et on a évidemment hâte d’y être.

Un grand merci à Grégory Marquois de la Clef ainsi qu’à la salle de nous avoir permis de couvrir l’événement. Je vous invite également à aller regarder le travail de notre photographe Maude Veroda en cliquant ici.

Seth ...And Oceans Decline Of The I Asagraum Cryptic Fest

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