STINKY : Interview de la chanteuse Claire Bousigue et du batteur Paul Saltet

Stinky 2020

Forte de son nouvel album Of Lost Things, la formation originaire des terres Clissonnaises STINKY a répondu à nos questions via skype sur son origine et sur ce dernier opus paru en juin dernier.

Pour mémoire, Stinky est composé de : Claire Bousigue, chanteuse, Sébastien Bataille, guitare ; Titouan Bodin, guitare ; Antoine Coppi, basse et chant ; Paul Saltet, batterie.

Interview menée à distance, par Christian DELEPEE, photographe reconverti à la prise de son, faute de spectacles et d’images…

WTH : Des questions sur le groupe pour commencer, puis sur la musique, et notamment le dernier album. C’est parti :  Pouvez-vous partager l'histoire du groupe, sa formation, si c’était un projet longuement mûri ou une opportunité ? Parlons du choix du nom du groupe aussi, on y trouve souvent une belle histoire, et là on la sent !

Paul Saltet et Claire Bousigue : Le groupe existe sous sa forme actuelle depuis fin 2014, on a pas mal tourné qu’en Europe au début.

On en est à environ 350 concerts aujourd’hui, d’un punk hard-core qui tend vers le moderne, et il est difficile de se ranger sous une étiquette.

En 2017, à la sortie du deuxième album ; on a beaucoup tourné en France pour se recentrer sur notre cher pays. Ensuite on a sorti notre troisième album, Lost of things, et on ne l’a quasiment pas joué…

Stinky à la base c’est un groupe qui existait en 2008, avec deux membres encore présents aujourd’hui : Sébastien et Titouan. Le nom du groupe était plus long et a été raccourci en « Stinky » vers 2014. Quand on est arrivés, on aimait bien avoir un nom de groupe peu commun, un peu sale, pour trancher sur les noms poétiques, très léchés. Voilà pour un coté plus destroy, plus punk. Et en ce moment, cela représente plutôt pas mal la société dans laquelle nous vivons.

WTH : Je vous résume : au début un raccourci, et aujourd’hui un choix toujours plus assumé, à 300%

On parle de la composition du groupe : qui fait quoi ? Les morceaux sont crédités collectivement, mais derrière y a-t-il des rôles ?

Paul / Claire : Stinky est composé de : Claire Bousigue, chanteuse, Sébastien Bataille, guitare ; Titouan Bodin, guitare ; Antoine Coppi, basse et chant ; Paul Saltet, batterie. Sur le dernier album, les parties de violon sont jouées par une amie. Pour nous c’est hyper important d’être crédité en tant que groupe, car la composition des morceaux s’effectue de manière très collégiale. On apporte tous notre pierre à l’édifice, et on compose tous ensemble. Les gars arrivent avec une base sous forme de riffs, et derrière on alimente, on défait, refait, tous ensemble. D’où le crédit du groupe, reflet de notre travail.

WTH : Vos influences ? inavouées ?

Paul / Claire : Rien n’est inavouable à partir du moment où ça fait vibrer les gens. On est influencé par pas mal de groupes de punk, à la base, on a grandi en écoutant The Offspring, Sum 41, Blink etc. Puis on a découvert l’univers obscur du métal, plutôt métal core, genre Killswitch Engage, In Flames.  On se nourrit de choses extrêmement différentes pour composer ce qui nous appartient. De la pop au death metal en passant par le black aussi.

WTH : Une autre question rituelle : décrire votre musique, même si à titre personnel, j’éprouve de la difficulté à user de mots pour transmettre la vibration d’une musique.

Paul / Claire : Sans tomber dans les étiquettes, notre musique c’est énergie, agressivité, et mélancolie.

Stinky oct 2020

WTH : Le dernier album : en quoi celui-ci se distingue des deux précédents ?

Paul / Claire : On a voulu le faire plus nuancé, moins d’un bloc. Déjà en y mettant un morceau acoustique, et mettre des ponts, pour obtenir un résultat plus aéré, moins dense à l’écoute. On a essayé de varier les tempo, l’esthétique des chants et de la musique, pour permettre à notre public de mieux encaisser, et à nous de s’exprimer en sortant du moule trop brut du punk pour s’orienter de plus en plus vers un métal plus construit et peaufiné.

WTH : Pour ne pas faire comme tout le monde, j’ai écouté le dernier album en commençant par la fin. Et j’ai bien ressenti cette évolution. Passons aux textes : vous ne chantez qu’en anglais ? Pour viser un public plus large ? Parlez des textes, d’un qui représenterait plus particulièrement votre dernier disque ?

Paul / Claire : Le groupe a toujours composé en anglais. J’ai composé pour un groupe auparavant, exclusivement en français. L’anglais permet de toucher un public plus large, notamment à l’étranger où c’est plus agréable pour communiquer. Et dans notre genre de musique, on ne pose pas trop la question, c’est naturel. Quant aux thèmes, la composition perme d’extérioriser les ressentis plus ou moins cool que nous traversons. On peut faire dans des domaines introspectifs : déprime, absence de stabilité familiale ou affective, de l’amitié, de l’éloignement. Les thèmes sont divers mais toujours centrés sur l’individu, l’humain et son rapport aux autres.

WTH : 11 titres pour votre dernier opus, plus de 3mn chacun, à plus de 4. Dont un 100% acoustique. Une évolution, un essai ?

Paul / Claire : Cela fait un moment que l’on y pense, sans avoir forcément trop assumé ni trop savoir comment mettre en place. Cela fait partie de ce qu’on a tenté avec cet album. Dans nos influences, on écoute pas mal de groupes folks, ou punk hardcore qui intègrent des parties acoustiques. C’est quelque chose qui nous parle car le coté folk traduit bien la mélancolie de l’album. Quand on a envie d’un truc on le fait, et là on en est contents. On continuera.

STINKY - Struggle (Official Music Video)

STINKY - Revival Fire (Official Music Video)

WTH : Vous avez l’intention de les jouer aussi sur scène ?

Paul / Claire : Ce soir on fait une séance spéciale acoustique, et en concert pourquoi pas, on ne s’interdit rien.

WTH : La période est difficile pour les musiciens, et pour vous qu’en est-il ?

Etes-vous pros ou avez vous un job à coté ?

Paul / Claire : D’abord la première conséquence c’est qu’on ne joue pas ! On a tous un job à coté, même si on était dans une phase un peu charnière, avoir assez de sollicitations pour envisager faire plus de concerts et aller vers une professionnalisation. La période actuelle rend tout plus compliqué, une sale période et la pire pour le monde culturel. Sans solutions, sauf prendre notre mal en patience. Se renouveler en faisant autre chose, comme aujourd’hui et cette séance acoustique. Mais on n’imagine pas faire un concert électrique avec des gens assis !

WTH : Vous avez participé à Arte concerts et justement joué sans public.

Paul / Claire : Certes mais pas tous les jours ! C’est une expérience plateau télé qui est intéressante, mais autre chose que la scène.

WTH : Pour conclure, avez-vous quelque chose à exprimer, à proclamer, même une pancarte, je prends !

Paul / Claire : Déjà merci, on souhaite plein de courage à tous ceux qui galèrent en ce moment, notamment dans le milieu culturel. Derrière nous il y a des techniciens, des gens qui vivent grâce aux spectacles et qui ne peuvent même plus bouffer.

On espère des annonces du gouvernement, malgré le vide ressenti.

WTH : Merci à vous aussi, et dès que l’on pourra, ce que j’ai entendu me fera venir prendre des photos…

Stinky of lost things 1

Stinky

Ajouter un commentaire